Je ne me suis pas ennuyé, l'attention du lecteur est sans cesse renouvelée lorsque cette maman imprévisible et déconcertante interpelle et prend sa fille à témoin.

Clark - Le tour du monde en ... 80 jours
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Il n’est pas simple ce roman. Le clap de début est déroutant. De peur de me perdre j’ai pris des notes. Bien m’en a pris car il va y avoir une interro écrite. La narratrice écrit une longue lettre à sa fille, elles se sont perdues de vue depuis dix ans. La lettre sera-t-elle lue jusqu’à la fin ? La menace d’une interro écrite, c’est pour être sûr que les confidences de la mère seront lues intégralement.

J’aime bien les récits compliqués, prendre des notes, revenir en arrière, progresser lentement pour en déguster toutes ses subtilités. Et il en a à foison. Il y a les réflexions sur la maternité, sur l’éducation des enfants ou sur le féminisme avec en toile de fond un monde au plus mal : « Combien d’années à cuire dans le peu de jus qu’il nous reste, tassés dans nos frontières de pays riches, comme des cons d’ours polaires sur leurs derniers glaçons ? Dehors le vent brûle … Dans son sillage ardent remontent les pauvres et les gazelles ».

Donner naissance à un super héros pour sauver le monde, il fallait y penser mais il manque un manuel d’éducation. Cette maman est quand même un peu déjantée pour mettre à mal le principe de l’enfant idéalisé « mon enfant ne peut être que le plus beau, le plus fort, le meilleur ». Un super héros cela se réfléchit bien avant la conception et il faut non seulement l’éduquer mais aussi l’entraîner car il va avoir tant de combats à mener. Ce futur super héros elle l’a appelé Clark, tout simplement, à condition que ce soit un garçon. J’ai été  enthousiasmé ( par la lucidité de la citoyenne ), parfois choqué ( le père n'est peut-être pas qu’un géniteur ), souvent attendri ( par l’immense amour maternel ). J’ai été ému par les drames comme le handicap, par l’inconcevable comme la mort ou par la peur de la séparation lorsque l’enfant devient adulte. Anouk Langaney sait aussi dédramatiser avec des pointes d'humour décalé bien à propos. Je ne me suis pas ennuyé, l'attention du lecteur est sans cesse renouvelée lorsque cette maman imprévisible et déconcertante interpelle et prend sa fille à témoin.

Mais que vient faire cette lecture dans un blog censé parler de polar ? Anouk Langaney parle aussi de crimes, des crimes contre l’environnement et de ceux qui les commettent : « … grands groupes pollueurs, politiciens corrompus qui leur laissent les coudées franches, et tous ceux qui bouffent à leurs râteliers ». Des étés torrides, c’est bien la conséquence de crimes ! Jeune adulte, Clark peut entrer en action pour sauver la planète dans les pas de sa mère. Des pas que l’on croit assurés lorsque le cœur parle mais en fait bien hésitants car elle n’avait pas tout prévu et pas seulement lors de leurs actions écoterroristes.  Ainsi va la vie.

Publié le 18 janvier 2023

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