On ne pensait pas les allemands capables de faire vraiment dans l'épique à tout va. Juste avions-nous bien connaissance d'un géant comme Eschbach, voir encore le très populaire Hohlbein et le jeune prometteur qu'est Michael Marrak, dont on attend encore le grand retour. Mais le registre épique demeurait chez les allemands en règle générale comme un problème, ou du moins ne l'enviageaient-ils pas de cette manière; premièrement en raison de l'écueil du passé un peu lourd qui est le leur, mais aussi d'une société allemande de plus en plus attirée par la nouveauté littéraire et les diverses ubiquités de que cela permet. (...) Si on rencontre bien des éléments qui font plus "science-fiction" dans ce premier opus fascinant (l'engin volant de Nicolo, l'éther comme source d'énergie), c'est juste pour servir de prétexte à dresser le portrait de deux civilisations bien différentes, et peut-être aussi deux façons de voir le monde. D'un côté, une peuplade asiatique à la poésie aussi discrète et précieuse que leur langage, le tout mâtine de furieux guerriers madchous; de l'autre une espèce d'utopie recouvrant une micro-société à l'italienne, le tout dans un dix-huitième siècle transfiguré par la magie d'une histoire réactivant de vieux archétypes au service d'une histoire qui toujours veut se démarquer du genre mais dont on peut sentir quelques influences américaines : comme par exemple ces fameux dragons qui évoquent les très scientistes dragons de Pern d'Anne MacCafrey. (...) Meyer opère au même prodige fabuliste, réunissant les stances du conte pour aristocrate et un magique plus conventionnel à une science jamais dévoilée mais plutôt mise en suspend pour comprendre qu'entre les cultures et les personnes, il n'y a qu'un ensemble de valeurs bien provisoires qui les séparent, rien d'autre. Le résultat demeure alléchant, beau au possible, avec au final une belle réinterprétation d'un mythe arthurien afin de le faire intéragir dans un autre sens. La subversive mais belle plume de Meyer fait son effet, on demeure emballé par autant de pittoresque et d'intelligence. Une belle histoire d'amour doublée d'une quête d'identité, et un combat symbolique contre le temps et ses maîtres, l'asservissement, et donc la naissance de la révolte. Remarquable. Emmanuel Collot

Meyer - La Soie et l'Epée - Emmanuel Collot

On ne pensait pas les allemands capables de faire vraiment dans l'épique à tout va. Juste avions-nous bien connaissance d'un géant comme Eschbach, voir encore le très populaire Hohlbein et le jeune prometteur qu'est Michael Marrak, dont on attend encore le grand retour. Mais le registre épique demeurait chez les allemands en règle générale comme un problème, ou du moins ne l'enviageaient-ils pas de cette manière; premièrement en raison de l'écueil du passé un peu lourd qui est le leur, mais aussi d'une société allemande de plus en plus attirée par la nouveauté littéraire et les diverses ubiquités de que cela permet. (...)

Si on rencontre bien des éléments qui font plus "science-fiction" dans ce premier opus fascinant (l'engin volant de Nicolo, l'éther comme source d'énergie), c'est juste pour servir de prétexte à dresser le portrait de deux civilisations bien différentes, et peut-être aussi deux façons de voir le monde. D'un côté, une peuplade asiatique à la poésie aussi discrète et précieuse que leur langage, le tout mâtine de furieux guerriers madchous; de l'autre une espèce d'utopie recouvrant une micro-société à l'italienne, le tout dans un dix-huitième siècle transfiguré par la magie d'une histoire réactivant de vieux archétypes au service d'une histoire qui toujours veut se démarquer du genre mais dont on peut sentir quelques influences américaines : comme par exemple ces fameux dragons qui évoquent les très scientistes dragons de Pern d'Anne MacCafrey. (...)

Meyer opère au même prodige fabuliste, réunissant les stances du conte pour aristocrate et un magique plus conventionnel à une science jamais dévoilée mais plutôt mise en suspend pour comprendre qu'entre les cultures et les personnes, il n'y a qu'un ensemble de valeurs bien provisoires qui les séparent, rien d'autre.

Le résultat demeure alléchant, beau au possible, avec au final une belle réinterprétation d'un mythe arthurien afin de le faire intéragir dans un autre sens. La subversive mais belle plume de Meyer fait son effet, on demeure emballé par autant de pittoresque et d'intelligence. Une belle histoire d'amour doublée d'une quête d'identité, et un combat symbolique contre le temps et ses maîtres, l'asservissement, et donc la naissance de la révolte.

Remarquable.

Emmanuel Collot

Publié le 21 février 2013

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