Même si les indicateurs pointent incontestablement vers l’uchronie, Alexandre le Grand et les aigles de Rome
s’apparente davantage à un roman historique. Le récit en a en tout cas
la tournure, mêlant à la fois la vraisemblance de la reconstitution
historique et les ressorts du roman. L’écrivain hispanique laisse
courir sa plume et, armé de sa grande culture historique, convoque avec
un certain panache les civilisations gréco-macédonienne et romaine pour
accoucher d’un roman tout bonnement passionnant.
En effet, à aucun moment, la narration ne se fait didactique,
alourdissant le récit de détails trop académiques. On apprend beaucoup
de choses sur l’esprit du temps, sur les pratiques cultuelles, les
superstitions, la philosophie, la science, l’art de la guerre, la
stratégie, tous ces éléments qui définissent une civilisation.
Heureusement, Javier Negrete parvient à maintenir l’équilibre entre le récit historique et le destin individuel des divers protagonistes qu’ils soient imaginaires ou réels, prestigieux ou sans éclat. Et si l’écrivain espagnol prend son temps pour nous emmener vers l’affrontement final entre Grecs et Romains, ce n’est pas pour autant du temps perdu.
Les personnages confèrent à l’Histoire une réelle épaisseur en lui apportant une dimension humaine trop souvent éludée par la geste héroïque consignée dans les chroniques.
Une convaincante tentative de réenchanter l’Histoire par le biais de l’uchronie