Le roman est drôle, intelligent, sans doute le meilleur que j'ai lu de l'auteur, d'autant plus qu'il est servi par une traduction impeccable de Lionel Davoust, et fait attendre avec impatience sa suite, "Lecteurs nés".

Hines - Le Bibliomancien - actusf
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Avec "Magie ex libris" Tome 1 "Le Bibliomancien" de Jim C. Hines, nous avons un roman d'urban fantasy tout à fait original : son héros, Isaac Vainio, est bibliothécaire dans une petite bourgade du Michigan, Copper River. S'il est là, ce n'est par choix mais par punition : il appartient à une société secrète, Die Zwelf Portenaere ou les Douze Gardiens des Portes, fondée par Gutenberg en personne, dont les membres ont pour mission de préserver le secret de l'existence de la magie et des créatures surnaturelles. Isaac jouit d'un don bien particulier, celui de pouvoir plonger la main dans les livres pour en retirer ce dont il a besoin ; étant un bibliomancien fan de SF, il est bien pratique de pouvoir utiliser un sabre-laser ou un pistolet à rayons et autres inventions extraordinaires face aux vampires et à tous les autres méchants qui hantent le monde. Suite à une intervention qui a mal tourné, d'agent de terrain il s'est retrouvé catalogueur de livres au fin fond de nulle part. Mais lorsque des vampires attaquent sa bibliothèque, il va se retrouver malgré lui - mais quelque part heureux de revenir aux affaires - entraîné dans un conflit entre non-morts et Gardiens. Aidé de sa fidèle Titache, une araignée qui peut mettre le feu quand elle est excitée et qui détecte le danger (un clin d'oeil sympathique à son bon diptyque de fantasy "Le Gobelin", paru aussi à L'Atalante), et de la dryade Lena, il va partir sur les traces de Gutenberg, disparu mystérieusement, et dénouer les fils d'un complot machiavélique. Plein d'idées originales comme la cause de la multiplication des créatures surnaturelles, l'emploi d'armes impossibles ou encore la manière d'utiliser le don de bibliomancien, le roman se déroule à un rythme effréné mais toujours plein d'humour : l'auteur se déchaîne avec l'emploi de livres divers (il a manifestement une connaissance très étendue de la SF et de la fantasy américaines) auxquels il ajoute des livres inexistants (plaisir du lecteur que de deviner lesquels, sauf à tricher en consultant la bibliographie des pp 345-346) et en donnant à l'explorateur espagnol Ponce de Léon, l'homme qui cherchait la Fontaine de jouvence, un rôle principal tout à fait inattendu, et Hines, ne reculant devant rien, fait de Nicola Pallas, la chef d'Isaac, une excentrique croisant dans son élevage des chupacabras avec des caniches pour voir les résultats en terme d'hybridation... Le roman est drôle, intelligent, sans doute le meilleur que j'ai lu de l'auteur, d'autant plus qu'il est servi par une traduction impeccable de Lionel Davoust, et fait attendre avec impatience sa suite, "Lecteurs nés".
 
 
 Jean-Luc Rivera - Actusf
Publié le 7 septembre 2016

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