Le retour des aventures du Guet d’Ankh-Morpork, aka « on se demande bien comment on fait pour résoudre nos enquêtes », nous donne l’occasion de profiter d’un genre littéraire quasi-inexistant : le roman fantasyco-policier (beaucoup de points au scrabble). Quand on sait qu’on se trouve sur le Disque-monde, on se doute bien que tout ne va pas se dérouler comme dans le dernier Dan Brown…
Le scenario, bien que basique au début (le guet recrute sur fond de meurtres mystérieux), se transforme rapidement en un joyeux foutoir. On y retrouve bien sûr les poncifs du roman policier, avec un tueur aussi imprévisible que discret, une enquête qui progresse par tâtonnements et un enquêteur bien décidé à le mettre sous les verrous (parce que bon, finir son service sur un échec quand on s’appelle Samuel Vimaire, c’est comme diviser par zéro : impossible).
Et le génie de la chose, c’est que le policier en quête de vérité est ici une entité composée d’éléments bien différents, mais tous attachants à leur façon. La brigade hétéroclite du Guet permet à chacun de tirer son épingle du jeu, la carte de l’humour fonctionnant à merveille en jouant sur la personnalité des policiers. Le troll Detritus, déjà apparu auparavant, tient enfin un rôle à la (dé)mesure de sa simplicité, et le sergent Angua permet de soulever la question de fond du roman : le racisme.
Entre nain et troll, entre humain et plus-qu’humain, entre homme et femme, c’est l’acceptation de la différence qui place la ville sur une poudrière après le meurtre d’un nain dans son atelier. Seule l’entente entre les différents membres de la brigade parviendra à les faire progresser.
9/10 Un polar avec de l’humour, une ville hétéroclite en toile de fond et une réflexion sur la peur de l’autre, voilà ce qu’est ce 15eme volume des annales du Disque-monde. Le rythme ne faiblit pas une seule seconde, et la dernière page signe comme un au revoir. Un des meilleurs de la saga.