Ce dernier volet noue ensemble les fils patiemment tirés au fil des pages en accentuant l'action au fil de l'intrigue.

Bordage - Cité - Galaxies N°78

Avec Cité, Pierre Bordage conclut sa trilogie Métro Paris 2033, cette déclinaison française de l'univers créé par l'écrivain russe Dmitry Glukhovsky. On y retrouve donc les personnages avec lesquels le lecteur a eu le temps de sympathiser... ou non. Les progrès réalisés par Madone dans sa quête visant à instituer une fédération démocratique au sein du réseau métropolitain sont ainsi remis en cause par la coalition constituée des anciens mandars de Petite-Chine, des grossistes de Versailles et du pasteur déchu de l'Église de l'Élévation, Parn. Ce dernier lance en parallèle une véritable croisade génocidaire, visant à exterminer tous les mutants. De l'autre côté de la Seine, sur cette rive droite plus sauvage, Juss, Plaisance, Ray et Aube s'efforcent de survivre aux multiples dangers rencontrés, tout en caressant un objectif : se rendre sur l'île de la Cité, afin d'y rencontrer le légendaire Maître du temps. Quand à Augir, l'ancien secrétaire de Parn, qui s'épanouit grâce à l'amour d'Ame, il voit dans les dvinns, ces mutants dotés d'une capacité de prescience, l'espoir d'un autre avenir. Si Pierre Bordage montre bien que le désir d'émancipation et d'une démocratie authentique, émanation directe du peuple, est un chemin rempli d'embûches, à commencer par l'habitude de l'obéissance et la soif de pouvoir des dirigeants menacés, il reste confiant dans la capacité de la population à être convaincue par la sincérité et la générosité, ici incarnées par Madone ; ce qui ne signifie pas pour autant que les sacrifices et les entorses à certains principes moraux ne soient pas inévitables. Ce dernier volet enfonce en tout cas le clou de la parabole de la crise climatique, tant l'auteur y condamne l'égoïsme des privilégiés, incapables de faire front avec l'humanité commune et d'adopter un mode de vie plus sobre et économe... Plus largement, c'est le triomphe d'une humanité large et ouverte qui est recherché. La principale nouveauté du roman tient au désir d'exploration de la surface, qui est également un trait caractéristique de la trilogie russe, ainsi que certaines considérations précieuses sur la perception du temps dans les couloirs du métro ou l'onomastique de ses habitants. Quelques éléments approfondissent la connaissance de Rive droite, ainsi que la Grande mer de l'est. [...]
Ce dernier volet noue ensemble les fils patiemment tirés au fil des pages en accentuant l'action au fil de l'intrigue.

Jean-Guillaume Lanuque

Publié le 24 août 2022

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