L’année dernière, j’ai découvert Marina et Sergueï Diatchenko, deux auteurs ukrainiens avec Vita Nostra, le premier tome d’un triptyque intitulé Les Métamorphoses. Ils s’inspirent de l’oeuvre éponyme d’Ovide. Après un premier roman orienté vers la magie, Numérique se tourne vers les jeux en ligne.
C’est un univers qui m’a tout de même moins plu que Vita Nostra. Je suis un peu plus charmée par des mondes proches de la magie que les jeux vidéos. Néanmoins, je conviens que les auteurs offrent un univers incroyable. Il est très bien développé et même pour une néophyte dans ce domaine, comme moi. Je n’ai pas eu de difficultés à me plonger dans ce roman et à suivre les aventures d’Arsène. Certes, le monde dans lequel il évolue est étoffé et technique, mais les explications données sont simples et je ne me suis pas sentie perdue.
Par ailleurs, j’ai trouvé absolument brillante la manière dont s’opère progressivement le glissement vers l’étrange. La quatrième de couverture évoque les films Matrix et il y a de cela, en effet, dans ce roman. Les frontières entre le monde numérique et la réalité se brouillent et, comme Arsène, le lecteur ne s’est plus si ce qu’il vit relève du jeu ou de la réalité. L’atmosphère devient petit à petit plus anxiogène. Comme le personnage principal, on se sent pris au piège entre deux mondes, et il n’y a aucun choix possible entre l’un ou l’autre.
Le basculement est inattendu. Pendant quelques chapitres, j’ai attendu le moment où la vie d’Arsène allait être définitivement bouleversée. Il arrive de manière subtile. Une seule petite phrase au moment parfait nous fait comprendre que la métamorphose a commencé. J’ai dû la lire plusieurs fois pour être certaine d’avoir bien compris.
Le style d’écriture des Diatchenko est vraiment époustouflant. C’est un véritable régal de les lire. Ils débordent d’imagination et la plume est également au rendez-vous, même avec deux univers différents. Ils nous propulsent à chaque fois entre rêve et réalité. La métamorphose du personnage principal est toujours au coeur de l’intrigue. Dans Numérique, celle-ci est celle de l’homme en machine ou ordinateur, dans une réécriture moderne des Métamorphoses d’Ovide. Le style est dynamique avec un emploi parfait des mots pour rendre compte des idées de l’auteur.
J’ai eu un peu plus de mal à accrocher avec le personnage d’Arsène que la jeune femme du premier tome. Arsène est un adolescent de quatorze ans, passionné par les jeux vidéos. Il est quelque peu éloigné de mes préoccupations. Cependant, il reste un personnage intéressant à suivre.
Numérique est un deuxième tome dans la lignée du premier, mais ce n’est pas le coup de coeur, comme pour Vita Nostra. Toutefois, c’est une excellente lecture.