Un nouveau roman de fantasy avec un truand en guise de héros et un empire décadent en guise de décor, ça vous semble cliché ? Et encore une fois, il vaut mieux se méfier des apparences, car on ne sait jamais ce qui peut se cacher sous un quatrième de couverture et une couverture a priori classique. Princes de la pègre est en effet une bonne surprise et probablement l'un des romans de fantasy de l'année. A Illdrecca, Drothe est un nez travaillant par Nico, l'un des parrains les plus importants de la ville. Son travail consiste à fouiller pour trouver qui essaye d'arnaquer son patron ou de comploter contre ce dernier. Accessoirement, il se livre aussi à ses propres magouilles et principalement au trafic de relique, ces objets ayant appartenu à l'empereur et étant convoité par la bourgeoisie. Et il vient de s'en faire substituer une. Seulement son chef a besoin de lui pour aller enquêter dans l'un des quartiers les plus dangereux de la ville puisque l'autorité de Nico est mise en doute et que les gangs qui y vivent semble se rebeller. En allant interroger et tuer un revendeur, Drothe va découvrir que ce dernier a déjà été assassiné et qu'il possédait la relique qu'il recherchait. En partant à la recherche de cet ouvrage, il va mettre toute son existence en péril. Princes de la pègre est un donc un thriller de fantasy, un énième roman à prendre la forme d'un polar et un décor issu de l'imaginaire, un roman comme on en lit pas mal depuis quelques années. Ce mélange des genres n'est donc plus très original et devient même de plus en plus convenu. Mais comme pour toute histoire classique, la plume et le style de l'auteur peuvent faire toute la différence et ainsi nous offrir un roman efficace. D'abord, il y a l'univers avec son empereur qui a trouvé le moyen de régner éternellement ou presque... Il a en effet découpé son esprit en trois personnalités qui occupent le trône au fur et à mesure de leurs réincarnations. La seule menace pour l'empire était venue d'un criminel qui avait réussi à unifier tous les criminels, faisant des truands un vrai contre-pouvoir jusqu'à ce qu'il soit trouvé et assassiner avec les siens. Le héros est également une figure sympathique, même si on voit dès le premier chapitre qu'il est prêt à employer des méthodes peu recommandables pour arriver à ses fins, mais il semble également prêt à prendre beaucoup de risque pour ceux qui sont sous sa protection. Drothe est donc un truand qui n'a pas vraiment choisi sa profession, même s'il essaye de faire de son mieux pour y survivre, sans aspirer à grand chose. Il faut dire qu'il n'en pas le temps puisqu'il va devoir échapper à des tueurs, à des parrains particulièrement violents, aux soldats de la garde et à des ennemis encore plus dangereux ainsi qu'à des trahisons et quelques tentatives d'assassinats à domicile. Et pour se sortir de ces ennuis, il va lui-même devoir retourner sa veste et se mettre en danger afin de sauver la pègre qui tient pourtant à le tuer. Un thriller assez classique donc où tous le monde est à la poursuite d'un objet qui met en péril un équilibre assez peu stable, mais l'auteur possède un gros atout dans sa manche, un vrai sens du rythme et du rebondissement. Du coup, les pages se tournent d'elles-mêmes et ne nous laisse pas décrocher des péripéties qu'elles racontent, surtout qu'elles contiennent un petit peu d'humour et donc la dose de légèreté nécessaire pour divertir. Malgré un certain classicisme, Princes de la pègre est un roman qui regorge de bonnes idées et de rebondissements en pagaille. L'Atalante nous propose donc là de la fantasy divertissante et de qualité, un roman qui se révèle donc bien plus original et intéressant que l'on pourrait le croire à sa couverture. Une seconde visite dans les bas-fonds d'Ildrecca est donc attendue et l'on met Douglas Hulick dans la catégorie des auteurs à suivre. Note : 9/10 Stegg Psychovision