"Comme les autres, il réunit humour et réflexion dans un univers déjanté et créatif."

L'imaginaerum de symphonie
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Les contrôleurs sont des créatures qui manquent sincèrement d’imagination et d’individualité. L’imagination, les croyances… c’est le chaos. Et quel personnage incarne-t-il mieux ce concept que le Père Noel Porcher ? Ils en sont sûrs en tout cas, faire disparaître le Père Porcher ramènera de l’ordre dans le monde.

Mais comment tuer une personnification anthropomorphique ? Eh ben c’est pas leur problème, mais celui de la Guilde des Assassins, à qui ils ont filé le contrat. Mais ça ne fait pas peur à l’étrange et instable Lereuduthé, qui ne voit pas les choses tout à fait comme tout le monde… (Au passage, je salue la qualité de la traduction de Patrick Couton : en VO, ce personnage s’appelle TeaTime, Lereuduthé est donc non seulement une traduction fidèle… mais aussi un jeu de mots particulièrement approprié au personnage qui ajoute un gag récurent au roman. Vous ne voyez pas ? Essayez de prononcer son nom lentement  ).

Le Père Porcher, donc, disparaît. Kidnappé ? Tué ? Aucune idée, toujours est-il que les choses ne peuvent pas rester comme ça : il faut que les gens croient en son existence. Et puis comme le monde aime l’équilibre, il compense en matérialisant des créatures en lesquelles tout le monde croit, comme l’oh bon dieu de la gueule de bon ou le monstre bouffeur de chaussettes (vous savez pas où vont les chaussettes qui se perdent ? Ben maintenant vous saurez).

La Mort a donc l’excellente idée de se faire passer pour le Père Porcher et de distribuer les cadeaux à sa place, aidé d’un Albert qui se demande bien dans quoi il s’est fourré…

Sauf que… La Mort est finalement assez ingénu (bon, a priori il le sait, et il joue même un peu dessus, le bougre). Il ne connaît pas grand chose de la vie, ce qu’il compense par une passion très enthousiaste pour les humains. L’occasion de discuter, entre deux tranches de rire (la scène du magasin de jouets est excellente), de la nature humaine. Avec des réflexions un peu pessimistes quand même sur la fin, surtout vu le contexte actuel. En tout cas, ça ne m’a jamais autant frappé que lors de mon ènième relecture pour cette chronique.

Ce roman n’est pas le meilleur du Disque-Monde, il part un peu dans tous les sens puisqu’il y a pas moins de quatre arcs en même temps : la Mort qui s’amuse, sa petite-fille qui essaie de résoudre la situation avec l’aide d’un corbeau qui parle et de la Mort aux rats, les mages de l’invisible qui font des conneries, et Lereuduthé et ses « amis » qui en font des plus grosses. Reste que comme les autres, il réunit humour et réflexion dans un univers déjanté et créatif.

Publié le 5 février 2020

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