Pierre Bordage vient de mettre un point final, avec Frère Elthor à la superbe saga qu’il avait entamé avec Frère Ewen, Soeur Ynolde, Frère Kalkin et Soeur Onden (les 5 volumes chez L’Atalante), sous le titre collectif de La Fraternité du Panca. Il nous a entraîné ainsi à travers la galaxie dans une quête magnifique puisque c’est une quête de l’homme et de la foi en ses capacités de se dépasser face à l’adversité. Pour résumer brièvement le thème général, dans un futur où l’humanité a essaimé dans la Voie lactée et s’est fractionnée en une infinité de cultures souvent fondamentalement différentes dans leurs valeurs mais où les planètes se sont regroupées pour se protéger les unes des autres dans une sorte de fédération dont le Parlement universel se trouve à NeoTierra, une menace terrible s’approche sous la forme d’un gigantesque nuage noir dans le sillage duquel les étoiles se sont éteintes. Seule une organisation devenue mythique - existe-t-elle toujours ? -, la Fraternité du Panca décèle la menace et décide d’y faire face en créant une chaîne pancatvique (5 individus devant se trouver l’un après l’autre pour se transmettre leur force et leur mémoire grâce à un âmna, sorte de cristal, qui s’enchasse dans la nuque) qui seule pourra s’opposer au nuage destructeur. Chaque volume nous décrit le destin de l’individu, homme ou femme en alternance, choisi pour des raisons qui nous échappent pour former l’un des maillons : l’accomplissement de cette destinée ne se fait jamais sans difficultés, que ce soient les doutes de la personne elle-même sur la nécessité des sacrifices à réaliser ou la validité du choix lui-même ou que ce soient les attaques dirigés contre les maillons par des organisations diverses dont la plus puissante est la religion de Sât qui prône justement la destruction de l’univers, prédite dans ses livres sacrés. Pierre Bordage met en scène un univers technologique évolué mais où religions et superstitions non seulement résistent mais se développent parallèlement à la science. on retrouve dans ces romans les thèmes favoris de l’auteur : l’homme compte plus que la machine, la volonté humaine est le facteur décisif de toute action, la foi peut effectivement soulever des montagnes - ou, en l’espèce, brûler littéralement l’adversaire grâce au cakra, cet objet énigmatique que reçoit chaque maillon - mais elle peut aussi être un vecteur puissant de malfaisance - avec les sâtnagas, ces prêtres nihilistes nus, qui rejettent avec violence toute forme d’organisation sociale et prêchent l’avènement du néant -, la science se veut omnipotente et omnisciente mais se trompe avec arrogance le plus souvent - les extraits des encyclopédies d’Odom Dercher, sorte de Pic de la Mirandole galactique, mis en tête de chapitre sont, à dessein, hilarants de prétention et d’ignorance. En nous menant à travers planètes et cultures, nous faisant découvrir le foisonnement de la vie dans la galaxie, l’auteur nous donne l’occasion de découvrir la richesse de la diversité multiculturelle de cette Voie lactée où se côtoient des sociétés qui n’ont parfois que l’humanité de leurs habitants comme point commun et où existent aussi des espèces non humaines et non animales si éloignées de nous que le contact devrait être impossible : ce sera alors, autre message fort de Pierre Bordage, l’esprit qui transcende les barrières... Il prône une société équilibrée : alliance de la technologie et du mysticisme - c’est cette fusion heureuse qui permet à frère Elthor de remplir sa mission - mais aussi des sexes - après l’alternance homme-femme de la formation de la chaîne, il faudra un couple pour aboutir alors que les sâtnagas méprisent les femmes - : ce message est manifestement celui que l’auteur entend faire passer à notre propre société, message aussi résolument optimiste puisqu’il nécessite une société dans laquelle des journalistes et des politiciens sont capables de faire passer le bien commun avant leurs intérêts propres... En tout cas Pierre Bordage nous livre là une splendide aventure, un space opera chamanique (si j’ose dire) de toute beauté qui nous emporte aux confins de la galaxie et de l’esprit.   Jean-Luc Rivera ActuSf

Bordage - Frère Elthor - ActuSF
Pierre Bordage vient de mettre un point final, avec Frère Elthor à la superbe saga qu’il avait entamé avec Frère Ewen, Soeur Ynolde, Frère Kalkin et Soeur Onden (les 5 volumes chez L’Atalante), sous le titre collectif de La Fraternité du Panca. Il nous a entraîné ainsi à travers la galaxie dans une quête magnifique puisque c’est une quête de l’homme et de la foi en ses capacités de se dépasser face à l’adversité. Pour résumer brièvement le thème général, dans un futur où l’humanité a essaimé dans la Voie lactée et s’est fractionnée en une infinité de cultures souvent fondamentalement différentes dans leurs valeurs mais où les planètes se sont regroupées pour se protéger les unes des autres dans une sorte de fédération dont le Parlement universel se trouve à NeoTierra, une menace terrible s’approche sous la forme d’un gigantesque nuage noir dans le sillage duquel les étoiles se sont éteintes. Seule une organisation devenue mythique - existe-t-elle toujours ? -, la Fraternité du Panca décèle la menace et décide d’y faire face en créant une chaîne pancatvique (5 individus devant se trouver l’un après l’autre pour se transmettre leur force et leur mémoire grâce à un âmna, sorte de cristal, qui s’enchasse dans la nuque) qui seule pourra s’opposer au nuage destructeur. Chaque volume nous décrit le destin de l’individu, homme ou femme en alternance, choisi pour des raisons qui nous échappent pour former l’un des maillons : l’accomplissement de cette destinée ne se fait jamais sans difficultés, que ce soient les doutes de la personne elle-même sur la nécessité des sacrifices à réaliser ou la validité du choix lui-même ou que ce soient les attaques dirigés contre les maillons par des organisations diverses dont la plus puissante est la religion de Sât qui prône justement la destruction de l’univers, prédite dans ses livres sacrés.
Pierre Bordage met en scène un univers technologique évolué mais où religions et superstitions non seulement résistent mais se développent parallèlement à la science. on retrouve dans ces romans les thèmes favoris de l’auteur : l’homme compte plus que la machine, la volonté humaine est le facteur décisif de toute action, la foi peut effectivement soulever des montagnes - ou, en l’espèce, brûler littéralement l’adversaire grâce au cakra, cet objet énigmatique que reçoit chaque maillon - mais elle peut aussi être un vecteur puissant de malfaisance - avec les sâtnagas, ces prêtres nihilistes nus, qui rejettent avec violence toute forme d’organisation sociale et prêchent l’avènement du néant -, la science se veut omnipotente et omnisciente mais se trompe avec arrogance le plus souvent - les extraits des encyclopédies d’Odom Dercher, sorte de Pic de la Mirandole galactique, mis en tête de chapitre sont, à dessein, hilarants de prétention et d’ignorance. En nous menant à travers planètes et cultures, nous faisant découvrir le foisonnement de la vie dans la galaxie, l’auteur nous donne l’occasion de découvrir la richesse de la diversité multiculturelle de cette Voie lactée où se côtoient des sociétés qui n’ont parfois que l’humanité de leurs habitants comme point commun et où existent aussi des espèces non humaines et non animales si éloignées de nous que le contact devrait être impossible : ce sera alors, autre message fort de Pierre Bordage, l’esprit qui transcende les barrières... Il prône une société équilibrée : alliance de la technologie et du mysticisme - c’est cette fusion heureuse qui permet à frère Elthor de remplir sa mission - mais aussi des sexes - après l’alternance homme-femme de la formation de la chaîne, il faudra un couple pour aboutir alors que les sâtnagas méprisent les femmes - : ce message est manifestement celui que l’auteur entend faire passer à notre propre société, message aussi résolument optimiste puisqu’il nécessite une société dans laquelle des journalistes et des politiciens sont capables de faire passer le bien commun avant leurs intérêts propres...
En tout cas Pierre Bordage nous livre là une splendide aventure, un space opera chamanique (si j’ose dire) de toute beauté qui nous emporte aux confins de la galaxie et de l’esprit.
 
Jean-Luc Rivera
Publié le 9 mai 2012

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