Les pages se tournent, les lignes s'effacent, l'Europe du future, angoissante, se met en place. FUTU.RE tient aussi sa promesse: celle d'interroger le lecteur sur notre société actuelle, en décrivant avec précision les arbres futuristes que pourraient devenir les mauvaises graines d'aujourd'hui. Le concept est pourtant loin d'être nouveau -Huxley, Orwell, K. Dick, Rufin etc.-, force est de constater que Dmitry Glukhovsky arrive à éviter le piège de la redite et du déjà-vu.

Glukhovsky - FUTU.RE - L'Express
Article Original

L'éditeur anglais Ford Madox Ford (1873-1939) aurait un jour prétendu qu'il pouvait juger de la qualité d'un manuscrit à la lecture de sa seule page 99, comme un coup de sonde en plein coeur du livre. FUTU.RE de Dmitry Glukhovsky (éd. L'Atalante) n'échappe pas au test.

Verdict

Cette page 99, qui clôture le chapitre quatre, Rêves, ne nous apprend rien sur le système politique, le modèle social ou économique du monde imaginé par Dmitry Glukhovsky. Elle révèle, en revanche, un élément clef du livre: la pseudo-utopique société européenne n'a pas éliminé l'extrême violence. La lutte qui oppose le narrateur à un autre personage -dont nous tairons l'identité pour ne pas nuire à l'intrigue- est rythmée par l'écriture de l'auteur: simple, épurée, vive, toute en phrase courte le tout à la première personne. Le vocabulaire, comme la scène décrite, est lui aussi violent, brutal. 

Cette page 99 nous donne-t-elle envie de lire FUTU.RE ? Assurément. Et pour ne rien cacher, nous avons même dévoré l'ouvrage, tant l'intrigue est prenante dès les premières pages. L'écriture, si elle n'est pas aussi violente que dans cette page 99, est efficace et agréable. Les pages se tournent, les lignes s'effacent, l'Europe du future, angoissante, se met en place. FUTU.RE tient aussi sa promesse: celle d'interroger le lecteur sur notre société actuelle, en décrivant avec précision les arbres futuristes que pourraient devenir les mauvaises graines d'aujourd'hui. Le concept est pourtant loin d'être nouveau -Huxley, Orwell, K. Dick, Rufin etc.-, force est de constater que Dmitry Glukhovsky arrive à éviter le piège de la redite et du déjà-vu.

L'Express

Publié le 25 septembre 2015

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