Voici le premier tome d'une série qui plaira énormément à ceux pour qui poursuites, combats spatiaux et astronefs suffisent à rendre bonne une histoire. Ceux qui aiment les combats qui s'étendent sur des pages et des pages, avec une description presque en « temps réel » apprécieront, et je dois avouer avoir trouvé intéressante la manière dont les concepts relativistes sont intégrés à l'histoire (notamment dans les délais de communication entre les vaisseaux, ce qui cause avantages et désagréments au moment de combattre à travers tout un système). L'écriture de Campbell, dénuée de tout superflu, convient bien à la description d'une bataille. Si vous êtes un lecteur plus exigeant, vous pourriez toutefois, je crois, rester sur votre faim. Pour moi en effet, la présence d'un héros, de bons et de méchants qui se bagarrent et se poursuivent pour la possession d'un objet mystérieux ne suffit pas à m'intéresser totalement à une histoire : je veux savoir qui sont les gens, pourquoi il y a une guerre, quels sont les idéaux des antagonistes, etc. Certains sont du genre « on se fiche du pourquoi et du comment, tant qu'il y a de l'action ». Ça ne me satisfait pas. La cause de la guerre entre l'Alliance et les mondes syndiqués n'est pas clarifiée de tout le roman – cette question semble être élucidée dans les autres tomes de la série, mais ici elle est éludée au profit des combats spatiaux et des fuites dans l'hyperespace. Les scènes d'action - bien décrites comme je l'ai dit - m'ont semblé trop longues : toutes les minutes des combats et des tractations entre Geary, les capitaines de sa flotte et l'ennemi sont rapportées dans le moindre détail, avec pour conséquence que la fuite de la flotte de l'Alliance, qui constitue le départ du roman, s'étend sur le quart de celui-ci. Au lieu de susciter une montée d'adrénaline, cela m'a lassé et j'ai succombé à la tentation de la lecture en diagonale. Il me semble qu'on aurait pu resserrer cette longue séquence pour aller à l'essentiel, mais ceux qui aiment les descriptions pointues de manœuvres militaires y trouveront leur compte.Enfin, même si la narration est alignée sur le personnage de Geary, on ne montre pas assez à mon goût son désarroi face à sa longue absence. Quelques flash-back auraient permis de mieux saisir ses idéaux, son passé, ce qu'il a perdu, nous faisant ainsi partager son drame de manière plus efficace. Mais ces aspects sont plutôt délaissés au profit de l'action. Les mordus de combats spatiaux seront contents. Philippe-Aubert CÔTÉ, Solaris, hiver 2009

Campbell - La flotte perdue - Solaris
Voici le premier tome d'une série qui plaira énormément à ceux pour qui poursuites, combats spatiaux et astronefs suffisent à rendre bonne une histoire. Ceux qui aiment les combats qui s'étendent sur des pages et des pages, avec une description presque en « temps réel » apprécieront, et je dois avouer avoir trouvé intéressante la manière dont les concepts relativistes sont intégrés à l'histoire (notamment dans les délais de communication entre les vaisseaux, ce qui cause avantages et désagréments au moment de combattre à travers tout un système). L'écriture de Campbell, dénuée de tout superflu, convient bien à la description d'une bataille. Si vous êtes un lecteur plus exigeant, vous pourriez toutefois, je crois, rester sur votre faim. Pour moi en effet, la présence d'un héros, de bons et de méchants qui se bagarrent et se poursuivent pour la possession d'un objet mystérieux ne suffit pas à m'intéresser totalement à une histoire : je veux savoir qui sont les gens, pourquoi il y a une guerre, quels sont les idéaux des antagonistes, etc. Certains sont du genre « on se fiche du pourquoi et du comment, tant qu'il y a de l'action ». Ça ne me satisfait pas. La cause de la guerre entre l'Alliance et les mondes syndiqués n'est pas clarifiée de tout le roman – cette question semble être élucidée dans les autres tomes de la série, mais ici elle est éludée au profit des combats spatiaux et des fuites dans l'hyperespace. Les scènes d'action - bien décrites comme je l'ai dit - m'ont semblé trop longues : toutes les minutes des combats et des tractations entre Geary, les capitaines de sa flotte et l'ennemi sont rapportées dans le moindre détail, avec pour conséquence que la fuite de la flotte de l'Alliance, qui constitue le départ du roman, s'étend sur le quart de celui-ci. Au lieu de susciter une montée d'adrénaline, cela m'a lassé et j'ai succombé à la tentation de la lecture en diagonale. Il me semble qu'on aurait pu resserrer cette longue séquence pour aller à l'essentiel, mais ceux qui aiment les descriptions pointues de manœuvres militaires y trouveront leur compte.Enfin, même si la narration est alignée sur le personnage de Geary, on ne montre pas assez à mon goût son désarroi face à sa longue absence. Quelques flash-back auraient permis de mieux saisir ses idéaux, son passé, ce qu'il a perdu, nous faisant ainsi partager son drame de manière plus efficace. Mais ces aspects sont plutôt délaissés au profit de l'action. Les mordus de combats spatiaux seront contents.

Philippe-Aubert CÔTÉ, Solaris, hiver 2009

Publié le 9 juin 2009

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