Jardin d’hiver est donc un roman palpitant, qui emprunte à d’autres œuvres tout en gardant une poésie propre, et très bien mis en valeur par une couverture réalisée par Aurélien Police. Un moment de légèreté, qui offre un peu d’originalité, et une note parfois steampunk dans sa description des villes.

Paquet - Jardin d'hiver - Daily Mars
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La SF française a aussi ses auteurs de talent, comme Olivier Paquet, qui nous entraîne à bord d’un vaisseau de contrebandiers au grand cœur, mais aux armes puissantes, dans une Europe où machines et plantes se font la guerre.

L’histoire : Ils sont deux camps. La Coop et ses plantes modifiées, un groupe « écoterroriste ». Le Conservatoire et ses ingénieurs qui ont créé des « daemons », genre d’animaux-robots. Depuis 20 ans, la guerre ne cesse de faire des morts. Depuis le « crime du siècle ». Le réchauffement climatique, les contrées minées. C’est dans cet environnement que l’équipage du Tchaïka évolue. Jusqu’au jour où les contrebandiers tombent sur un champ de bataille d’où ils tirent un jeune homme amnésique. Et si lui avait dans ses mains la clé de la fin du conflit ?

Mon avis : Récit de voyage, récit de découverte de soi, Jardin d’hiver a des inspirations anglo-saxonnes pour un résultat, finalement, européen. Deux influences sont particulièrement visibles. La première est celle des daemons, un concept déjà développé par Philip Pullman dans sa série À la croisée des mondes. Dans le premier tome de ce livre, les adultes et les enfants possèdent un daemon, une représentation de leur âme sous la forme d’un animal qui les accompagne partout. Ici, la technologie a remplacé la nature et des animaux-armes sont reliés aux humains. Un animal pour un humain. L’autre concept est celui, plus diffus, d’un vaisseau de contrebandiers comme une nouvelle famille. Celui finalement développé par Joss Whedon dans Firefly. Ici aussi un équipage mixte tente de trouver une place dans un monde qui ne lui correspond pas. Tente de se racheter. Ici, tout le monde a une vie égale, homme comme femme, tous ont mérité leur place sur le navire qui leur sert de foyer. Ici aussi, un homme est à la recherche de qui il est vraiment et d’où lui viennent les capacités presque surhumaines qu’il possède.

Avec ces deux concepts transversaux, Olivier Paquet pose un débat plus large. Certes, le point de vue développé est bien plus celui des ingénieurs, et les « écoterroristes » sont finalement assez peu débattus, et parfois caricaturaux. Mais on comprend bien à travers les lignes, les combats politiques, les aberrations de la guerre, la beauté du monde qui pourrait exister, aussi bien naturel qu’artificiel. Les considérations philosophiques, qui auraient pu être un peu lourdes, ne sont données qu’en filigrane. Le mode choisi est celui de l’action et du voyage. Le voyage permet de survoler l’Europe, de l’observer, de comprendre le conflit. Les batailles, qu’elles impliquent des individus ou des bataillons, sont bien rodées et rythment l’ensemble du récit. Mais l’auteur n’oublie jamais de nous entraîner à sa suite dans un monde surprenant. Celui de plantes mortelles, de robots assassins. De ce qui est mignon, mais qui veut notre mort.

Jardin d’hiver est donc un roman palpitant, qui emprunte à d’autres œuvres tout en gardant une poésie propre, et très bien mis en valeur par une couverture réalisée par Aurélien Police. Un moment de légèreté, qui offre un peu d’originalité, et une note parfois steampunk dans sa description des villes.

Si vous aimez : « Take my love, take my land, take me where I can not stand. I don’t care, I am still free, you can’t take the sky from me. »

Deborah Gay

Daily Mars

Publié le 26 septembre 2016

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