Ce roman est donc un très bon livre de science-fiction, avec le juste dosage entre personnages et scénario. Il nous livre une vision intéressante de ce que pourrait devenir notre monde si l’écologie devenait un sujet d’affrontement armé. Premier roman que je lis de cet auteur, qui m’a donné envie d’en lire d’autres. On peut retenir cette phrase du roman « Elle avait oublié comment la nature pouvait être magnifique quand l’Homme ne la transformait pas en arme ».

Paquet - Jardin d'hiver - Mythologica
Jardin d’hiver est un roman de science-fiction écrit par Olivier Paquet, publié aux éditions L’Atalante. Il s’agit d’un roman riche en idées innovantes accompagné d’une écriture très agréable.

La Tchaïka est un vaisseau piloté par une bande de contrebandiers qui profitent de la guerre en Europe pour s’enrichir. Cette guerre oppose le consortium, regroupement d’ingénieurs utilisant des animaux robotiques comme armes, à la Coop, groupes d’écologistes qui ont développé une technologie permettant de modifier les plantes en armes mortelles. Le quotidien de la tchaïka va être bouleversé le jour où au détour d’une récupération ils trouvent un homme amnésique dans les restes d’un champ de bataille. La Tchaïka va dès lors voyager à travers toute l’Europe, assumant un rôle qui les dépasse.

La couverture de Aurélien Police est un parfait exemple de ce que l’on trouve dans le roman, sorte d’alchimie entre le naturel et l’artificiel.

Au cours du roman, nous observons des points de vue différents sur la situation mais de façon inégale. Le point de vue des contrebandiers (censé être neutre) est bien plus représenté, ce déséquilibre joue un grand rôle dans la façon de faire avancer l’intrigue, en ajoutant une dose de mystères et de suspense. Durant le récit, nous voyageons à travers une grande partie de l’Europe, permettant la découverte d’un continent aux multiples enjeux dévasté par la guerre. L’auteur utilise ce voyage à but initiatique, permettant ainsi à l’équipage de découvrir les forces et les faiblesses des deux factions.

L’écriture de l’auteur est très fluide, ce qui permet de contrebalancer les côtés négatifs d’une histoire au background et aux enjeux politiques complexes. Les chapitres sont assez longs, permettant une immersion complète dans l’action et dans cet univers. Les concepts clefs que l’auteur a imaginés sont décrits avec justesse, ce qui permet au lecteur de se représenter facilement ce monde et de le comprendre. Ce livre recèle une véritable réflexion sur les enjeux écologiques actuels en suggérant un monde où l’écologie est devenue un objet de conflit, appelant à la réflexion sur la place de la nature dans notre société et à nos usages de la faune et de la flore.

Les personnages utilisés par l’auteur sont parfois proches de certains archétypes, surtout pour les personnages secondaires tels que Kostya ou en encore Natalia.  Il y a cependant un véritable travail sur deux personnages principaux, Innocent et Laurée. L’évolution d’Innocent est un point fort du roman, passant de quelqu’un d’amnésique, sorte de boulet à la cheville de l’équipage, à un personnage beaucoup plus sûr de lui, capable de prendre les décisions difficiles. Tandis que l’attachement qui se crée avec Laurée est un moteur efficace pour le scénario et non un simple élément scénaristique.

La coop, en modifiant la nature pour en faire une arme, en oublie ses convictions intimes. Plutôt que de se battre pour sa préservation, elle ne fait que la détériorer davantage. Par cette symbolique de la destruction de ce qui tient à cœur à la coop, Olivier Paquet nous questionne sur les actes que nous sommes ou serions capables d’effectuer pour assouvir nos desseins les plus profonds.

Ce roman est donc un très bon livre de science-fiction, avec le juste dosage entre personnages et scénario. Il nous livre une vision intéressante de ce que pourrait devenir notre monde si l’écologie devenait un sujet d’affrontement armé. Premier roman que je lis de cet auteur, qui m’a donné envie d’en lire d’autres. On peut retenir cette phrase du roman « Elle avait oublié comment la nature pouvait être magnifique quand l’Homme ne la transformait pas en arme ».

Publié le 10 octobre 2016

à propos de la même œuvre