Il y a vraiment plein de thématiques que j’aime en SF et d’autres à l’inverse qui me prennent un peu à rebrousse poil. Ainsi, si je suis fan de rencontres avec d’autres espèces, je ne suis pas plus friande que ça des post-apo. Or, les novellas de Premee Mohamed tapent en plein dedans, offrant un mélange singulier entre deux univers que je ne pensais pas voir se croiser et j’ai adoré !
Avec une plume simple qui a pourtant sa propre poésie, l’autrice indo-caribéenne, nous propose un récit très calme et posé, très nature, loin de celui souvent explosif ou sale et crade qu’on trouve dans nombre de post-apo qui ont pignon sur rue. Ici, c’est un récit plus intime, plus introspectif, à l’image de ce qui en fait l’originalité : le parasitisme.
L’autrice nous emmène ainsi au plus près de la relation entre Reid et sa mère, qui lui a transmis son parasitisme, une Reid qui souhaite désormais quitter la communauté un peu renfermée dans laquelle elles vivent pour découvrir le vaste monde en allant faire des études à l’université. Mais ce n’est pas du goût de sa mère.
Entre récit d’une vie difficile dans une ville en ruine du coeur du Canada et récit adolescent plein de tension entre une fille qui grandit et sa mère qui ne veut pas la lâcher, ce fut vraiment une lecture singulière, originale, dont la douceur âpre m’a plu. J’ai aussi bien aimé le récit un peu »survivaliste » où on part en quête de nourriture dans une nature rendue sauvage avec les moyens rudimentaires restants de la civilisation d’avant, que le récit plus personnel où on suit une grande adolescente qui souhaite s’émanciper et qui apprend ainsi à être un individu à part entière, mais également à considérer que ses parents le sont. Le ton de l’autrice est toujours très immersif, très pénétrant et juste à la fois. On sent une autrice pour qui la question de l’équilibre et de la nature compte.
Particularité du récit, j’ai adoré le volet »parasitisme » de l’histoire. Depuis Alien, c’est quelque chose qui me fascine et qui a pu être renforcé par des récits comme ceux de Parasite, FullMetal Alchemist ou de Xenogenesis. J’apprécie vraiment de le retrouver ici, même si l’autrice pourrait encore pousser le curseur plus loin sur la relation que l’hôte et le parasite entretiennent ou sur l’influence de ce dernier. Mais reste un volet philosophique sur sa présence, sa transmission, son rôle sur la pensée et les actes de l’hôte, une vision métaphorique également sur l’état entre l’adolescence et l’âge adulte avec toutes ses transformations, qui me fascinent et me tiennent en haleine.
Maintenant, j’attends de la suite de continuer à voir le parcours et le cheminement intérieur et personnel de Reid dans cet univers fascinant mais à peine dévoilé dont on va percer les nuages pour voir le vaste ciel, car nous n’en sommes qu’aux prémices !
Voici le genre de récit qui me réconcilie avec la vision que j’avais des post-apo. On peut aussi en écrire des calmes, des introspectifs, des intimes où la nature et la philosophie se mélangent à des préoccupations personnelles qui dépassent ce cadre. J’ai adoré ce que Premee a osé en faire dans ce récit très cryptique aussi sur le sortir de l’adolescence et toutes les tensions intimes et familiales, identitaires et personnelles, que cela occasionne fondu ici dans une énigme parasitaire fascinante et passionnante. Voilà la SF que j’aime !