J'avais adoré La Longue Terre lors de ma lecture, une œuvre fleuve, sensible et drôle. Assez unique en son genre! Quand j'avais appris qu'il s'agirait d'une trilogie, ma première réaction ne fut pas tendre, il faut dire qu'aujourd'hui la mode est aux sagas, à la multiplication des volumes dans un ensemble qui souvent ressemble à un délayage informe, sans saveur et finalement uniquement commercial. Mais bon... quand on connaît sieur Pratchett, on ne peut décemment l'accuser de telles fourberies, c'est donc plutôt confiant que j'entamais le présent volume. Quel bonheur encore une fois! Il s'en est passé du temps depuis le premier roman. Les héros d'hier ne sont plus les mêmes, Josué vit désormais en père de famille comblé, l'agent Jansson est en retraite et atteinte d'une maladie, Sally Linsay reste elle totalement imprévisible quant à Lobsang je vous laisse le découvrir par vous-même! L'exploration des multivers continue, on cherche désormais à dépasser les 2.000.000 de planètes parallèles à la notre et la colonisation progresse avec son lot d'incertitudes et de défis. La tension monte entre les colonies florissantes et la Primeterre qui voit d'un bien mauvais œil la diaspora humaine se développer dans ces mondes parallèles sans pouvoir la contrôler. On s'oriente donc vers un conflit. C'est à travers le prisme de multiples personnages, très différents les uns des autres que les auteurs nous proposent un voyage à nul autre pareil entre exploration, realpolitik et échanges entre populations et espèces. On retrouve toutes les qualités du premier volume dans celui-ci. Tout d'abord un monde foisonnant, neuf dans sa représentation qui tranche pas mal dans l'univers SF traditionnel. Certes le thème des mondes parallèle a été et reste traité régulièrement mais il y a ici une ambiance bien particulière partagée entre le côté scientifique de cette expérience littéraire (des explications forts pointues mais bien menées ponctuent certains chapitres) et une écriture décontractée, marque de fabrique de Terry Pratchett qui ici n'abuse point de l'humour mais le dispatche avec finesse et efficacité. Ce n'est pas la grande gaudriole comme pouvaient se révéler l'être les aventures se passant dans le Disque-monde. L'écriture souple, accessible et parfois enchanteresse accompagne à merveille le lecteur pris immédiatement en otage par deux auteurs au sommet de leur forme. On voyage énormément entre petites colonies de quelques âmes, grandes cités de la Primeterre et tout un ensemble de mondes plus étranges les uns que les autres malgré leur ressemblance avec notre bonne vieille terre pour paraphraser le capitaine Haddock. Des passages entiers sont consacrés aux nouvelles organisations nées de ces installations dites "sauvages" par le gouvernement central. Cela donne de belles pages évoquant l'aventure avec un grand A, celle notamment des premiers explorateurs du XVIème siècle avec des problèmes à régler propres à une primo-installation (l'accès à l'eau, l'électricité, les lois, la justice...). C'est aussi la rencontre avec l'Autre. On retrouve avec grand plaisir les trolls, grands humanoïdes proches de nous, pacifiques et avides de connaissances qui malheureusement doivent se heurter à la nature égoïste et agressive de l'être humain. Plus étonnant, drôles et inquiétantes en même temps, une race d'hommes-chiens que l'on rencontre vers la fin de ce volume et qui va s'avérer être au centre de la trame principale. Les descriptions des créatures, des paysages, la gestion des différents personnages de chapitre en chapitre sont d'une rare qualité et clarté, ce qui ne peut que faire avancer la cause de la SF! Ici c'est le plaisir immédiat et l'impression de rentrer dans un univers différent qui prédominent, les deux auteurs ont bien eu raison de prolonger l'aventure car il y a de quoi faire. Surtout qu'au détour des méandres de l'histoire, on se surprend à s'interroger sur soi-même et l'évolution du monde actuel. Pas de catastrophisme pour autant (ce n'est pas le genre de Pratchett) mais quelques piqûres de rappel bien placées pour ne pas ressortir de cette lecture sans bagage réflectif. Intelligent et drôle, je vous l'avais dit! Il est fortement conseillé d'avoir lu le premier volume pour s'attaquer à celui-là mais croyez moi ça vaut le détour! Il y a une vraie fin à La Longue Guerre même si on imagine aisément vers où les auteurs veulent nous mener pour le troisième et ultime volume. Gageons qu'il soit aussi réussi que ses deux prédécesseurs!   Cafards at home

Pratchett/Baxter - La longue guerre - Cafardsathome.com
J'avais adoré La Longue Terre lors de ma lecture, une œuvre fleuve, sensible et drôle. Assez unique en son genre! Quand j'avais appris qu'il s'agirait d'une trilogie, ma première réaction ne fut pas tendre, il faut dire qu'aujourd'hui la mode est aux sagas, à la multiplication des volumes dans un ensemble qui souvent ressemble à un délayage informe, sans saveur et finalement uniquement commercial. Mais bon... quand on connaît sieur Pratchett, on ne peut décemment l'accuser de telles fourberies, c'est donc plutôt confiant que j'entamais le présent volume. Quel bonheur encore une fois!

Il s'en est passé du temps depuis le premier roman. Les héros d'hier ne sont plus les mêmes, Josué vit désormais en père de famille comblé, l'agent Jansson est en retraite et atteinte d'une maladie, Sally Linsay reste elle totalement imprévisible quant à Lobsang je vous laisse le découvrir par vous-même! L'exploration des multivers continue, on cherche désormais à dépasser les 2.000.000 de planètes parallèles à la notre et la colonisation progresse avec son lot d'incertitudes et de défis. La tension monte entre les colonies florissantes et la Primeterre qui voit d'un bien mauvais œil la diaspora humaine se développer dans ces mondes parallèles sans pouvoir la contrôler. On s'oriente donc vers un conflit. C'est à travers le prisme de multiples personnages, très différents les uns des autres que les auteurs nous proposent un voyage à nul autre pareil entre exploration, realpolitik et échanges entre populations et espèces.

On retrouve toutes les qualités du premier volume dans celui-ci. Tout d'abord un monde foisonnant, neuf dans sa représentation qui tranche pas mal dans l'univers SF traditionnel. Certes le thème des mondes parallèle a été et reste traité régulièrement mais il y a ici une ambiance bien particulière partagée entre le côté scientifique de cette expérience littéraire (des explications forts pointues mais bien menées ponctuent certains chapitres) et une écriture décontractée, marque de fabrique de Terry Pratchett qui ici n'abuse point de l'humour mais le dispatche avec finesse et efficacité. Ce n'est pas la grande gaudriole comme pouvaient se révéler l'être les aventures se passant dans le Disque-monde. L'écriture souple, accessible et parfois enchanteresse accompagne à merveille le lecteur pris immédiatement en otage par deux auteurs au sommet de leur forme.

On voyage énormément entre petites colonies de quelques âmes, grandes cités de la Primeterre et tout un ensemble de mondes plus étranges les uns que les autres malgré leur ressemblance avec notre bonne vieille terre pour paraphraser le capitaine Haddock. Des passages entiers sont consacrés aux nouvelles organisations nées de ces installations dites "sauvages" par le gouvernement central. Cela donne de belles pages évoquant l'aventure avec un grand A, celle notamment des premiers explorateurs du XVIème siècle avec des problèmes à régler propres à une primo-installation (l'accès à l'eau, l'électricité, les lois, la justice...). C'est aussi la rencontre avec l'Autre. On retrouve avec grand plaisir les trolls, grands humanoïdes proches de nous, pacifiques et avides de connaissances qui malheureusement doivent se heurter à la nature égoïste et agressive de l'être humain. Plus étonnant, drôles et inquiétantes en même temps, une race d'hommes-chiens que l'on rencontre vers la fin de ce volume et qui va s'avérer être au centre de la trame principale. Les descriptions des créatures, des paysages, la gestion des différents personnages de chapitre en chapitre sont d'une rare qualité et clarté, ce qui ne peut que faire avancer la cause de la SF!

Ici c'est le plaisir immédiat et l'impression de rentrer dans un univers différent qui prédominent, les deux auteurs ont bien eu raison de prolonger l'aventure car il y a de quoi faire. Surtout qu'au détour des méandres de l'histoire, on se surprend à s'interroger sur soi-même et l'évolution du monde actuel. Pas de catastrophisme pour autant (ce n'est pas le genre de Pratchett) mais quelques piqûres de rappel bien placées pour ne pas ressortir de cette lecture sans bagage réflectif. Intelligent et drôle, je vous l'avais dit!

Il est fortement conseillé d'avoir lu le premier volume pour s'attaquer à celui-là mais croyez moi ça vaut le détour! Il y a une vraie fin à La Longue Guerre même si on imagine aisément vers où les auteurs veulent nous mener pour le troisième et ultime volume. Gageons qu'il soit aussi réussi que ses deux prédécesseurs!

 

Cafards at home

Publié le 25 novembre 2014

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