Une écriture charnue, une puissance narrative qui donne du plaisir et nous fait attendre la seconde partie du diptyque avec impatience !

Celle qui sait - Galaxies N°75

La mode est aux trilogies... qui se poursuivent !

La Genevoise Laurence Suhner donne ainsi une suite à Quantika en se replongeant dans le système AltaMira, dix ans après les événements décrits dans le dernier volume. Sous une belle couverture de Manchu, elle publie le premier tome d'un diptyque, qui ramène les principaux protagonistes de cette formidable histoire de SF, mêlant hard science et mythologie hindoue. Elle conte avec lenteur, minutie et force détails une étrange passion entre deux êtres, dont l'un est extraterrestre et l'autre humaine. On pense aussi bien aux Amants étrangers de Philip José Farmer qu'à Rendez-vous avec Rama d'Arthur C. Clarke.

Ce premier volume est divisé en deux parties. Dans la première, Indiga, on se retrouve sur la planète du même nom, dont on ne comprendra que plus tard qu'il s'agit en fait de Gemma, la planète glacée, totalement modifiée ! Certains personnages sont des versions alternatives d'eux-mêmes !

Au moment de notre arrivée, nos doubles se sont effacés pour nous céer la place.

Ambre Pasquier, Haziel Delaurier, Stanislas Stanford, Seth Tranktak, Kya Beijimo et Jade, les principaux personnages , ont compris qu'ils sont revenus dans un univers parallèle, cehqui complique passablement leur situation, car leurs doubles disparus ont suivi un chemin légèrement divergent. Fidèle à sa méthode scientifique, Laurence Suhner exploite les possibilités de la physique quantique dans une composante très hard science. De même, lors de ses descriptions de la «propulsion Faradyne», qui permet de voyager vite et loin dans l'espace.


Par ailleurs, le Grand Arc, l'artefact extraterrestre en orbite autour de la planète, est en train de se transformer et de se déplacer ! Les incidents se multiplient entre colons humains et Bâtisseurs, qui vivent tous deux sur Indiga. Deux courants politiques s'opposent, selon deux manières de voir le monde : le dominer ou s'y adapter. Le Sursaut, dirigé par Gabriel Delaurier, extrémiste, haineux, veut faire la guerre aux Timhkans; L'Entente, dirigée par Elisabeth de Montgomery, pacifiste, écologiste, harmonieuse et constructive, veut vivre en harmonie avec les autres êtres vivants.


Dans une deuxième partie, Les Histoires, nous suivons la vie d'Ambre Pasquier, Kantika et de Jade, sa fille, sur la planète d'origine des Bâtisseurs, Timhka. Cette partie éclaire les passages restés dans l'ombre et nous introduit dans l'intimité des Timhkans, de leurs us et coutumes. Une vie sauvage, proche de la nature, fortement teintée de mysticisme hindou. Les Timhkans sont un mélange de sauvages aimant la musique et la danse, et de civilisation très avancée, capable de jouer avec l'espace-temps ! Des primitifs navigateurs stellaires ! Cette deuxième partie dévoile l'importance fondamentale de Jade, née d'une humaine mais élévée par Tokalinan, le Timhkan dont sa mère est amoureuse, capable de comprendre et de maîtriser les deux cultures. Et de faire le lien entre les deux espèces. Une découverte insolite les obligera à quitter Timhka et à revenir sur Gemma, devenue Indiga.

À propos, Ziusudra est le nom du dernier des rois sumériens, avant le déluge. Le sauveur de l'humanité, que les Hébreux nommeront plus tard Noé.
Relevons enfin la qualité d'écriture de Laurence Suhner. Ses descriptions, qui mettent en oeuvre tous les sens, sont d'une telle épaisseur que l'on voit et ressent les scènes avec intensité; elle a le sens du suspense, son écriture est fluide. Une écriture charnue, une puissance narrative qui donne du plaisir et nous fait attendre la seconde partie du diptyque avec impatience !

Jean-François Thomas

Publié le 3 juin 2022

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