" Y a quelque chose de pourri au royaume d'Ankh-Morpork. Non, c'est juste Chicard ", comme dirait l'autre. C'est le quinzième volume des annales traduit en francais, et ça a tout l'air d'un polar, ce qui tombe bien, parce que c'en est un, mais version Pratchett, ce qui est mieux.
L'histoire commence à Ankh-Morpork, à la veille de la retraite du Capitaine Vimaire de son mariage avec Dame Ramkin, donc peu après la fin de " au guet ". Alors qu'il s'apprête tranquillement à prendre la retraite, le capitaine Vimaire se voit confié par le Patricien une affaire étrange, qui commence par une explosion dans la guilde des Assassins, en fait le vol déguisé d'une invention étrange, le " fousi ". Ca pourrait se terminer là, mais Vimaire sent qu'on lui cache des choses, les chef de la guilde tentent de minimiser l'affaire, et un des dragons de dame Ramkin a disparu.
Et l'affaire se complique quand on retrouve un premier cadavre dans l'Ankh, avec un trou au milieu du torse. Du coup, il va mener l'enquête avec son équipe. On retrouve donc sur le pied de guerre le sergent Colon, le caporal Chicard, et l'agent Carotte. Avec en plus les nouveaux engagés : Bourricot, un nain hargneux, Détritus, le troll qui veut s'humaniser pour plaire à sa trollesse, et Angua, une femme qui a du chien, si on peut dire ça comme ça. Et tous vont donc essayer de découvrir qui se cache derrière ces meurtres, avant que la cloche sonne et que le capitaine ne soit plus que Vimaire, d'autant que tout ce sang, ça chauffe les esprits, surtout quand les victimes appartiennent à des espèces qui sont traditionnellement en guerre permanente, comme les trolls et les nains. Mais j'en ai déjà trop dit ?
Le Pratchett, ça se savoure, ça se lit et se relit parce qu'on trouve toujours un détail qui nous avait échappé. Ca s'apprend par cœur, même. On ne reviendra pas sur l'univers du disque-monde, ceux qui ne connaissent pas n'ont qu'à lire les autres volumes. Pour ce qui est de l'intrigue, c'est du pur policier, on rame avec les personnages en se demandant qui est le meurtrier du colonel moutarde, on est scotché au livre jusqu'à la fin, et là on se dit " mais c'est bien sûr, pourquoi j'y avais pas pensé ". Digne des 10 petits nègres, quoi, avec en plus la touche Pratchett. Et la touche Pratchett, c'est quelque chose ? Il a trouvé le moyen de rendre les personnages à la fois intéressants, drôles (voir Chicard se transformer en machine de guerre impitoyable ça vaut le détour) et attachants.
A ajouter que comme toujours c'est bourré de références de tous les horizons, comme par exemple Vimaire qui vient d'interroger de chef de la guilde des Assassins, va pour sortir de la pièce, se retourne et dit en se tapant le front " j'oubliais quelque chose " manque plus que la 403 garée dans la rue et le chien.
Les points négatifs, c'est simple, y en a pas. C'est du Pratchett dans tout son art, et traduit génialement, quand on a dit ça on a tout dit.
Le Telmus (27/10/2001)