" La crise du pétrole est une crise que nous allons surmonter ensemble ou pas du tout "   Devant le risque de crise majeure que peut provoquer la montée rapide du pétrole, nous avons posé quelques questions à Andréas Eschbach, auteur de l'excellent livre En panne sèche.   - Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser à la question du pic de pétrole et de ses conséquences dans le futur ? - Enfant, j'entendais " le pétrole va finir avant l'an 2000 ". Or le pérol est toujours là. Peut-être nous faisons-nous trop de souci ? Un jour, j'ai lu un livre qui expliquait que le vrai problème du pétrole, ce n'est pas sa fin mais son pic. En lisant cela, je me suis dit qu'il y avait là une idée de roman.    - L'Agence internationale de l'énergie a estimé que le pic de production du pétrole conventionnel avait été franchi en 2006. Cela peut provoquer une crise majeure. Vous développez deux scénarios bien différents de chaque côté de l'Atlantique. Pensez-vous que nous puissions éviter de passer par ces crises ? - J'en doute. En fait, je pense que ces scénarios sont déjà en train de se réaliser, mais pas aussi vite que dans mon livre. J'espère que la crise ne va pas se développer trop rapidement et que nous allons réussir à nous adapter. Mais éviter les crises, non. A moins que vous n'ayez un vaisseau spatial intergalactique dans votre garage, ce sera impossible.   - Pensez-vous que nos dirigeants puissent aller vers des solutions qui protègent notre environnement... plutôt que vers des solutions technologiques catastrophiques (notamment pour le climat) ? -  On verra. Concernant le climat, le pic de pétrole est une chose positive. Si on n'a pas de pétrole, on ne peut pas le brûler, évidemment. Je me fais plutôt du souci à propos de l'éventualité de proclamer l'énergie nucléaire comme la grande solution pour l'avenir.   - Que pensez-vous des initiatives de transition qui se développent depuis 2006 en Grande-Bretagne et depuis 2009 en France ? - Ce n'est que la moitié de la solution. Il faut ajuster la vie sur une échelle locale, plus simple, mais il faut aussi trouver de nouveaux chemins sur une échelle globale. Il faut aussi des solutions technologiques, des réorganisations de notre civilisation technique à une grande échelle, à l'échelle mondiale en fait. Nous ne pourrons pas retourner à la vie comme elle était au 19e siècle : pas avec sept milliards d'humains sur la planète.   - Pensez-vous que de telles initatives puissent être un contrepoids face à la fuite en avant que souhaitent les grandes firmes ? - Il faut que les grandes firmes se réorientent aussi. Et ce n'est pas impossible. Une entreprise, ce sont des personnes à la base. Et chaque entreprise dépend de ses clients qui sont aussi des personnes. Si on y réfléchit, on arrive forcément à la conclusion qu'il faut démarrer le siècle des Lumières, version 2.0.    - Dans ces groupes de transition, la circulation de l'information se fait essentiellement par internet. Or, dans votre livre, vous supposez que très rapidement internet tombe en panne. Pourquoi ? - On ne se rend pas compte, généralement, non seulement de l'énergie qu'internet consomme mais aussi de tout ce qu'il faut pour l'entretenir. Les spécialistes que j'ai consultés ont trouvé mon scénario crédible. Internet pourrait bien ne plus être qu'un souvenir pour les plus âgés vers 2050.   - Der Spiegel a publié le 11 septembre 2010 un rapport de l'armée allemande qui annonce que le manque de pétrole peut entraîner des crises mondiales majeures. On est très proche du roman ! Avez-vous lu ce rapport et qu'en pensez-vous ? -  Tout ce qu'il dit me paraît absolument raisonnable   - Engagez-vous dans votre propre vie des actions pour vous préparer à une crise post-pétrole ? - Le problème est que l'on ne peut pratiquement rien faire au niveau individuel. La crise du pétrole est une crise que nous allons surmonter ensemble ou pas du tout.   Propos recueillis par Michel Bernard S!lence n°391 juin 2011  

Eschbach - En Panne Sèche - S!lence
" La crise du pétrole est une crise que nous allons surmonter ensemble ou pas du tout "
 
Devant le risque de crise majeure que peut provoquer la montée rapide du pétrole, nous avons posé quelques questions à Andréas Eschbach, auteur de l'excellent livre En panne sèche.
 
- Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser à la question du pic de pétrole et de ses conséquences dans le futur ?
- Enfant, j'entendais " le pétrole va finir avant l'an 2000 ". Or le pérol est toujours là. Peut-être nous faisons-nous trop de souci ? Un jour, j'ai lu un livre qui expliquait que le vrai problème du pétrole, ce n'est pas sa fin mais son pic. En lisant cela, je me suis dit qu'il y avait là une idée de roman. 
 
- L'Agence internationale de l'énergie a estimé que le pic de production du pétrole conventionnel avait été franchi en 2006. Cela peut provoquer une crise majeure. Vous développez deux scénarios bien différents de chaque côté de l'Atlantique. Pensez-vous que nous puissions éviter de passer par ces crises ?
- J'en doute. En fait, je pense que ces scénarios sont déjà en train de se réaliser, mais pas aussi vite que dans mon livre. J'espère que la crise ne va pas se développer trop rapidement et que nous allons réussir à nous adapter. Mais éviter les crises, non. A moins que vous n'ayez un vaisseau spatial intergalactique dans votre garage, ce sera impossible.
 
- Pensez-vous que nos dirigeants puissent aller vers des solutions qui protègent notre environnement... plutôt que vers des solutions technologiques catastrophiques (notamment pour le climat) ?
-  On verra. Concernant le climat, le pic de pétrole est une chose positive. Si on n'a pas de pétrole, on ne peut pas le brûler, évidemment. Je me fais plutôt du souci à propos de l'éventualité de proclamer l'énergie nucléaire comme la grande solution pour l'avenir.
 
- Que pensez-vous des initiatives de transition qui se développent depuis 2006 en Grande-Bretagne et depuis 2009 en France ?
- Ce n'est que la moitié de la solution. Il faut ajuster la vie sur une échelle locale, plus simple, mais il faut aussi trouver de nouveaux chemins sur une échelle globale. Il faut aussi des solutions technologiques, des réorganisations de notre civilisation technique à une grande échelle, à l'échelle mondiale en fait. Nous ne pourrons pas retourner à la vie comme elle était au 19e siècle : pas avec sept milliards d'humains sur la planète.
 
- Pensez-vous que de telles initatives puissent être un contrepoids face à la fuite en avant que souhaitent les grandes firmes ?
- Il faut que les grandes firmes se réorientent aussi. Et ce n'est pas impossible. Une entreprise, ce sont des personnes à la base. Et chaque entreprise dépend de ses clients qui sont aussi des personnes. Si on y réfléchit, on arrive forcément à la conclusion qu'il faut démarrer le siècle des Lumières, version 2.0. 
 
- Dans ces groupes de transition, la circulation de l'information se fait essentiellement par internet. Or, dans votre livre, vous supposez que très rapidement internet tombe en panne. Pourquoi ?
- On ne se rend pas compte, généralement, non seulement de l'énergie qu'internet consomme mais aussi de tout ce qu'il faut pour l'entretenir. Les spécialistes que j'ai consultés ont trouvé mon scénario crédible. Internet pourrait bien ne plus être qu'un souvenir pour les plus âgés vers 2050.
 
- Der Spiegel a publié le 11 septembre 2010 un rapport de l'armée allemande qui annonce que le manque de pétrole peut entraîner des crises mondiales majeures. On est très proche du roman ! Avez-vous lu ce rapport et qu'en pensez-vous ?
-  Tout ce qu'il dit me paraît absolument raisonnable
 
- Engagez-vous dans votre propre vie des actions pour vous préparer à une crise post-pétrole ?
- Le problème est que l'on ne peut pratiquement rien faire au niveau individuel. La crise du pétrole est une crise que nous allons surmonter ensemble ou pas du tout.
 
Propos recueillis par Michel Bernard
S!lence n°391 juin 2011
 
Publié le 29 juillet 2011

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