Dans un style débridé, qui ne s’offusque pas d’un sacré franc-parler en rupture avec toutes les idées préconçues sur la maternité, elle explique, sans se disculper, pourquoi elle a élevé son fils avec en tête un objectif très précis: en faire un super-héros.

Clark - Le Courrier
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Les éditions L’Atalante, qu’on associe volontiers à la science fiction, renouent avec leurs premières amours en confiant une nouvelle collection, les Fondus au Noir, à deux fins connaisseurs du polar. Car sous ce nom se cachent Caroline de Benedetti et Emeric Cloche, qui promeuvent leur genre de prédilection depuis une quinzaine d’années. Ils deviennent désormais passeurs en publiant sous le label Fusion les textes qu’ils auront minutieusement dénichés. Après un classique mais très efficace policier traduit de l’allemand – Nuit bleue de Simone Buchholz –, leur deuxième pépite se révèle bien plus surprenante et se joue des codes du roman noir.

La narratrice, née de l’imagination de la Corse Anouk Langaney qui signe avec Clark son quatrième texte, écrit une longue lettre à sa lle avec qui elle est en froid. Dans un style débridé, qui ne s’offusque pas d’un sacré franc-parler en rupture avec toutes les idées préconçues sur la maternité, elle explique, sans se disculper, pourquoi elle a élevé son fils avec en tête un objectif très précis: en faire un super-héros. Bien qu’affublé du prénom de Superman, ce dernier ne possède certes pas de super-pouvoirs. Il aura par contre subi un entraînement digne d’un samouraï et grandi dans la conscience aiguë des infamies mondiales, notamment environnementales.

Main dans la main, mère et fils entament leur croisade. Mais leurs bonnes intentions pavent leur enfer, et peu à peu la créature revendique son indépendance. Cette réflexion sur la notion de sacrifice bénéficie d’une accroche qui stimule derechef l’attention. Bien que son rythme finisse par s’essouffler, Clark offre un bon divertissement, pas si innocent.

Amandine Glévarec

Publié le 25 juin 2021

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