Andreas Eschbach explore des sujets fondamentaux de notre quotidien, sujets dont il fait un traitement exhaustif, érudit et novateur. C’est, par exemple la fin du pétrole dans En panne sèche, les manipulations sur l’organisme dans Le dernier de son espèce ou le vrai visage du Christ dans Jésus vidéo. Cette fois, il s’intéresse et nous passionne avec l’électronique, le développement exponentiel des réseaux de communications et les connexions de plus en plus étroites qui s’envisagent entre le cerveau de l’homme et la machine. Avec un sujet qui peut paraître rebattu, aride, il concocte une intrigue riche en recherches, étayée par des informations et données précises et actuelles, échafaude des hypothèses qui sont loin d’être farfelues. Il imagine, ainsi, que les recherches sur les interfaces cerveau-machine ont abouties et explore toutes les conséquences d’une telle « avancée ». S’il en montre les avantages avec l’accès à toutes les donnes presque instantanément, il se fait l’avocat du diable, dénonçant les excès du progrès et ses outrances. Il intègre aussi un complot des autorités contre une faction qui rejette la technologie utilisée de cette façon et toutes les expérimentations dans ce sens. Il mène un récit habile, aux arguments d’une grande cohérence, maniant avancées réelles, situations authentiques et ce qui est encore des hypothèses, aujourd’hui. Il multiplie les rebondissements, les coups de théâtre avec élégance. Il crée des personnages tout à fait authentiques. Il construit son héros, un petit génie de l’informatique, en intégrant le décalage entre cet adolescent de dix-sept ans, qui réagit en tant que tel, et la maturité que lui donnent ses connaissances dans le domaine informatique. Les possibilités explorées par l’auteur donnent froid dans le dos. C’est la fin de l’individu au profit d’un conglomérat hétéroclite d’esprits constamment en contact, ne pouvant rien garder de personnel. C’est le partage total. Cela dit, l’auteur trouve quelques avantages à cette situation : finie la langue de bois, l’ambiguïté des échanges, les varis mensonges et les fausses vérités, les pertes et déformations dans la communication entre un émetteur et un récepteur. Mais le partage total n’exclus pas l’ambition et la volonté de domination. L’homme reste toujours un prédateur sans pitié. Avec Black*Out, Andreas Eschbach signe un livre magnifique, un superbe roman d’anticipation, servi par une intrigue de grande classe, une analyse fine des possibles. Il conserve une grande humanité pour ses personnages, dans des propos servis par une justesse de ton. Le livre se termine sur bonne nouvelle : ce volume n’est que la première partie. On attend déjà la suite avec impatience.  Serge Perraud - le littéraire.com@font-face { font-family: "Times New Roman"; }@font-face { font-family: "Calibri"; }p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 10pt; font-size: 11pt; font-family: Calibri; }table.MsoNormalTable { font-size: 10pt; font-family: "Times New Roman"; }p.MsoNoteLevel2, li.MsoNoteLevel2, div.MsoNoteLevel2 { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; font-size: 11pt; font-family: Calibri; }div.Section1 { page: Section1; }

Eschbach - Black*Out - lelittéraire.com

Andreas Eschbach explore des sujets fondamentaux de notre quotidien, sujets dont il fait un traitement exhaustif, érudit et novateur. C’est, par exemple la fin du pétrole dans En panne sèche, les manipulations sur l’organisme dans Le dernier de son espèce ou le vrai visage du Christ dans Jésus vidéo.

Cette fois, il s’intéresse et nous passionne avec l’électronique, le développement exponentiel des réseaux de communications et les connexions de plus en plus étroites qui s’envisagent entre le cerveau de l’homme et la machine. Avec un sujet qui peut paraître rebattu, aride, il concocte une intrigue riche en recherches, étayée par des informations et données précises et actuelles, échafaude des hypothèses qui sont loin d’être farfelues. Il imagine, ainsi, que les recherches sur les interfaces cerveau-machine ont abouties et explore toutes les conséquences d’une telle « avancée ». S’il en montre les avantages avec l’accès à toutes les donnes presque instantanément, il se fait l’avocat du diable, dénonçant les excès du progrès et ses outrances. Il intègre aussi un complot des autorités contre une faction qui rejette la technologie utilisée de cette façon et toutes les expérimentations dans ce sens. Il mène un récit habile, aux arguments d’une grande cohérence, maniant avancées réelles, situations authentiques et ce qui est encore des hypothèses, aujourd’hui. Il multiplie les rebondissements, les coups de théâtre avec élégance. Il crée des personnages tout à fait authentiques. Il construit son héros, un petit génie de l’informatique, en intégrant le décalage entre cet adolescent de dix-sept ans, qui réagit en tant que tel, et la maturité que lui donnent ses connaissances dans le domaine informatique. Les possibilités explorées par l’auteur donnent froid dans le dos. C’est la fin de l’individu au profit d’un conglomérat hétéroclite d’esprits constamment en contact, ne pouvant rien garder de personnel. C’est le partage total. Cela dit, l’auteur trouve quelques avantages à cette situation : finie la langue de bois, l’ambiguïté des échanges, les varis mensonges et les fausses vérités, les pertes et déformations dans la communication entre un émetteur et un récepteur. Mais le partage total n’exclus pas l’ambition et la volonté de domination. L’homme reste toujours un prédateur sans pitié.

Avec Black*Out, Andreas Eschbach signe un livre magnifique, un superbe roman d’anticipation, servi par une intrigue de grande classe, une analyse fine des possibles. Il conserve une grande humanité pour ses personnages, dans des propos servis par une justesse de ton. Le livre se termine sur bonne nouvelle : ce volume n’est que la première partie. On attend déjà la suite avec impatience.

 Serge Perraud - le littéraire.com

Publié le 20 octobre 2011

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