Théo est un grand fan des romans fantastiques de l’énigmatique Stan Iala. Aussi, quand son père se propose de l’emmener sur le tournage de l’adaptation cinématographique de son dernier livre, l’adolescent saute sur l’occasion. Sauf que rien ne se passe comme prévu et Théo se voit propulsé dans les années 80, contraint de mener à bien une mission… dont il ne connaît pas l’enjeu !
Une intrigue qui dévoile l’humanité de ses protagonistes
L’Horloge du temps perdu présente un déroulement narratif relativement classique en apparence, mais bien exécuté. Théo a une mission, il doit enquêter pour comprendre en quoi elle consiste et ne peut échouer sous peine de rester bloqué une trentaine d’années avant son temps. Les protagonistes de cette histoire ont du caractère et un background fouillé. Théo attire la sympathie et la plupart de ceux qu’il rencontre dans son aventure son ambigus, présentant des bons côtés mais aussi certains travers ou secrets. Ils sont de simples humains, avec des failles, et les adolescents subissent leur âge avec ce qu’il implique de comportements étranges, de lâcheté, de méchanceté, mais aussi de puissance émotionnelle positive comme les amitiés pour la vie.
Confrontation d’époques et de personnalités
L’aspect le plus intéressant du récit
réside dans l’envoi du héros non dans son propre passé mais dans le
passé d’un autre, de son père qui plus est, un père qui était alors
adolescent tout comme lui. L’aventure se révèle alors beaucoup plus
qu’une course contre la montre pour modifier le passé. Théo se retrouve
confronté à une époque très différente, notamment en matière de
technologie et de culture, ce qui lui demande de s’adapter rapidement
pour passer inaperçu.
Il est de plus confronté à la personnalité ado de son père, très
différente de la sienne et de celle de l’adulte qu’il côtoie au
quotidien. Il apprendra ainsi à mieux connaître et comprendre cette
figure centrale de sa vie, d’une manière bien originale.
Une histoire rapide mais finement menée, au parfum de nostalgie
L’aventure est bien rythmée, la lecture
sympathique. Le récit est accessible à partir d’un assez jeune âge
(quoiqu’en matière de littérature jeunesse cela dépend vraiment des
sensibilités) et devrait bien éclater la plupart des ados.
Il est peut être un peu léger et rapide en absolu pour l’adulte qui
verra venir des choses en avance et sera privé donc de certaines
surprises ou d’une certaine intensité de lecture. Cependant, des
références bien intégrées au récit telles que l’omniprésence du film
Retour vers le futur ont de quoi toucher les amateurs de bonne fiction ;
le retour des années 80, son absence de téléphones portables et autres
joyeusetés rappelleront également des souvenirs à beaucoup.
Une écriture aussi convaincante que l’intrigue
Le choix narratif au présent est bien
immersif et la troisième personne du singulier permet de garder un
certain recul sur l’aventure, de lire à la fois l’aventure avec le
regard de Théo et un œil indépendant. La plume est harmonieuse,
maîtrisée. Le fantastique sert parfaitement l’histoire et les chapitres
où Théo s’isole avec la personnalité de son père adolescent son
esthétiquement réussies en plus d’apporter des confrontations
intéressantes.
Bien qu’un peu rapide – il faut dire qu’il s’en passe des choses en peu
de temps – Anne Fakhouri réussit à construire une intrigue très
cohérente et à dévoiler en peu de pages des personnages profonds, leur
histoire, leurs aspirations, leurs peurs, les conséquences de leurs
actes…
Au final, bien que peu épais, L’Horloge du temps perdu recèle de nombreuses qualités. Le lecteur adulte peu rester un peu sur sa faim, notamment sur l’aspect fantastique du voyage dans le temps qui est avant tout prétexte à l’aventure, mais toutes ces actions sont entraînantes et l’aspect humain est convaincant. Une lecture jeunesse à partager, sans aucun doute.