Maddox, en orbite dans son vaisseau : vu son avance technologique, il ne fera qu'une bouchée de cette planète moyenâgeuse qui n'a jamais entendu parler d'armes modernes. Avec le régénérateur, ses soldats morts sont atomisés sur-le-champ pour fabriquer de nouveaux soldats prêts à l'emploi, tout comme les ennemis tués qui viennent également enrichir les rangs de cette armée immortelle. Bref, tout va pour le mieux dans son travail de destruction.
Il lui faut se réfréner un peu, pourtant. Sa cible Jahrod reste bien cachée, et avec lui le secret que Maddox est venu chercher par-delà l'espace et les millénaires, le code décrypté de sa licence de pilote. Mais qu'à cela ne tienne : en massacrant méthodiquement la population, Maddox compte bien que l'altruisme de Jahrod le poussera à se rendre pour sauver ce qui peut encore l'être. En attendant, il laisse le détail des combats aux soins de MC10, son ordinateur militaire, et se contente de savourer le spectacle.
Ce dernier tome de la saga Le sang des 7 Rois est placé sous le signe de la guerre et du désespoir. Dès les premiers affrontements, il semble évident que la population locale ne fera pas le poids face aux envahisseurs surpuissants : même les mages, avec leurs pouvoirs étonnants, peinent à contrer l'armée ennemie et ses guerriers indestructibles. Orville et Rosa, Odalrik et Braseline font ce qu'ils peuvent, mais il s'agit surtout de gagner du temps. L'étau se referme vite, et les survivants - de moins en moins nombreux - vont se réfugier dans la crête, dans la série de fortifications établie par Lothar au prix de nombreuses vies. Tous jettent leurs dernières forces dans la bataille et s'unissent devant l'ennemi prêt à détruire leur monde. Mais que peuvent des épées face à des bombes à anti-matière ?
Le personnage clé de ce tome, c'est bien entendu Jahrod. Bien qu'anticipant les événements depuis des siècles, il n'est pas prêt. Il bénéficie de l'aide d'Alone, clone d'une scientifique géniale, et de celle de Lisa, intelligence artificielle ayant accédé à la conscience, mais ce n'est pas suffisant. Le temps manque pour infiltrer le vaisseau de Maddox et s'en débarrasser... C'est à une course à laquelle nous assistons tout au long du roman, pour savoir si le miracle va avoir lieu ou si Maddox va parvenir à détruire toute trace de vie sur la planète. Le rythme est donc effréné, la tension dramatique dominant tous les événements. En passant quelques pages auprès de chaque personnage, on voit comment chacun lutte à sa façon, mais beaucoup vont tomber avant le dénouement.
Si ce cycle dans son ensemble a été parfois inégal, avec des moments nettement trop longs, la fin a su m'emporter malgré certains aspects prévisibles. J'avoue ne pas avoir entièrement capté les détails de l'intrigue concernant les fameuses licences de pilotes, mais à vrai dire, je compte bien relire toute la série un jour pour mieux la savourer, car maintenant que je sais où tout cela nous mène j'aurai certainement un œil très différent sur les premiers tomes. En attendant, j'ai vibré tout du long des aventures de nos personnages. Mon seul regret est un épilogue un peu bref, qui ne permet pas de bien faire le tour de tous les survivants pour comprendre ce qu'ils vont devenir.
Ma bibliothécaire a vu avec soulagement [Ne me prenez pas au premier degré, hein !] l'arrivée de ce dernier tome d'un cycle qui prend trop de place à son goût sur ses modestes étagères dédiées à l'imaginaire. Mais pour ma part, j'aime beaucoup l'écriture de Régis Goddyn et je ne dirai pas non pour d'autres ouvrages.