Un vaisseau école traverse la galaxie,
recrutant élève et professeur au grès des planètes, tandis que les
anciens essaiment dans les différentes planètes, y apportant une
nouvelle façon de voir le monde, même si elle n'est pas toujours
appréciée. Pendant ce temps, la technoprophète inonde les mêmes
planètes de ses programmes creux et vide tout en recherchant le
Melkine, ce fameux vaisseau école, qui semble le seul obstacle à ses
projets.
Voilà donc un space-opéra à la fois ambitieux et
simple, une histoire qui utilise l'immensité de la galaxie pour
finalement n'y parler que de notre monde, alors certes, ce n'est pas le
premier à le faire, mais il y arrive avec un certain brio et aborde
une thématique aussi vaste que contemporaine : celle de la culture, de
comment elle nous conditionne et de comment l'utiliser pour obtenir ce
que l'on veut.
L'histoire débute sur une planète où les gens sont
connectés en permanence à un réseau, incapable d'en sortir et obliger
de se montre en permanence, sachant exactement ce que les personnes
qu'ils croisent pensent d'eux. Sur cette planète, il est tout à fait
normal de passer par la chirurgie esthétique pour les pire
extravagances corporelles. Une planète renvoyant au réseau sociaux et au
plus célèbre d'entre eux en particulier.
Une planète effrayante
donc, mais qui montre bien comment on est conditionné par notre
environnement et par notre culture. La suite nous présentera donc le
Melkine, un vaisseau prenant des élèves de différentes planètes et
cherchant à abolir leur conditionnement, à leur donner une autre vision
du monde, à le comprendre par eux-mêmes. Un combat qui peut sembler
perdu d'avance puisque certains professeurs eux-mêmes semble coincé dans
leur culture.
Puis, en face du Melkine, il y a la Technoprophète,
une femme seule et inhumaine, qui inonde les planètes de ses
programmes vides, mais cherchant également à détruire les
conditionnements des planètes réceptrices, mais à plus grande échelle
et avec un projet plus obscur, en tout cas malveillant. A partir de ce
moment, le Melkine devient en quelque sorte l'histoire de la guerre que
peuvent se livrer les médias de masses et la contre-culture.
Seulement
le roman ne se limite pas à ce postulat de départ et n'oublie pas de
mettre en scène la vie de son vaisseau ainsi que de celle de ses
personnages, que ce soit celle d'Arthur, un prof rebelle, Indira,
enseignante récemment intégré sur le vaisseau, Ismael, un élève qui a
grandi sur une station spatiale et en dehors de tout conditionnement ou
encore de Théo, élève au physique ingrat qui a du mal à s'accepter.
Des
personnages qui posent parfois seul leur barrière, celle qu'il est
finalement le plus difficile de faire sauter, plus encore que celles
posées par la culture, mais ces personnages sont aussi ce qui permet à
Olivier Paquet un vrai roman plutôt qu'une simple démonstration ou un
essai. Des émotions qu'il installe d'ailleurs peu à peu et qui après un
départ un peu froid nous offre un final en apothéose et annonçant une
suite qui pourrait être fascinante.
Après les Loups de Pragues,
Olivier Paquet met à nouveau en scène un groupe de marginaux en guerre
contre un système tentaculaire, sauf qu'ici, il est plus décrit comme
une lueur d'espoir dans un monde incapable d'évoluer, à moins qu'on ne
lui dise comment faire, mais selon qui s'en charge, le résultat ne sera
pas le même et pourrait être effrayant. Un début de trilogie qui
démarre donc très fort et dont la suite
Note : 9/10
Stegg