Lorsque le lecteur entre dans un roman de Terry Pratchett, il peut s'attendre à tout! Surtout s'il connaît déjà l'auteur et son Disque-Monde. L'œil aux aguets, l'esprit ouvert, il guette à chaque détour de page, l'élément surprenant, le gag désopilant, la critique acerbe. Eh bien, même préparé à tout, le lecteur est toujours déstabilisé par un motif, un thème, une péripétie, un personnage! C'est d'ailleurs ce qui fait le charme d'un roman de Pratchett. On a beau connaître sa manière de procéder, celui-ci parvient toujours à nous avoir. Avec Timbré, c'est évidemment le cas. On peut même dire que l'on tient-là, l'un de ses meilleurs romans, notamment parce qu'il emprunte de nouveaux sentiers que l'on ne lui connaissait pas. Délaissant pour un temps, les enquêtes du commissaire Vimaire, ce roman nous entraîne dans le sillage d'un escroc de bas étage qui va avoir la vie sauve grâce à l'intervention de Vétérini qui en fait le nouveau ministre des Postes. S'ensuit alors une aventure intimiste et sociale qui va bouleverser la physionomie et l'histoire d'Ankh-Morpok. Bien trop souvent, la critique s'arrête au côté humoristique des romans de Terry Pratchett, délaissant sa critique sociale, son humanisme et son analyse des rapports humains. Si certains de ses romans peuvent se passer de cette analyse, il serait terriblement hasardeux d'éviter cette triple confrontation dans Timbré. En effet, si ce roman conserve la verve et l'humour habituel des Annales du Disque-Monde, on perçoit, comme dans certains des précédents romans du cycle, un infléchissement qui épaissit l'ensemble en lui permettant de dépasser la simple fantasy pour le faire entrer dans les mêmes problématiques que la littérature générale, le côté épique en plus. Cela donne à Timbré un souffle qui manquait aux premiers romans de Pratchett. On ressort ainsi de ce roman avec le sentiment d'avoir eu accès à la fois à une rédemption personnelle et à une attaque de notre société consumériste déshumanisée, dans laquelle l'homme compte moins que l'argent qu'il peut rapporter. A l'heure de cette crise mondiale qui écrase tout le monde, ce roman de Pratchett va sans doute parler d'une voix un peu plus forte encore. A cela s'ajoute une critique acerbe des services publics britanniques qui ne fonctionnent plus vraiment comme tels. Mais n'est-ce pas le cas dans de nombreux pays? Et c'est justement là que la critique touche le plus, dans ce côté universel du message qu'elle véhicule, nous faisant prendre conscience qu'une partie du monde que nous connaissons depuis deux siècles est en train de s'effondrer, comme à Ankh-Morpok. Un grand roman de Pratchett qui annonce d'ailleurs le suivant de manière subtile. Denis Labbé , LeFantastique.net

Pratchett - Timbré - LeFantastique.net

Lorsque le lecteur entre dans un roman de Terry Pratchett, il peut s'attendre à tout! Surtout s'il connaît déjà l'auteur et son Disque-Monde. L'œil aux aguets, l'esprit ouvert, il guette à chaque détour de page, l'élément surprenant, le gag désopilant, la critique acerbe. Eh bien, même préparé à tout, le lecteur est toujours déstabilisé par un motif, un thème, une péripétie, un personnage! C'est d'ailleurs ce qui fait le charme d'un roman de Pratchett. On a beau connaître sa manière de procéder, celui-ci parvient toujours à nous avoir. Avec Timbré, c'est évidemment le cas. On peut même dire que l'on tient-là, l'un de ses meilleurs romans, notamment parce qu'il emprunte de nouveaux sentiers que l'on ne lui connaissait pas. Délaissant pour un temps, les enquêtes du commissaire Vimaire, ce roman nous entraîne dans le sillage d'un escroc de bas étage qui va avoir la vie sauve grâce à l'intervention de Vétérini qui en fait le nouveau ministre des Postes. S'ensuit alors une aventure intimiste et sociale qui va bouleverser la physionomie et l'histoire d'Ankh-Morpok.

Bien trop souvent, la critique s'arrête au côté humoristique des romans de Terry Pratchett, délaissant sa critique sociale, son humanisme et son analyse des rapports humains. Si certains de ses romans peuvent se passer de cette analyse, il serait terriblement hasardeux d'éviter cette triple confrontation dans Timbré. En effet, si ce roman conserve la verve et l'humour habituel des Annales du Disque-Monde, on perçoit, comme dans certains des précédents romans du cycle, un infléchissement qui épaissit l'ensemble en lui permettant de dépasser la simple fantasy pour le faire entrer dans les mêmes problématiques que la littérature générale, le côté épique en plus. Cela donne à Timbré un souffle qui manquait aux premiers romans de Pratchett.

On ressort ainsi de ce roman avec le sentiment d'avoir eu accès à la fois à une rédemption personnelle et à une attaque de notre société consumériste déshumanisée, dans laquelle l'homme compte moins que l'argent qu'il peut rapporter. A l'heure de cette crise mondiale qui écrase tout le monde, ce roman de Pratchett va sans doute parler d'une voix un peu plus forte encore. A cela s'ajoute une critique acerbe des services publics britanniques qui ne fonctionnent plus vraiment comme tels. Mais n'est-ce pas le cas dans de nombreux pays? Et c'est justement là que la critique touche le plus, dans ce côté universel du message qu'elle véhicule, nous faisant prendre conscience qu'une partie du monde que nous connaissons depuis deux siècles est en train de s'effondrer, comme à Ankh-Morpok. Un grand roman de Pratchett qui annonce d'ailleurs le suivant de manière subtile.

Denis Labbé , LeFantastique.net

Publié le 9 mars 2009

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