Interview sur le vif Anthony Galifot, férocement vôtre ANTHONY GALIFOT, COIFFEUR ET FORMATEUR DE SON ÉTAT, VIENT DE PUBLIER LE RECUEIL DE NOUVELLES AUTOUR DU FAUTEUIL (L'ATALANTE). AU COEUR DE SON INSPIRATION ? LE SALON DE COIFFURE, BIEN SÛR, QU'IL DÉCLINE EN AUTANT DE PERSONNAGES VULNÉRABLES OU EFFRAYANTS : CLIENTS INGRATS, PATRONS DANGEREUX OU AU BORD DU GOUFFRE, FEMMES EN QUÊTE DU REGARD QUI LES RENDRA BELLES, COIFFEURS UN PEU SADIQUES OU SERIAL COUPEURS »... IL CROQUE À PLEINES DENTS UNE FÉROCE GALERIE DE PORTRAITS, OÙ L'HUMOUR NOIR LE DISPUTE À LA TENDRESSE. INTERVIEW... UN BRIN CAUSTIQUE. C'est dur de garder son sang froid dans un salon de coiffure ? Parfois, oui ! Le petit qui bouge sans que le parent ne dise quoi que ce soit, l'échange téléphonique qui s' éternise, l'ingratitude, mais surtout l'impatience de certains clients. Le pire, c'est quand on part en vacances et qu'un(e) client(e) appelle pour un rendez-vous et s'exclame : « Vous parlez trois semaines ? Mais comment je mis faire ? » Alors que ce sont les seuls congés que vous prenez dans l'année ! Qu'est-ce qui vous pousserait le plus à bout ? Quasiment au point... de tuer quelqu'un ? Le client de 18h30 qui arrive avec une demi-heure de retard sans s'excuser, à qui on dit que ça va être difficile car on a du monde, et qui répond : « Ce n'est pas grave, je vais attendre » ! A la lecture de votre recueil de nouvelles, on se rend compte que, finalement, le salon de coiffure est un endroit dangereux. Et pas que pour les clients... En fait, nous ne sommes pas à l'abri d'un désaxé qui prendrait notre paire de ciseaux ou notre rasoir pour nous planter... Mais je crois que le plus dangereux, c'est encore le mari mécontent de la coupe de sa femme. Quel est votre souvenir le plus effrayant ? Avoir à mettre les doigts dans la bouche qui « séchait » sous le casque et qui avait abusé d'un médicament, devoir lui donner des gifles pour qu'elle reste consciente en attendant les pompiers... On a bien cru la perdre. Le plus jouissif ? Raser la tête d'un gamin dont la mère avait voulu jouer à la coiffeuse avec une tondeuse : il était arrivé avec une coupe tout en cratèrs. Quel bonheur de lire la honte dans le regard de sa mère ! Comment imaginez-vous le salon de demain ? La réalité n'a-t-elle pas déjà rattrapé la fiction ? L'évolution technologique va tellementv ite que tout est possible aujourd' hui, ma machine de coiffage automatisée, dans « Geek», est par exemple réalisable ! La coiffure n'est-elle pas une secte, finalement ? On pourrait dire que oui, par certain côtés, puisque nous avons nos grands gourous ! La pire boulette d'un employé ou d'un apprenti ? Le client qui veut une coupe tondeuse pas trop courte, et l'employé qui oublie de mettre la cale... Le meilleur moment ? Il y en a beaucoup, finalement. Cela peut être, après avoir coiffé une jeune femme pendant quinze ans, de s'occuper d'elle pour son mariage, et de vouloir la rendre la plus belle possible. Mais le moment le plus fort de tous, c'est peut-être quand on la verra arriver avec son premier enfant dans les bras, en mère accomplie, et quand on croisera le regard de la petite fille qu'on a connue Que regrettez-vous dans la coiffure « d'hier » ? Le martelage au fer, le crans directs, la boucle sur champs, la tondeuse à main, la file d'attente, quand les anciens faisaient descendre les enfants du fauteuil, les coiffeurs à blouses... La tradition. Vos projets ? Continuer à m'amuser, choquer, transmettre mais surtout susciter une émotion, qu'elle soit positive ou négative : dans notre métier, c'est l'ignorance, le « bof » qui nous détruit. Comme dit Stéphane Amaru, c'est l'effet « wahou » qu'il faut chercher ! Une envie ? Avoir un salon sans miroir, pour que la cliente découvre dans les vitres, vitrines et autres rétroviseurs sa nouvelle tête !   Eve Laborderie L'Eclaireur Plus

Galifot - Autour du fauteuil - L'Eclaireur Plus

Interview sur le vif
Anthony Galifot, férocement vôtre

ANTHONY GALIFOT, COIFFEUR ET FORMATEUR DE SON ÉTAT, VIENT DE PUBLIER LE RECUEIL DE NOUVELLES AUTOUR DU FAUTEUIL (L'ATALANTE). AU COEUR DE SON INSPIRATION ? LE SALON DE COIFFURE, BIEN SÛR, QU'IL DÉCLINE EN AUTANT DE PERSONNAGES VULNÉRABLES OU EFFRAYANTS : CLIENTS INGRATS, PATRONS DANGEREUX OU AU BORD DU GOUFFRE, FEMMES EN QUÊTE DU REGARD QUI LES RENDRA BELLES, COIFFEURS UN PEU SADIQUES OU SERIAL COUPEURS »... IL CROQUE À PLEINES DENTS UNE FÉROCE GALERIE DE PORTRAITS, OÙ L'HUMOUR NOIR LE DISPUTE À LA TENDRESSE. INTERVIEW... UN BRIN CAUSTIQUE.

C'est dur de garder son sang froid dans un salon de coiffure ?
Parfois, oui ! Le petit qui bouge sans que le parent ne dise quoi que ce soit, l'échange téléphonique qui s' éternise, l'ingratitude, mais surtout l'impatience de certains clients. Le pire, c'est quand on part en vacances et qu'un(e) client(e) appelle pour un rendez-vous et s'exclame : « Vous parlez trois semaines ? Mais comment je mis faire ? » Alors que ce sont les seuls congés que vous prenez dans l'année !

Qu'est-ce qui vous pousserait le plus à bout ? Quasiment au point... de tuer quelqu'un ?
Le client de 18h30 qui arrive avec une demi-heure de retard sans s'excuser, à qui on dit que ça va être difficile
car on a du monde, et qui répond : « Ce n'est pas grave, je vais attendre » !

A la lecture de votre recueil de nouvelles, on se rend compte que, finalement, le salon de coiffure est un endroit dangereux. Et pas que pour les clients...
En fait, nous ne sommes pas à l'abri d'un désaxé qui prendrait notre paire de ciseaux ou notre rasoir pour nous planter... Mais je crois que le plus dangereux, c'est encore le mari mécontent de la coupe de sa femme.

Quel est votre souvenir le plus effrayant ?
Avoir à mettre les doigts dans la bouche qui « séchait » sous le casque et qui avait abusé d'un médicament, devoir lui donner des gifles pour qu'elle reste consciente en attendant les pompiers... On a bien cru la perdre.

Le plus jouissif ?
Raser la tête d'un gamin dont la mère avait voulu jouer à la coiffeuse avec une tondeuse : il était arrivé avec une coupe tout en cratèrs. Quel bonheur de lire la honte dans le regard de sa mère !

Comment imaginez-vous le salon de demain ? La réalité n'a-t-elle pas déjà rattrapé la fiction ?
L'évolution technologique va tellementv ite que tout est possible aujourd' hui, ma machine de coiffage automatisée, dans « Geek», est par exemple réalisable !

La coiffure n'est-elle pas une secte, finalement ?
On pourrait dire que oui, par certain côtés, puisque nous avons nos grands gourous !

La pire boulette d'un employé ou d'un apprenti ?
Le client qui veut une coupe tondeuse pas trop courte, et l'employé qui oublie de mettre la cale...

Le meilleur moment ?
Il y en a beaucoup, finalement. Cela peut être, après avoir coiffé une jeune femme pendant quinze ans, de s'occuper d'elle pour son mariage, et de vouloir la rendre la plus belle possible. Mais le moment le plus fort de tous, c'est peut-être quand on la verra arriver avec son premier enfant dans les bras, en mère accomplie, et quand on croisera le regard de la petite fille qu'on a connue

Que regrettez-vous dans la coiffure « d'hier » ?
Le martelage au fer, le crans directs, la boucle sur champs, la tondeuse à main, la file d'attente, quand les anciens
faisaient descendre les enfants du fauteuil, les coiffeurs à blouses... La tradition.

Vos projets ?
Continuer à m'amuser, choquer, transmettre mais surtout susciter une émotion, qu'elle soit positive ou négative : dans notre métier, c'est l'ignorance, le « bof » qui nous détruit. Comme dit Stéphane Amaru, c'est l'effet « wahou » qu'il faut chercher !

Une envie ?
Avoir un salon sans miroir, pour que la cliente découvre dans les vitres, vitrines et autres rétroviseurs sa nouvelle tête !

 

Eve Laborderie
L'Eclaireur Plus

Publié le 2 octobre 2012

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