je comprends absolument pourquoi il reste aussi profondément ancré dans le cœur de tant de ses lecteurices comme un favori : il parle trop bien de qui nous sommes en tant qu’êtres humains, avec trop de sensibilité pour ne pas taper juste, à un moment ou à un autre.

Le Père Porcher - Le Syndrôme Quickson
Article Original

Je ne pense pas prendre trop de risques quand j’affirme que Le Père Porcher est sans doute un des tomes favoris des Annales du Disque-Monde pour pas mal de ses lecteurices. Personnellement, si j’éprouvais à son égard une certaine tendresse, je ne pouvais cependant pas dire qu’il était parmi mes favoris ; à cause sans doute d’un certain niveau d’incompréhension de son propos global au moment de mes premières lectures. Pas que le propos ne soit pas clair en lui-même, mais les implications plus métaphysiques de l’ouvrage m’avaient sans doute échappées, faute d’un goût pour l’analyse que j’ai depuis acquis.
Pour être honnête, j’avais surtout gardé de l’ouvrage les souvenirs que j’avais associés à son adaptation téléfilmique par la BBC, ce qui explique sans doute aussi les surprises plus ou moins régulières que le roman a pu m’offrir au fil de cette relecture. Si j’avais un souvenir très prégnant du personnage de Leureduthé, par exemple, il s’est révélé assez anecdotique par sa présence dans le roman ; de la même façon, j’avais oublié à quel point se roman ne s’appuyait pas tant sur son intrigue que sur un travail que je qualifierais d’atmosphérique, faute d’un meilleur terme. Malgré les qualités d’écriture toujours présentes de Terry Pratchett, j’ai assez vite eu le sentiment d’une ambition différente de d’habitude sans réussir à vraiment la qualifier pendant une bonne partie de ma lecture.
Là où je pensais initialement juste retomber sur un épisode « spécial Noël » prétexte à une joyeuse satire de nos pratiques commercialo-religieuses, de nos petites manies et/ou de nos incohérences culturelles, j’ai assez vite été confronté à un volume que j’ai trouvé beaucoup plus sombre et mordant que d’habitude. Alors certes, après un Pieds d’Argile, on ne peut pas dire que ça jure vraiment, et peut-être que le contexte actuel a fait résonner quelques idées différemment, mais tout de même ; j’ai souvent trouvé Le Père Porcher un peu déprimant. Ce qui ne veut pas dire que le roman était mauvais, loin de là, mais les rires que j’y ai trouvés m’évoquaient plus la politesse du désespoir que la joie des instants d’insouciance.
Et puisque ces chroniques sont aussi et surtout les occasions rêvées de faire le tri dans ma tête autant que d’essayer de donner du sens au résultat, il me semble bien qu’il est temps de plonger au cœur du sujet.
HO. HO. HO.

Suzanne avait assez de jugeote pour savoir que l’expression « Quelqu’un doit faire quelque chose » n’était pas d’un grand secours. Ceux qui l’employaient n’ajoutaient jamais en annexe « et ce quelqu’un ce sera moi ».

Suzanne Sto Hélit a enfin réussi a se faire une place dans le monde qui la satisfasse. Désormais gouvernante, malgré son statut de Duchesse, elle file enfin un semblant d’existence normale. Bientôt bouleversée, malheureusement, par son autre statut de petite-fille de La Mort. Parce que voyez vous, quelqu’un a semble-t-il réussi à « tuer » – faute d’une terme plus approprié – le Père Porcher, à la veille du grand soir qui le célèbre. Alors, tandis que La Mort et son serviteur Albert tentent d’assurer l’intérim, il va bien falloir que quelqu’un s’occupe de cette situation, parce que sinon, le soleil pourrait bien ne pas se lever le lendemain.

On a beau s’enfuir le plus loin possible, on se rattrape toujours.

Plus j’avance dans les Annales, plus je suis surpris par leur intertextualité. Malgré une réelle qualité d’indépendance entre chaque tome individuel, il faut quand même constater, à mes yeux, une aussi réelle nécessité d’avoir lu tous les romans d’un cycle précédant celui qu’on a entre les mains pour en saisir absolument tous les enjeux. L’essentiel est toujours préservé une fois chaque roman refermé, parce que leurs thèmes correspondants sont toujours bien traités ; mais pour autant, ils se tracent des liens thématiques et narratifs qui viennent enrober l’ensemble et lui donnent de fait un supplément d’âme.
À cet égard, le roman est partagé entre Suzanne et La Mort comme personnages principaux, divisant son attention entre les deux, leurs deux parcours s’entremêlant et se nourrissant donc mutuellement ; on a la fois une continuation d’Accrocs du Roc vis-à-vis de leur relation à tou·te·s les deux, mais aussi, et surtout, à mes yeux, un prolongement du Faucheur dans son évolution à lui, qui est sans aucun doute la plus importante du roman. J’en veux pour preuve le retour des Contrôleurs de la Réalité comme antagonistes principaux, avec une claire motivation et un plan d’action, cette fois ci, ainsi que des indices sur leurs présences futures et plus de précision sur leur fonctionnement général.
Tout cela renforce encore cette intertextualité, au delà même des Annales, puisqu’entre le propos général du roman et ces antagonistes, on retrouve des éléments qui iront se trouver une place dans la série de vulgarisation des Science du Disque-Monde (une série que j’ai de plus en plus hâte de redécouvrir en parallèle des Annales). Cette proximité thématique n’étant absolument pas surprenante, puis Le Père Porcher est sorti en VO en 1996 et le premier tome de La Science du Disque-Monde (avant révisions) en 1998. On peut donc voir dans le roman certains proto-concepts qui trouveront leurs lettres de noblesse dans cette série d’ouvrages, au travers des idées développées ici par Terry Pratchett.

Vous avez dit, il me semble, que les gens voient ce qu’ils s’attendent à voir.
– PAS LES ENFANTS. ILS VOIENT TROP SOUVENT LA RÉALITÉ.

Encore une fois, Terry Pratchett s’intéresse au pouvoir des histoires, au travers des contes et des traditions, avec le point focal du Père Porcher, évidente évocation de notre Père Noël, parfaite occasion pour satiriser toutes les hypocrisies et autres abus qui se cristallisent autour de cette fête si particulière. Mais comme souvent, il s’agit pour l’auteur d’aller au delà des constats les plus évidents, et de creuser non seulement les questions qui entourent le phénomène, mais aussi et surtout les origines et raisons de notre attachement si particulier à ce folklore ; d’explorer toute la complexité des enjeux.
Son premier point d’attaque est donc constitué par les histoires qu’on se raconte à nous-mêmes. Là où j’aurais pu ne voir, fût un temps, que des scènes purement comiques lorsque La Mort se fait passer pour le Père Porcher dans un centre commercial, ou lorsqu’Il cause la panique dans un grand restaurant en leur volant tout leur stock de plats de luxe, amenant le personnel à improviser avec un stock de vieilles chaussures arrangées à la boue et aux condiments ; j’ai redécouvert une satire subtile mais assez merveilleuse sur la lutte des classes alliée à un assez terrible constat social. On se trouve alors avec des gens qui montent des systèmes de rhétoriques mensongères pour maintenir une façade qui correspond à leur statut afin de le préserver, et des gens qui font semblant d’y croire ou qui y croient réellement à force de répétition sans objections. Les clients de ce restaurant disent se régaler de vieilles godasses parce qu’on leur donne un nom qui sonne bien ; mais surtout parce qu’ils viennent au restaurant pour l’endroit, son ambiance et leur capacité à y venir, avant les plats qu’on y sert. Il ne s’agit plus de faire les choses parce qu’on en a envie, mais parce qu’on pense qu’on doit les faire, depuis une position qui le suggère, par habitude dépouillée de toute considération logique. On finit par installer le sens qui nous arrange dans les histoires qu’on se raconte ; on consent aux mensonges de cette échelle par confort personnel, sincèrement ou avec mauvaise foi.
Ainsi, le roman est parcouru de scènes et saynètes qui pourraient sembler n’être qu’accessoires ou des respirations comiques, mais qui finalement démultiplient les points de vue et axes de perception sur la fête du Porcher, et créent donc un cadre réflexif discret mais terriblement efficace. Tout ceci illustrant parfaitement ce qu’est « croire à l’esprit de Porcher », selon les points de vues invoqués, avec tout ce que cela implique de joyeux comme d’affreux. Autant de setups pour tous les payoffs qu’on peut croiser dans la dernière partie du roman, comme autant de bilans sur les réflexions que mènent les personnages de Terry Pratchett en parallèle de leur auteur, Suzanne et La Mort en tête, bien aidé·e·s par Albert, notamment dans leurs dialogues.

Je dis juste que l’homme est par nature un être mythopoétique.
– Qu’est ce que ça veut dire ?
– Ça veut dire qu’on invente au fur et à mesure.

Car si nous nous racontons ces histoires à nous-mêmes, c’est avant à cause d’un héritage ; celui qui fait précisément des histoires le moteur de notre progrès commun, ou du moins de notre évolution commune et relativement homogène. Car les histoires qu’on se raconte ont souvent des vertus pédagogiques, en dehors de toute considération logique ou artistique, encore une fois. Beaucoup d’histoires parmi les plus anciennes que l’Humanité partage et fait se répandre n’ont pas d’autres ambitions que de transmettre un message précis, elles échappent alors aux considérations classiques pour rentrer dans le cadre des traditions qu’on ne discute plus vraiment. On accepte certains mensonges parce qu’ils font tourner notre monde ou en donnent l’illusion, on en fait des histoires dont les tenants et aboutissants évoluent avec le monde et les gens qui les perpétuent. Ce folklore, ces histoires, ces mensonges, dès lors, revêtent une utilité sociale, constituant autant un cadre moral qu’un moteur de changement, dès lors qu’on choisit de les raconter, de les adapter ou de les taire.
De fait, cielles qui ont le pouvoir de choisir quelles histoires ont le droit d’être racontées ou non décident d’une partie du cadre, ce qui nous ramène peu ou prou au constat fait dans Les Tribulations d’un Mage en Aurient, même si ici Terry Pratchett s’écarte des thématiques du pouvoir pour plutôt s’intéresser aux dynamiques plus organiques, primales, de la question. Il se rattache notamment à l’idée de la peur comme une mécanique de survie originelle, motivant beaucoup de ces histoires qu’on se raconte. On se sert de notre imagination pour apprendre à se méfier de ce qui se cache dans le noir pour nos ancêtres, faire comprendre à un enfant qu’il ne devrait pas sucer son pouce ou qu’il n’a aucune raison d’avoir peur de perdre ses dents, mais aussi et surtout pour essayer de donner du sens à ce qui ne semble pas en avoir ; malgré l’évidente absurdité de vouloir conférer de la logique au chaos. Sur le Disque, cela donne des personnifications anthropomorphiques, lesquelles, paradoxalement, se retrouvent à devoir trouver du sens à leurs propres existences, justement parce qu’elles ont en elle cette part d’Humanité dépassant de loin leur utilité première.

Des mondes nés de la croyance […] Comme pour les huîtres. un peu de merde entre dedans et une perle se développe autour.

Et c’est sans doute pour cela que le regard clinique de La Mort, contaminé par les atermoiements humains, est un personnage aussi profondément tragique que touchant, d’autant plus quand il est en contact avec sa petite-fille ; parce que ce regard est dépouillé de la plupart de nos affects habituels. Son statut si particulier comme ses connaissances lui permettent de considérer le monde avec un véritable recul, et d’agir sans aucunes considérations égoïstes ; on comprend assez bien que son aventure et les rencontres du Faucheur ont de toute évidence une influence massive sur son comportement et ses réflexions ; il a appris. La Mort, depuis ces événements, essaie d’être vivant malgré son incapacité chronique, parce que « La Mort était fasciné par les hommes, et l’étude n’est jamais à sens unique. ». C’est pour cela qu’il s’oppose aux Contrôleurs de la Réalité sans ambages, tout comme il essaie de faire au mieux avec Suzanne, malgré ses handicaps dans le domaine relationnel.
À cet égard, il me faut souligner la dynamique entre les deux, qui symbolise une autre dynamique à l’œuvre à l’aune du roman tout entier, à savoir les rapports parents-enfants, et notamment, bien entendu au travers des histoires que les premiers peuvent raconter aux seconds. Car si La Mort, bien souvent, « joue le rôle » du père de Suzanne quand il s’agit de lui expliquer les arcanes de l’Univers et ses règles étranges, elle joue parfois le rôle inverse lorsqu’il s’agit de lui apprendre quelques règles censément injustes ou absurdes de la vie humaine. De la même façon, Albert joue le rôle du père de La Mort quand il faut lui expliquer certaines autres de ces règles, comme Suzanne doit assumer la parentalité des enfants dont elle a la charge à la place du couple qui l’emploie pour apporter une différence de vue, une certaine rationalité. Par ailleurs, la mère de Moyen David et Banjo joue un rôle posthume que reprend en partie Moyen David avec son frère. Chacun·e, partout, tout le temps est le parent potentiel d’un·e autre, selon les circonstances et les connaissances nécessaires. Dès lors, les histoires ne sont plus que des supports ou des bases nécessaires à des explications plus poussées qui utilisent les éléments de ces histoires comme des morceaux des réelles explications, une fois que ces bases « insuffisamment vraies » sont intégrées. Ces histoires en elles-mêmes sont carrément fausses, fondamentalement ; mais elles transmettent toutefois suffisamment d’éléments de vérité pour être complètement ignorées, elles servent de béquilles conceptuelles (Ian Stewart & Jack Cohen parleront à cet égard de mensonges-pour-enfants dans La Science du Disque-Monde).
Et donc, malgré la multiplicité des interprétations ou des versions de ces histoires, elles sont toutefois le vecteur de vérités universelles qui voyagent à travers elle et les âges, faisant fi des symboles changeants et des évolutions des moeurs pour assurer un semblant de base commune. À cet égard, l’existence du Père Porcher apprend qu’il est bon d’être généreux, même si ce n’est qu’une fois par an, seulement pour donner une bonne image de soi, ou faire du profit sur la générosité des autres ; malgré les hypocrisies indéniables, personne souhaitant garder sa place dans la société ne contestera le bien-fondé de la tradition.

Le monde recelait tant de méandres que les enfants n’auraient aucune chance de s’y intégrer si leurs géniteurs ne leur faussait un tant soit peu la cervelle.

Un point un peu plus formel à présent, l’occasion pour moi de revenir fort à propos sur l’usage que fait justement Terry Pratchett de la multiplicité des points de vue au fil du roman, pour faire la démonstration implicite, en tout cas à mes yeux, de ce que j’avance. Comme j’avais pu le dire dans une de mes chroniques précédentes, Terry Pratchett, avec de très rares exceptions, fait toujours transiter l’action et la narration par les yeux d’un personnage présent sur les lieux de l’action en cours pour en livrer son point de vue, au travers d’une narration omnisciente bien qu’intériorisée. Cela lui permet assez souvent d’expliciter au mieux les motivations de chaque personnage de façon aussi organique que possible tout en lui donnant des munitions pour ironiser à foison, le plus volontiers sur ses antagonistes, comme par exemple dans Trois Soeurcières avec le couple Kasqueth. Ici, avec Leureduthé, c’est différent, ce qui explique, je pense, sa puissance évocatrice malgré sa relative discrétion tout le long de l’ouvrage, bien au delà d’une représentation de ses capacités d’assassin extraordinaire.
Si on ne lit jamais du point de vue de Leureduthé, c’est qu’il est d’office exclu du droit d’être considéré comme un personnage à part entière, tout repoussé à son statut de monstre, trop autre pour que Pratchett ose l’approcher de sa plume ; si non-humain qu’il le fait mourir par l’entremise du tisonnier qui sert normalement à Suzanne pour chasser les monstres littéraux. On ne fait que le croiser au travers de prismes de personnages qui lui sont confrontés ou en sont les victimes, jusqu’à comprendre que contrairement à d’autres antagonistes de l’auteur, produits de leurs héritages, des histoires qui leur ont été racontées, Leureduthé a fait le choix délibéré de s’en extraire pour ne pas avoir à se conformer aux règles de la société, simplement aux siennes. C’est sans doute pour cela que c’est un « méchant » aussi marquant pour moi, malgré sa surprenante discrétion ; c’est un absolu et complet salopard dépassant toutes les bornes que Terry Pratchett avait pu se poser à lui-même jusque là, d’autant plus violent dans son existence qu’elle ne repose que sur quelques principes narratifs très simples.

C’est l’espoir qui compte. Une part importante de la foi, ça, l’espoir. Donnez aujourd’hui d’la confiture aux gens, et ils s’attablent pour la manger. Mais promettez-leur d’la confiture pour demain… et vous les faites cavaler jusqu’à la fin de leurs jours.

À une échelle plus personnelle, moins analytique, cette lecture a peut-être été une des plus difficiles depuis le début de ce Tour du Disque. Bien au delà de la prise de tête au fil de la lecture pour anticiper la chronique, il faut surtout dire que ce roman, par bien des aspects, est le plus triste de la saga pour le moment. D’abord par le côté tragique du personnage de La Mort que j’ai déjà évoqué, que ce soit dans ses constats ou dans certains des dialogues échangés avec Albert ou Suzanne, sans doute un héritage du Faucheur, mais aussi et surtout par la dureté de certaines scènes et idées écrites par Terry Pratchett. Il faut sans doute nuancer cette idée de dureté à l’aune du Disque, qui demeure assez pudique dans ses représentations de violence habituellement ; mais entre la présence de Leureduthé et la nécessité de créer des contrastes parlant afin de représenter les conflits théorisés par l’auteur, on a souvent droit, tout de même, à des scènes qui frappent d’autant plus violemment à l’estomac qu’on pouvait encore rire à gorge déployée la page d’avant. Et force est de constater que dans le contexte actuel, voir un seigneur féodal agresser un de ses paysans parce qu’il n’est pas assez content de se voir offrir les restes d’un festin royal, ç’a quelque chose qui remue pas les tripes dans le bon sens. Symboliquement, c’est assez brillant, mais mon goût pour l’analyse ne me coupe pas non plus de toutes mes émotions, surtout de la colère. Je me console en me disant que c’est sans doute encore une fois à mettre au crédit de Terry Pratchett d’avoir su écrire quelque chose d’aussi intemporel et universel. Mais à cet égard, je manque sans doute un peu d’objectivité.

« VOUS AVEZ BESOIN DE CROIRE EN DES CHOSES QUI NE SONT PAS VRAIES.
AUTREMENT, COMMENT POURRAIENT-ELLES ÉVOLUER ? »

C’était, évidemment, encore un formidable roman. Et je comprends absolument pourquoi il reste aussi profondément ancré dans le cœur de tant de ses lecteurices comme un favori : il parle trop bien de qui nous sommes en tant qu’êtres humains, avec trop de sensibilité pour ne pas taper juste, à un moment ou à un autre. Mes seules réserves sont sans doute de circonstance, parce qu’objectivement, malgré ces légers malaises passagers dus à un reflet trop prégnant de la réalité, ce roman est absolument formidable dans ce qu’il parvient à évoquer de si complexe de façon si paradoxalement sobre. Sans compter qu’il a encore un peu plus attisé mon envie de relire les Science du Disque-Monde, ce qui n’est jamais perdu.
Une fois n’est pas coutume, je vais me contenter de vous laisser avec une citation de La Mort s’adressant à Suzanne, sans doute une des plus marquantes et éternelles de toutes les Annales en guise de conclusion, faute d’avoir réellement mieux à dire.

PRENDS L’UNIVERS, REDUIS LE EN POUDRE TRÈS FINE, PASSE CETTE POUDRE AU TAMIS LE PLUS SERRÉ ET ENSUITE MONTRE MOI UN SEUL ATOME DE JUSTICE, UNE SEULE MOLÉCULE DE PITIÉ. ET POURTANT LES HOMMES AGISSENT COMME S’IL EXISTAIT UN ORDRE IDÉAL DANS LE MONDE, COMME S’IL Y AVAIT DANS L’UNIVERS UN… UN ÉTALON DU BIEN À L’AUNE DUQUEL ON POURRAIT LE JUGER.

Il a le don de rendre humble, par moment, La Mort.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles.

Le syndrome Quickson

Publié le 1 juillet 2021

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