Ce roman, c'est un 45-tours de punk rock. un chef-d'œuvre dans sa catégorie, celle des inclassables qui résistent à toutes les étiquettes.

Oublie que je t'ai tuée - Le Point
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Ce roman, c'est un 45-tours de punk rock. Guitare, basse, batterie, chant et basta. Court, diablement séduisant et efficace. Des riffs qui claquent sec et fort. Tempo rapide, rythme binaire, pas de complications inutiles : c'est franc, malpoli, ça va droit au but. Plein de rage et de maîtrise à la fois : un chef-d'œuvre dans sa catégorie, celle des inclassables qui résistent à toutes les étiquettes. Son genre est celui du polar, dans sa veine comique et ironique. Une tradition solide, qui ne se prend pas au sérieux mais fait les choses dans les règles de l'art. Ici, il y a tout ce qu'il faut de sexe et de violence, de décors new-yorkais, de dialogues au cordeau, de personnages et de situations à vous faire mourir de rire, tendance Donald Westlake, avec l'énergie et la drôlerie d'un John Fante. Dans le jury, Hannelore Cayre, sous le charme, a cité Wilt, de Tom Sharpe, et les frères Coen. C'est vrai aussi.

Cet écrivain belge d'origine turque, qui a déjà publié un certain nombre de romans noirs dont Le Second Disciple (EquinoX, 2019), dans une veine très différente, devait avoir quelques références en tête pour se lancer dans ce récit tonitruant de faux Amerloque, mais de vrai Belge, tendance Benoît Poelvoorde plutôt que Simenon. Quant à l'histoire… Comment raconter l'extravagance de cette intrigue implacable jusqu'à la fin ? Stanley est un écrivain qui n'écrit pas vraiment. Il a le sentiment de passer à côté de sa vie auprès de sa femme Susannah qui, elle, réussit tout. Là-dessus, il tombe amoureux et entame une double vie impossible à tenir, problème qu'il va tenter de résoudre de la pire des manières, avec les pires des complices. Sa lâcheté, ses mensonges et l'amateurisme dans l'exécution d'un crime feront le reste, c'est-à-dire une histoire aussi attachante que tordante.

François Pirola

Publié le 11 avril 2024

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