Le coiffeur qui écrit des nouvelles au rasoir Coiffeur à Bouaye devenu formateur, Anthony Galifot signe un recueil de nouvelles qui défrisent le milieu de la coiffure. La noble maison d'édition Atalante les a aimées et publie Autour du fauteuil. C'est l'histoire d'un coiffeur qui aimait tant lire, qu'il s'est mis à écrire. « Un jour, j'ai eu une idée, j'ai écrit une histoire. Puis deux... ». Anthony Galifot ne trouvait pas ses nouvelles formidables. Mais un copain, lui, les a envoyées à L'éclaireur des coiffeurs, magazine pro, qui les a publiées. Une, puis deux... La revue en voulait plus. Anthony en a écrit douze. Comme il lisait beaucoup de SF, aimait beaucoup Pierre Bordage et adorait sa maison d'édition, il a adressé ses nouvelles à l'Atalante, à Nantes. Bingo. L'Atalante a aimé. Anthony en a signées 17 au total. Que des histoires de coiffure réunies sous le nom Autour du fauteuil. Pourquoi aller chercher plus loin ? « On a quand même la plus grande encyclopédie de gens sur nos fauteuils. Toutes les couches sociales toutes différentes et avec autant de passions différentes », note le maître-barbier qui fait plus dans le noir que dans la couleur avec des scènes du quotidien, dépeintes avec beaucoup d'ironie : les gamins que la mère « confie » au coiffeur le temps de quelques courses, la scène des poux, les prises de rendez-vous prise de tête, l'odieux client roi... « Mes collègues me disent tous se reconnaître. Ce sont des situations que nous avons tous vécues », raconte Anthony Galifot qui a lâché son salon de Bouaye en 2000 pour la coiffure studio et la formation. « L'écriture reste dans la veine de mon métier : la créativité ». Littérature de salon... de coiffure Les salons, une mine d'or, oui. Parce que déjà, on y parle beaucoup. « À partir du moment où on touche physiquement les gens, on rentre dans leur intimité ». Parce que la phrase a de la gueule aussi. « Je vous dégage l'oreille ? » Hors contexte, la phrase pourrait être d'Audiard. Elle est juste tirée du quotidien de la coiffure. Anthony Galifot en aligne quelques-unes du même acabit dans une nouvelle intitulée florilège. Les nouvelles ont nécessité quelques coupes et une bonne mise en pli. Anthony Galifot le reconnaît. Et, en toute humilité, admet quelques longueurs. Il est coiffeur. Pas écrivain. Et c'est un premier essai. Mais, le maître-barbier qui ne coupe qu'au rasoir-couteau a un indiscutable don des chutes et des fins tranchantes. « Comme avec le rasoir, il faut tenir le fil ! » Coquetterie ou excentricité supplémentaire, il dessine lui-même les longs manches en argent de ses rasoirs. « Quand j'ai vu les rasoirs de Johnny Deep, le coiffeur assassin de Sweeny Todd de Tim Burton, j'ai dit je veux les mêmes ! » C'est cette différence tendance rebrousse-poil que l'Atalante a sentie dans ce « manuscrit arrivé par la poste comme on dit. Il y a tout de suite eu quelque chose. Un truc familier, à la limite du fantastique... On a rencontré l'homme et on a eu envie de le suivre dans notre collection sans genre (et sans non). » La semaine dernière, le coiffeur a signé son livre au salon mondial de la coiffure à Paris. Soixante-dix s'en sont vendus en deux jours à la surprise de la maison d'édition. Pas rien. Deux milieux se rencontrent, unis par le coiffeur-auteur qui signe une vraie raie au milieu... Samedi 29 septembre, Anthony Galifot est en dédicace à 18 h au salon Square F, rue de la ville-en-pierre à Nantes. Autour du fauteuil, en vente à la librairie l'Atanlante et toutes les librairies. 10,50 €. Véronique ESCOLANO Ouest France

Galifot - Autour du fauteuil - Ouest France

Le coiffeur qui écrit des nouvelles au rasoir

Coiffeur à Bouaye devenu formateur, Anthony Galifot signe un recueil de nouvelles qui défrisent le milieu de la coiffure. La noble maison d'édition Atalante les a aimées et publie Autour du fauteuil.

C'est l'histoire d'un coiffeur qui aimait tant lire, qu'il s'est mis à écrire. « Un jour, j'ai eu une idée, j'ai écrit une histoire. Puis deux... ». Anthony Galifot ne trouvait pas ses nouvelles formidables. Mais un copain, lui, les a envoyées à L'éclaireur des coiffeurs, magazine pro, qui les a publiées. Une, puis deux... La revue en voulait plus. Anthony en a écrit douze. Comme il lisait beaucoup de SF, aimait beaucoup Pierre Bordage et adorait sa maison d'édition, il a adressé ses nouvelles à l'Atalante, à Nantes. Bingo. L'Atalante a aimé. Anthony en a signées 17 au total. Que des histoires de coiffure réunies sous le nom Autour du fauteuil.

Pourquoi aller chercher plus loin ? « On a quand même la plus grande encyclopédie de gens sur nos fauteuils. Toutes les couches sociales toutes différentes et avec autant de passions différentes », note le maître-barbier qui fait plus dans le noir que dans la couleur avec des scènes du quotidien, dépeintes avec beaucoup d'ironie : les gamins que la mère « confie » au coiffeur le temps de quelques courses, la scène des poux, les prises de rendez-vous prise de tête, l'odieux client roi... « Mes collègues me disent tous se reconnaître. Ce sont des situations que nous avons tous vécues », raconte Anthony Galifot qui a lâché son salon de Bouaye en 2000 pour la coiffure studio et la formation. « L'écriture reste dans la veine de mon métier : la créativité ».

Littérature de salon... de coiffure

Les salons, une mine d'or, oui. Parce que déjà, on y parle beaucoup. « À partir du moment où on touche physiquement les gens, on rentre dans leur intimité ». Parce que la phrase a de la gueule aussi. « Je vous dégage l'oreille ? » Hors contexte, la phrase pourrait être d'Audiard. Elle est juste tirée du quotidien de la coiffure. Anthony Galifot en aligne quelques-unes du même acabit dans une nouvelle intitulée florilège.

Les nouvelles ont nécessité quelques coupes et une bonne mise en pli. Anthony Galifot le reconnaît. Et, en toute humilité, admet quelques longueurs. Il est coiffeur. Pas écrivain. Et c'est un premier essai. Mais, le maître-barbier qui ne coupe qu'au rasoir-couteau a un indiscutable don des chutes et des fins tranchantes. « Comme avec le rasoir, il faut tenir le fil ! » Coquetterie ou excentricité supplémentaire, il dessine lui-même les longs manches en argent de ses rasoirs. « Quand j'ai vu les rasoirs de Johnny Deep, le coiffeur assassin de Sweeny Todd de Tim Burton, j'ai dit je veux les mêmes ! »

C'est cette différence tendance rebrousse-poil que l'Atalante a sentie dans ce « manuscrit arrivé par la poste comme on dit. Il y a tout de suite eu quelque chose. Un truc familier, à la limite du fantastique... On a rencontré l'homme et on a eu envie de le suivre dans notre collection sans genre (et sans non). »

La semaine dernière, le coiffeur a signé son livre au salon mondial de la coiffure à Paris. Soixante-dix s'en sont vendus en deux jours à la surprise de la maison d'édition. Pas rien. Deux milieux se rencontrent, unis par le coiffeur-auteur qui signe une vraie raie au milieu...

Samedi 29 septembre, Anthony Galifot est en dédicace à 18 h au salon Square F, rue de la ville-en-pierre à Nantes. Autour du fauteuil, en vente à la librairie l'Atanlante et toutes les librairies. 10,50 €.

Véronique ESCOLANO
Ouest France

Publié le 8 octobre 2012

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