Si l’hexagone ne manque pas de récits de
genres( science-fiction, fantastique, fantasy), en faire un mélange
relève plus que du simple défi. C’est donc par le biais des éditions
L’Atalante que nous découvrons ce premier tome de la série L’Inspecteur
Zhen (qui en compte six). Liz Williams écrit un polar dans un monde où
le surnaturel est reconnu. Ajouté à çà quelques pointes de
science-fiction et vous avez un mélange qui semble bien parti.
Si le début de l’intrigue n’est pas des plus originales, c’est son
développement qui va passionner le lecteur. On s’apercevra que l’enfer
n’est pas si différent du monde humain (vive l’administration), que les
déesses sont susceptibles et que les démons ont inventé biens des
technologies pour nous distraire (la télévision par exemple). Tout cet
univers où surnaturel, fantasy et science-fiction sont liés est présenté
par le personnage principal. A contrario des clichés de la littérature,
du héros récurrent évolutif, Zhen est un type normal, voire banal. Il
se demande souvent comment on reconnait qu’il travaille sur les affaires
surnaturelles. Si finalement, Zhen est un protagoniste "presque" fade,
traversant les épreuves comme un fonctionnaire qui en a vu d’autres, ce
sont les personnages l’entourant qui valent le détour. Son épouse,
Inari, démone enlevée à sa terre natale qui essaye de vivre dans un
monde qu’elle ne connaît pas ou le sénéchal Ju Yirj qui enquête à sa
manière sur l’affaire de Zhen. des personnages sympathiques, malgré ce
côté démoniaque et c’est sans doute ce que l’auteur a voulu écrire.
Ce livre dénote de la production actuelle, par son mélange des genres,
mais aussi par son traitement. Se passant à Singapour Trois, dans la
Chîne du 21ème siècle, elle offre un regard amusant et contrasté sur le
folklore asiatique, sans s’appuyer sur les clichés.
Un premier tome qui permet de découvrir un univers particulier. Si l’intrigue se met lentement en place, on est pris de sympathie pour les personnages et l’univers. Nul besoin de connaître le tao ou la culture chinoise. Un bon thé vous accompagnera largement.
Hervé Beilvaire - Temps de Livres