Épatant, tout simplement épatant ! J'ai passé de très bons moments en lisant ce livre qui patientait tranquillement depuis l'an dernier sur ma pile de nouveautés. Trompée par le titre, je l'ai fait attendre bien trop longtemps, croyant à une histoire de vampires de plus. Or, pas du tout, Luca Bastardo est bien immortel, mais rien à voir avec l'hémoglobine. Le petit Luca ne sait pas d'où il vient, ni qui sont ses parents. Il ne connaît même pas son nom alors il se nomme lui-même Bastardo, comme beaucoup d'enfants des rues en ce XIVe siècle à Florence. C'est un enfant débrouillard qui survit mais attire l'attention par sa beauté et la couleur inusitée de ses cheveux. L'infâme Silvano le repère et grâce à la trahison d'un autre enfant, s'empare de Luca et l'enferme dans son lupanar. Pendant de nombreuses années, Luca va assouvir les fantasmes de riches libidineux, comme bien d'autres enfants prisonniers du lieu. Les années passent et alors que ses compagnons de martyre se transforment en adolescents, il reste le bel enfant qui fait la fortune de Silvano, homme cupide et cruel qui par ailleurs détient une lettre contenant des indications sur ses origines étranges. Il parvient cependant un jour à fuir, alors qu'il a près de trente ans et ressemble à peine à un enfant de douze ans. Il est recueilli par un juif auquel il a sauvé la vie et qui lui transmet son savoir de médecin, tellement essentiel alors que la ville est ravagée par la peste noire. Mais Luca est poursuivi par le fils de Silvano qui va créer la Confrérie de la Plume rouge dans le seul but de le traquer. Et traqué, il le sera par des générations de Silvano qui ont juré la perte de celui qu'il désigne comme l'incarnation du Diable. Luca va partir encore, combattre très loin de Florence, revenir et côtoyer tout ce que la ville compte de grands esprits, de Giotto à Pétrarque, jusqu'à Leonard de Vinci dont il sera le précepteur et bien sûr Laurent le Magnifique et enfin Savonarole. Les Silvano toujours à ses trousses, Luca se construit une vie exceptionnelle de longévité mais aussi de talents et d'amitiés. Il se mêle d'alchimie tout en traquant son destin puisque la pierre philosophale lui a un jour dit qu'il rencontrerait l'amour en cette ville et que d'amour il mourrait. L'argument fantastique (la longévité de Luca Bastardo) n'est qu'un prétexte qui permet à Traci L. Slatton d'écrire un roman historique embrassant les plus grandes années de la cité toscane et d'inventer un superbe personnage. Tout ce que Florence compte de grands esprits et d'intelligences artistiques et politiques se retrouve mis en scène ici, pour le plus grand plaisir du lecteur. L'immersion est totale, crédible et palpitante. Le lecteur marche sur les traces de ces grands hommes aux côtés du héros qui non seulement les côtoie, mais en plus s'interroge sur lui-même et sur les hommes en général et donc sur Dieu, celui qui rit de son destin depuis toujours. C'est intelligent, voire même érudit (si on veut bien oublier qu'à un moment, les protagonistes mangent des pommes de terre... aïe !), sans pourtant être pesant ou difficile à lire puisque c'est avant tout un roman d'aventures historique. J'ai été totalement emportée par ce destin, même si j'ai cru à un moment, au tout début, que l'accumulation de tant de personnages célèbres dans le destin d'un seul homme nuirait à la crédibilité de l'ensemble. L'auteur a le bon goût d'expliciter les convictions de chacun sans en faire trop : les aspirations de Giotto, l'incroyable génie de Leonardo, la cruauté politique de Laurent le Mangnifique, la pensée de Marcille Ficin, l'évolution de l'architecture, les prédicateurs intransigeants... et les fêtes magnifiques, les ravages de la peste, la vie quotidienne des juifs, et l'amour bien sûr, le grand Amour. Voilà donc un roman aussi réjouissant qu'intelligent, qui nous emmène bien loin de ce que les littératures de l'Imaginaire nous réservent ces derniers temps. Sandrine Brugot Maillard - mesimaginaires.overblog.com

Slatton - Immortel - Mes imaginaires

Épatant, tout simplement épatant ! J'ai passé de très bons moments en lisant ce livre qui patientait tranquillement depuis l'an dernier sur ma pile de nouveautés. Trompée par le titre, je l'ai fait attendre bien trop longtemps, croyant à une histoire de vampires de plus. Or, pas du tout, Luca Bastardo est bien immortel, mais rien à voir avec l'hémoglobine.

Le petit Luca ne sait pas d'où il vient, ni qui sont ses parents. Il ne connaît même pas son nom alors il se nomme lui-même Bastardo, comme beaucoup d'enfants des rues en ce XIVe siècle à Florence. C'est un enfant débrouillard qui survit mais attire l'attention par sa beauté et la couleur inusitée de ses cheveux. L'infâme Silvano le repère et grâce à la trahison d'un autre enfant, s'empare de Luca et l'enferme dans son lupanar. Pendant de nombreuses années, Luca va assouvir les fantasmes de riches libidineux, comme bien d'autres enfants prisonniers du lieu. Les années passent et alors que ses compagnons de martyre se transforment en adolescents, il reste le bel enfant qui fait la fortune de Silvano, homme cupide et cruel qui par ailleurs détient une lettre contenant des indications sur ses origines étranges.

Il parvient cependant un jour à fuir, alors qu'il a près de trente ans et ressemble à peine à un enfant de douze ans. Il est recueilli par un juif auquel il a sauvé la vie et qui lui transmet son savoir de médecin, tellement essentiel alors que la ville est ravagée par la peste noire. Mais Luca est poursuivi par le fils de Silvano qui va créer la Confrérie de la Plume rouge dans le seul but de le traquer. Et traqué, il le sera par des générations de Silvano qui ont juré la perte de celui qu'il désigne comme l'incarnation du Diable.

Luca va partir encore, combattre très loin de Florence, revenir et côtoyer tout ce que la ville compte de grands esprits, de Giotto à Pétrarque, jusqu'à Leonard de Vinci dont il sera le précepteur et bien sûr Laurent le Magnifique et enfin Savonarole. Les Silvano toujours à ses trousses, Luca se construit une vie exceptionnelle de longévité mais aussi de talents et d'amitiés. Il se mêle d'alchimie tout en traquant son destin puisque la pierre philosophale lui a un jour dit qu'il rencontrerait l'amour en cette ville et que d'amour il mourrait.

L'argument fantastique (la longévité de Luca Bastardo) n'est qu'un prétexte qui permet à Traci L. Slatton d'écrire un roman historique embrassant les plus grandes années de la cité toscane et d'inventer un superbe personnage. Tout ce que Florence compte de grands esprits et d'intelligences artistiques et politiques se retrouve mis en scène ici, pour le plus grand plaisir du lecteur. L'immersion est totale, crédible et palpitante. Le lecteur marche sur les traces de ces grands hommes aux côtés du héros qui non seulement les côtoie, mais en plus s'interroge sur lui-même et sur les hommes en général et donc sur Dieu, celui qui rit de son destin depuis toujours.

C'est intelligent, voire même érudit (si on veut bien oublier qu'à un moment, les protagonistes mangent des pommes de terre... aïe !), sans pourtant être pesant ou difficile à lire puisque c'est avant tout un roman d'aventures historique. J'ai été totalement emportée par ce destin, même si j'ai cru à un moment, au tout début, que l'accumulation de tant de personnages célèbres dans le destin d'un seul homme nuirait à la crédibilité de l'ensemble. L'auteur a le bon goût d'expliciter les convictions de chacun sans en faire trop : les aspirations de Giotto, l'incroyable génie de Leonardo, la cruauté politique de Laurent le Mangnifique, la pensée de Marcille Ficin, l'évolution de l'architecture, les prédicateurs intransigeants... et les fêtes magnifiques, les ravages de la peste, la vie quotidienne des juifs, et l'amour bien sûr, le grand Amour.

Voilà donc un roman aussi réjouissant qu'intelligent, qui nous emmène bien loin de ce que les littératures de l'Imaginaire nous réservent ces derniers temps.

Sandrine Brugot Maillard - mesimaginaires.overblog.com

Publié le 30 avril 2010

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