Cela fait bientôt vingt ans que la saga d’Honor Harrington fait le bonheur des amateurs de SF stratégique. Douzième volume aux USA (sans compter les différents spin-off), dix-huitième et dix-neuvième en France, découpage éditorial oblige, En mission nous montre une nouvelle facette de cette héroïne immense, par la taille et par les exploits, au service de l’empire de Manticore : cette fois ci, c’est en temps que diplomate qu’elle devra briller. Une mission d’autant plus difficile que l’amiral n’a rien d’une ambassadrice habituée à la politique et qu’il s’agit de sceller un accord de paix avec l’ennemi de toujours, la république de Havre. Et pendant ce temps-là, dans l’ombre, les dirigeants eugénistes et corrupteurs de l’alignement Mesan sont en train d’avancer leurs derniers pions et de mettre en branle le pivot central de leur conspiration galactique dont Manticore sera la première, et l’une des plus spectaculaires, victime. Permettons-nous un léger hors-sujet afin de catégoriser les lecteurs éventuels de cette chronique du douzième volume de la saga de David Weber. A priori, il n’en existe que deux types : les initiés qui suivent avidement les aventures de l’amiral Harrington et qui tentent également de mettre la main sur les ouvrages périphériques de l’ « Honorverse », malheureusement traduits tardivement et dans le désordre, pour appréhender les tenants et aboutissants de la multitude d’intrigues croisées qui forment ce complexe univers ; les néophytes qui ne connaissent pas du tout ou seulement de nom et/ou qui lisent des critiques pour le plaisir. Aux premiers il y a peu à dire : même si l’ouvrage se révélait médiocre, ce qui n’est pas du tout le cas, il est aussi impensable de s’en dispenser que de mettre de côté certaines pièces d’un puzzle sous prétexte qu’elles sont peu attrayantes. Aux seconds il est tout à fait possible de donner envie de se plonger dans le grand bain mais il leur est fortement conseillé de passer d’abord par la case départ (Mission Basilic, chez le même éditeur et en édition poche chez « J’ai lu » ; attention : risques d’addiction) tant il est difficile et frustrant de lire les tomes d’Honor Harrington de manière indépendante. Revenons-en maintenant aux caractéristiques générales de ce douzième volume et aux quelques points méritant d’être mis en lumière. En premier lieu, 800 pages, ça peut sembler long mais c’est en fait bien trop court. La dernière page nous laisse largement sur notre faim, l’histoire s’interrompant au moment où des évènements d’envergure sont sur le point de se déclencher. On peut néanmoins se rassurer en considérant que le prochain volume est déjà publié aux États-Unis et qu’il ne saurait tarder à être traduit. Le pire c’est qu’on n’a pas l’impression qu’il se soit passé tant de choses durant la lecture de cette douzième partie. La narration suit ce qu’on pourrait appeler la méthode Asimov : l’histoire est davantage racontée par le biais les dialogues entre les personnages que via des descriptions narratives, ce qui n’empêche pas les quelques scènes d’action d’être impressionnantes et très cinématographiques. L’avantage de ce procédé est de faire interagir la pléthore des acteurs de ce récit (vingt pages d’annexe sont consacrées à leur recensement, tout de même) et d’avoir un aperçu plus ou moins subjectif de ce qui se passe dans chaque camp, en l’occurrence l’empire de Manticore, la république de Havre, la ligue Solarienne et l’alignement Mesan. L’inconvénient est que cela délaye l’intrigue et par conséquent casse quelque peu la dynamique du récit. D’autant qu’entre chaque série d’échanges s’intercalent des ellipses assez conséquentes et que le fil temporel n’est pas toujours évident à suivre. L’autre inconvénient réside dans la similarité de bon nombre de personnages, qui semblent plus réciter leur dialogue de manière didactique que vraiment les vivre, et surtout dans leur caricature associée à leur appartenance à telle ou telle faction : par exemple, les manticoriens font tous preuve de sang-froid, d’esprit d’initiative et de discernement tandis que les solariens sont des carriéristes égoïstes et globalement aussi arrogants qu’incompétents. Ce travers tend heureusement à s’effacer devant la finesse des ressorts stratégiques et la pertinence des références historiques, même s’il conduit à un certain manichéisme pratiquement inévitable dans ce type de récits martiaux. Mais ce n’est pas comme si la saga manquait de protagonistes hauts en couleurs dont les personnalités ont eu le temps de s’étoffer au fil des avanies et des bonheurs connus durant les vingt-et-un ans écoulés depuis Mission Basilic. Protagonistes qui vont de nouveau être mis rudement à l’épreuve au court de ce douzième tome. Qu’on se rassure donc : David Weber et son héroïne sont égaux à eux-mêmes dans ce nouveau pilier de l’œuvre monumentale qu’est l’univers d’Honor Harrington et on ne peut que recommander cet ouvrage d’urgence.   Michaël F. Les Vagabonds du rêve

Weber - En mission t.1 et 2 - Les vagabons du rêve
Cela fait bientôt vingt ans que la saga d’Honor Harrington fait le bonheur des amateurs de SF stratégique. Douzième volume aux USA (sans compter les différents spin-off), dix-huitième et dix-neuvième en France, découpage éditorial oblige, En mission nous montre une nouvelle facette de cette héroïne immense, par la taille et par les exploits, au service de l’empire de Manticore : cette fois ci, c’est en temps que diplomate qu’elle devra briller. Une mission d’autant plus difficile que l’amiral n’a rien d’une ambassadrice habituée à la politique et qu’il s’agit de sceller un accord de paix avec l’ennemi de toujours, la république de Havre. Et pendant ce temps-là, dans l’ombre, les dirigeants eugénistes et corrupteurs de l’alignement Mesan sont en train d’avancer leurs derniers pions et de mettre en branle le pivot central de leur conspiration galactique dont Manticore sera la première, et l’une des plus spectaculaires, victime.
Permettons-nous un léger hors-sujet afin de catégoriser les lecteurs éventuels de cette chronique du douzième volume de la saga de David Weber. A priori, il n’en existe que deux types : les initiés qui suivent avidement les aventures de l’amiral Harrington et qui tentent également de mettre la main sur les ouvrages périphériques de l’ « Honorverse », malheureusement traduits tardivement et dans le désordre, pour appréhender les tenants et aboutissants de la multitude d’intrigues croisées qui forment ce complexe univers ; les néophytes qui ne connaissent pas du tout ou seulement de nom et/ou qui lisent des critiques pour le plaisir. Aux premiers il y a peu à dire : même si l’ouvrage se révélait médiocre, ce qui n’est pas du tout le cas, il est aussi impensable de s’en dispenser que de mettre de côté certaines pièces d’un puzzle sous prétexte qu’elles sont peu attrayantes. Aux seconds il est tout à fait possible de donner envie de se plonger dans le grand bain mais il leur est fortement conseillé de passer d’abord par la case départ (Mission Basilic, chez le même éditeur et en édition poche chez « J’ai lu » ; attention : risques d’addiction) tant il est difficile et frustrant de lire les tomes d’Honor Harrington de manière indépendante.
Revenons-en maintenant aux caractéristiques générales de ce douzième volume et aux quelques points méritant d’être mis en lumière. En premier lieu, 800 pages, ça peut sembler long mais c’est en fait bien trop court. La dernière page nous laisse largement sur notre faim, l’histoire s’interrompant au moment où des évènements d’envergure sont sur le point de se déclencher. On peut néanmoins se rassurer en considérant que le prochain volume est déjà publié aux États-Unis et qu’il ne saurait tarder à être traduit. Le pire c’est qu’on n’a pas l’impression qu’il se soit passé tant de choses durant la lecture de cette douzième partie. La narration suit ce qu’on pourrait appeler la méthode Asimov : l’histoire est davantage racontée par le biais les dialogues entre les personnages que via des descriptions narratives, ce qui n’empêche pas les quelques scènes d’action d’être impressionnantes et très cinématographiques.
L’avantage de ce procédé est de faire interagir la pléthore des acteurs de ce récit (vingt pages d’annexe sont consacrées à leur recensement, tout de même) et d’avoir un aperçu plus ou moins subjectif de ce qui se passe dans chaque camp, en l’occurrence l’empire de Manticore, la république de Havre, la ligue Solarienne et l’alignement Mesan.
L’inconvénient est que cela délaye l’intrigue et par conséquent casse quelque peu la dynamique du récit. D’autant qu’entre chaque série d’échanges s’intercalent des ellipses assez conséquentes et que le fil temporel n’est pas toujours évident à suivre. L’autre inconvénient réside dans la similarité de bon nombre de personnages, qui semblent plus réciter leur dialogue de manière didactique que vraiment les vivre, et surtout dans leur caricature associée à leur appartenance à telle ou telle faction : par exemple, les manticoriens font tous preuve de sang-froid, d’esprit d’initiative et de discernement tandis que les solariens sont des carriéristes égoïstes et globalement aussi arrogants qu’incompétents. Ce travers tend heureusement à s’effacer devant la finesse des ressorts stratégiques et la pertinence des références historiques, même s’il conduit à un certain manichéisme pratiquement inévitable dans ce type de récits martiaux. Mais ce n’est pas comme si la saga manquait de protagonistes hauts en couleurs dont les personnalités ont eu le temps de s’étoffer au fil des avanies et des bonheurs connus durant les vingt-et-un ans écoulés depuis Mission Basilic. Protagonistes qui vont de nouveau être mis rudement à l’épreuve au court de ce douzième tome.
Qu’on se rassure donc : David Weber et son héroïne sont égaux à eux-mêmes dans ce nouveau pilier de l’œuvre monumentale qu’est l’univers d’Honor Harrington et on ne peut que recommander cet ouvrage d’urgence.
 
Michaël F.
Publié le 9 mai 2012

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