Pour ceux qui ignorent encore qui est TP, c'est dommage. Inutile de présenter l'auteur. Inpensable d'expliquer ce qu'est son oeuvre phare. Reportez-vous aux précédentes chroniques ! Vous avez raté la saga la plus géniale de ces trente dernières années, malheureux. Pour les autres, attaquez directement. Les annales du disque-monde s'enrichissent pour ce trentième opus d'un personnage plus que nécessaire en ces temps de disette du service public : un directeur de la poste centrale d'Ankh-Morpork. Il faut dire que le seigneur Vétérini n'y va comme d'habitude pas par quatre chemins quand il a ce qu'il appelle une divergence de point de vue avec certains de ses administrés. Il y va plus raisonnablement par huit, voire dix chemins (sans compter les détours). Ca tombe mal pour Moite von Lipwig, il est là juste au moment où il faut (ou pas, c'est selon) pour aider l'oligarque de la cité la plus connue du disque-monde à contrer à sa manière les manoeuvres de quelques-uns pour s'approprier les tours clic-clac et par là régner sur le monde des communications publiques et privées. Les sémaphores sont devenus en moins de temps qu'il ne faut pour le dire indispensables à la vie de la capitale et même du continent. Toute personne qui s'en rendrait maître serait du coup seule détentrice des flux d'information circulants et détiendrait un pouvoir plus important que celui du dictateur... Heureusement Havelock est prévoyant et Moite est talentueux, surtout pour tricher et agir malhonnêtement (mais attention, uniquement envers les autres filous, on a sa dignité). Malgré ses dons incroyables en ce qui concerne duperie et subterfuge, il lui faudra le concours de forts et puissants alliés pour triompher de ses adversaires, et qui plus est incorruptibles : en un mot comme en cent les golems. Pour ce cru-ci, Terry Pratchett s'est attaqué au mythe désormais fondateur du nouveau millénaire : l'information illimitée. On dirait bien que dans sa grande sagesse, l'auteur grand-breton tient à rappeler qu'il est bon et souhaitable de profiter des avancées technologiques de son temps, sans pour autant renoncer à ce qui a précédé les dites avancées. Toutes les histoires racontées dans les annales du disque-monde ont ceci en commun qu'elles peuvent toujours se lire à plusieurs niveaux d'interprétation différents. Au premier degré c'est toujours réjouissant : personnages originaux, situations loufoques, anachronismes bien dosés, fantastique et comique bien équilibrés. Au deuxième degré on obtient une observation fine des petits et grands travers de nos vieilles sociétés post-industrielles privilégiées et souvent déconnectées du réel. Dans Timbré on reconnaît sans peine une critique assumée d'internet et un avertissement subtil sur la dépendance inconsidérée que nous pouvons avoir envers cet incroyable outil. On peut aussi se contenter d'un plaisir de lecture intact puisqu'il se renouvelle à chaque nouvelle livraison. Ami Terry Pratchett, encore une fois chapeau bas. Marion Godefroid-Richert

Pratchett - Timbré - Mauvais genres
Pour ceux qui ignorent encore qui est TP, c'est dommage. Inutile de présenter l'auteur. Inpensable d'expliquer ce qu'est son oeuvre phare. Reportez-vous aux précédentes chroniques ! Vous avez raté la saga la plus géniale de ces trente dernières années, malheureux. Pour les autres, attaquez directement.

Les annales du disque-monde s'enrichissent pour ce trentième opus d'un personnage plus que nécessaire en ces temps de disette du service public : un directeur de la poste centrale d'Ankh-Morpork. Il faut dire que le seigneur Vétérini n'y va comme d'habitude pas par quatre chemins quand il a ce qu'il appelle une divergence de point de vue avec certains de ses administrés. Il y va plus raisonnablement par huit, voire dix chemins (sans compter les détours). Ca tombe mal pour Moite von Lipwig, il est là juste au moment où il faut (ou pas, c'est selon) pour aider l'oligarque de la cité la plus connue du disque-monde à contrer à sa manière les manoeuvres de quelques-uns pour s'approprier les tours clic-clac et par là régner sur le monde des communications publiques et privées. Les sémaphores sont devenus en moins de temps qu'il ne faut pour le dire indispensables à la vie de la capitale et même du continent. Toute personne qui s'en rendrait maître serait du coup seule détentrice des flux d'information circulants et détiendrait un pouvoir plus important que celui du dictateur... Heureusement Havelock est prévoyant et Moite est talentueux, surtout pour tricher et agir malhonnêtement (mais attention, uniquement envers les autres filous, on a sa dignité). Malgré ses dons incroyables en ce qui concerne duperie et subterfuge, il lui faudra le concours de forts et puissants alliés pour triompher de ses adversaires, et qui plus est incorruptibles : en un mot comme en cent les golems.

Pour ce cru-ci, Terry Pratchett s'est attaqué au mythe désormais fondateur du nouveau millénaire : l'information illimitée. On dirait bien que dans sa grande sagesse, l'auteur grand-breton tient à rappeler qu'il est bon et souhaitable de profiter des avancées technologiques de son temps, sans pour autant renoncer à ce qui a précédé les dites avancées. Toutes les histoires racontées dans les annales du disque-monde ont ceci en commun qu'elles peuvent toujours se lire à plusieurs niveaux d'interprétation différents. Au premier degré c'est toujours réjouissant : personnages originaux, situations loufoques, anachronismes bien dosés, fantastique et comique bien équilibrés. Au deuxième degré on obtient une observation fine des petits et grands travers de nos vieilles sociétés post-industrielles privilégiées et souvent déconnectées du réel. Dans Timbré on reconnaît sans peine une critique assumée d'internet et un avertissement subtil sur la dépendance inconsidérée que nous pouvons avoir envers cet incroyable outil. On peut aussi se contenter d'un plaisir de lecture intact puisqu'il se renouvelle à chaque nouvelle livraison. Ami Terry Pratchett, encore une fois chapeau bas.

Marion Godefroid-Richert

Publié le 24 juin 2013

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