Je ne regrette absolument pas d’avoir voulu lire ce titre pour découvrir Guy Gavriel Kay. Je pense même me pencher plus sérieusement sur cet auteur même s’il faut reconnaitre qu’il faut du temps pour digérer tout ce qu’il a à raconter et que ces autres titres qui m’intéressent se passent dans des univers moins proches et connus de moi : l’Empire Byzantin et la Chine, mais je suis prête à me lancer dans cette découverte.

Kay - Tigane - Les blablas de Tachan
Article Original

J’ai choisi pour recommencer à lire Guy Gavriel Kay : Tigane, son titre qui se passe dans un monde inspiré de l’Italie de la Renaissance et qui est réputé pour être son titre qui a le plus de magie parmi ceux parus chez l’Atalante, parce que je dois dire que je voulais le lire chez cet éditeur tant leurs éditions de belle facture m’attirent. De ce côté, aucune déception, la parution est de qualité avec un papier épais, une couverture mystérieuse qui colle bien au titre et une reliure solide et souple à la fois vu le nombre de pages et le format. La traduction est fluide et il y a reproduit les cartes nécessaires à la compréhension de l’histoire. Vraiment j’aime beaucoup leur travail.

Pour ce qui est de l’histoire maintenant, comme je le désirais j’ai beaucoup aimé. J’avais peur d’une certaine complexité qui m’aurait gênée, ce n’est pas du tout le cas. Grâce à la plume simple et dynamique de l’auteur – sans que ça lui enlève la poésie dont il sait faire preuve – la lecture est aisée. Les pages se tournent rapidement. Le rythme est rapide. L’auteur a un talent inné pour donner très envie de lire la suite sans pour autant faire appel à cet effet de manche qu’est le cliffhanger. Il sait faire rebondir son histoire dans des directions inattendues et surtout il a su créer un univers cohérent, riche et très réaliste malgré la présence de la magie.

En effet, Guy Gavriel Kay est un conteur né. Il a un talent rare pour développer des personnages terriblement simples et attachants dans un univers fort complexe lui. Nous suivons donc trois groupes de personnages dans une sorte d’Italie de la Renaissance morcelée en plusieurs royaumes dont une grande partie a été conquise par 2 grands et terribles mages, qui sont en fait des tyrans. [...]

Les tyrans auraient très bien pu ne pas être des mages, ça ne m’aurait pas gênée, la magie est secondaire ici, c’est juste une justification facile à leur puissance et main mise. En lisant cette histoire, je n’ai pu m’empêcher d’y trouver l’écho de la lente constitution de l’Italie qu’on connaît à présent avec l’unification des différents royaumes. On devine donc dans les grandes lignes ce qu’il va se passer mais c’est plus les chemins empruntés pour ce voyage qui comptent et là, l’aventure est au rendez-vous. Entre batailles, épisodes mystiques, découvertes intérieures, révélations personnelles et passé étouffant qui nous rattrape, on ne s’ennuie pas un instant. L’écrivain passe en plus d’un lieu et d’un point de vue à l’autre avec beaucoup d’aisance, ce qui dynamise encore notre lecture de ce titre.

Porté par une sensibilité douce-amère, ce roman est donc dans la lignée des titres tragiques et classiques à la Hugo ou à la Dumas. C’est pour lui le moyen de porter des thèmes emblématiques : la perte de liberté, l’occupation et donc la quête de liberté et le patriotisme. On sent d’emblée que le dénouement ne sera pas un happy-end mais qu’importe, l’auteur nous emporte tellement bien dans les déchirements des aspirations de ses personnages. Ici, c’est l’émotion qui prime avec l’attachement non seulement aux personnages mais aussi à leur cause.

Je ne regrette absolument pas d’avoir voulu lire ce titre pour découvrir Guy Gavriel Kay. Je pense même me pencher plus sérieusement sur cet auteur même s’il faut reconnaitre qu’il faut du temps pour digérer tout ce qu’il a à raconter et que ces autres titres qui m’intéressent se passent dans des univers moins proches et connus de moi : l’Empire Byzantin et la Chine, mais je suis prête à me lancer dans cette découverte.

Tigane, que le souvenir que j’ai de toi soit comme une épée dans mon âme.
- Tampopo24, le 31 août 2018. 
Publié le 12 octobre 2018

à propos de la même œuvre