Deuxième tome validé. La trilogie reste de qualité, et propose en outre des lectures potentiellement indépendantes. Je recommande plus que jamais !

Numérique - Kiryelles
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Numérique est le deuxième tome de la trilogie Les métamorphoses écrites par Marina et Sergueï Diatchenko – à noter qu’au contraire du premier tome, dont vous pouvez retrouver la chronique ici, celui-ci ne se nomme pas Brevis est, selon la logique de baser les trois tomes de la trilogie sur la maxime latine vita nostra / brevis est / brevi finietur, soit « notre vie est brève, elle s’achèvera bientôt ». Il est paru aux éditions L’Atalante en 2021.

L’histoire est indépendante du premier tome. Le seul matériau commun est l’inspiration ovidienne de la métamorphose.

Ici, l’intrigue se déroule toujours en Russie, de nos jours. Arsène, 14 ans, est un petit génie de l’informatique. Désertant le lycée, il dédie tout son temps libre à un gigantesque jeu de rôle en ligne multi-joueurs·euses. Il y interprète le rôle de Ministre, un politicien très haut placé, pris dans bien des intrigues politiques.

Mais voilà, derrière certain.es personnages se cachent des personnes bien réelles et parfois très puissantes. Arsène est traqué. Et sauvé in extremis par Maxime, un étrange personnage, entre mentor terrifiant et entrepreneur mystérieux. Arsène est engagé, aux côtés d’autres personnes, pour tester des jeux vidéo extrêmement novateurs. Et, accessoirement, pour apprendre à maîtriser la magie… avec une souris d’ordinateur.

Une fois de plus, le surnaturel est traité de manière nouvelle, par le prisme cette fois-ci du numérique. Le roman, implicitement, questionne l’importance grandissante de celui-ci dans notre monde, et interroge de manière générale ce qu’on appellerait aujourd’hui le métavers – pour rappel, ce roman est initialement sorti en 2009 dans sa langue originale. Il n’a pas pris une ride, et cela montre bien à quel point les auteurs·rices ont su faire preuve d’avant-garde.

Je l’ai préféré de peu au premier. J’ai trouvé Arsène extrêmement intéressant. Il sait que dans le monde des affaires, son âge joue contre lui. Respecté et craint en tant que personnage virtuel, sa véritable identité le désavantage. Sa plus grande peur est de se faire avoir. Il fait en cela preuve d’une grande intelligence et d’un très bon esprit de stratégie ; d’une grande maturité, devrais-je dire.

Il reste un adolescent en proie à des questionnements identitaires : une vision plus à court terme qu’à long terme mais des ambitions, une maladresse certaine envers les filles mais des sentiments amoureux pour autant, un certain leadership tout en ayant conscience d’avoir des faiblesses, une grande lucidité quant à la cruauté du monde et de la société mais l’espoir d’apporter du mieux… La fin, comme pour le premier, est une grosse claque.

Bref, deuxième tome validé. La trilogie reste de qualité, et propose en outre des lectures potentiellement indépendantes. Je recommande plus que jamais !

Kiryelles

Publié le 23 septembre 2022

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