Cette pentalogie n'a pas fini de nous étonner, de créer l'envie et l'impatience d'enfin connaître l'épilogue en compagnie du dernier missionnaire. Que nous réserve cet incroyable écrivain ?

Les Chroniques de l'Imaginaire
C'est au tour de Klarel, devenue Sœur Onden, de se mettre en quête du premier maillon afin de transmettre ses implants et reconstituer la chaîne quinte. Dans cette perspective, elle doit embarquer à bord de l'Odysseus pour rejoindre le bras de Persous, lieu où l'attendra le prochain et ultime missionnaire, celui chargé de sauver le monde. Rien ne sera facile, cependant car bien des ennemis suivent le sillage de la Fraternité du Panca. C'est le cas d'Ossia de Siphre et de Qwor, tous deux membres de la terrible confrérie des Aswins, des assassins hautement qualifiés et particulièrement efficaces. Leur nouvelle cible est Onden, leur but sa destruction. Malheureusement, ils sont loin d'être les seuls car plus on approche de la réunion finale et plus la lutte devient âpre, virulente pour empêcher la fusion.
De son côté, Bent, jeune garçon de douze ans, sort tous les soirs de chez lui afin de pénétrer en douce dans le labyrinthe temporel dont l'accès est interdit et surveillé par des représentants du dieu Dilah. Il ne lui suffit pourtant pas d'éviter de se faire prendre par les gardes du labyrinthe lors de ses escapades nocturnes, il doit également se méfier des terribles orvers qui surgissent de terre pour engloutir les humains qui passent à porter de leurs mâchoires. Le jeune homme a atteint l'âge du Lust, c'est-à-dire le moment où un garçon a le droit de faire plus ample connaissance avec la gente féminine. Bent, cependant, est uniquement obsédé par le dédale ainsi que par une mystérieuse apparition, une femme à la beauté troublante mais dont la moitié du visage est mutilée. Cette altération la défigure irrémédiablement, lui conférant une tristesse infinie. Il sait néanmoins que son destin dépend de cette personne bien qu'il ne la connaisse pas et ne sache rien d'elle.
 
On retrouve avec une grande excitation les aventures de la Fraternité du Panca, cette saga passionnante qui met en scène différents personnages dont la mission est de sauver l'humanité en bravant dangers et autres voyages temporels parfois expérimentaux. Ce volume est primordial car il présente des informations capitales sur la Fraternité ainsi que sur les sâtnagas, ses ennemis chauves qui vont nus par les rues et dont le seul but est d'empêcher la formation de la chaîne quinte.
Bordage ancre, de fait, son roman dans une trame historique. Il recréé des origines, invente un passé, explique l'actualité et l'évolution par les événements climatiques et humains. Ainsi, il parvient à donner une profondeur, une réalité à son monde. Il lui offre une cohérence et tous ces détails mis bout à bout laisse entrevoir l'ampleur de l'entreprise de cet écrivain exceptionnel. On peut enfin se rendre de compte de la dimension de cet univers. Le bestiaire extraordinaire créé par Pierre Bordage contribue fortement à la vivacité du récit et à la tension narrative. Les mondes brossés par l'auteur sont tous peuplés de bestioles originales plus ou moins agressives dont l'importance est à la hauteur des personnages. Ils sont des acteurs à part entière de cette fiction.
Il faut bien reconnaître qu'il existe une sorte d'effet hypnotique, comme si on lisait inlassablement le même livre, la même histoire. Cet effet est généré par la similarité des aventures et du déroulement. On peut cependant noter un léger décalage, donnant l'impression que le récit a été déplacé d'un subtil cran afin de tout remettre à plat et de suffisamment renouveler l'émerveillement pour avoir envie de poursuivre la lecture et de s'accrocher au suspens généré par les tribulations de ces personnages émouvants et uniques. Cet exploit provient essentiellement des personnalités différentes des protagonistes. Klarel paraît particulièrement vulnérable et peu armée pour la vie qui l'attend. Elle cède au découragement à de multiples reprises, a du mal à se raccrocher à ce pilier essentiel qu'est la confiance aveugle. Elle s'interroge, doute, pense qu'elle n'est pas à la hauteur. Cela est aussi valable pour Bent, un adolescent empli de questions qui peine à suivre son intuition et qui comprendra que d'elle dépend son salut. Il en va de même pour Ossia, cette jeune fille rude, au caractère affirmé, devenue un assassin mais qui n'a pas perdu sa capacité à s'émouvoir, à ressentir et à réfléchir.
 
En bref, cette pentalogie n'a pas fini de nous étonner, de créer l'envie et l'impatience d'enfin connaître l'épilogue en compagnie du dernier missionnaire. Que nous réserve cet incroyable écrivain ?
 
 
Sig
Les Chroniques de l'Imaginaire
Publié le 26 septembre 2011

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