Eh bien voilà bien une lecture que je ne regretterai jamais...

Terry Pratchett : une vie avec notes de bas de page* - Le Catablog
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Si ça n’était pas évident, il s’agit de la biographie du grand auteur de fantasy, créateur du Disque-Monde et de la Longue Terre, rédigée par celui qui fut son assistant pendant vingt ans et sur la base des notes que l’auteur avait prises lui-même en vue d’une autobiographie.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre mais je me suis régalé.

Tout d’abord, et j’en fus le premier surpris, je ne m’attendais pas à autant d’éclats de rire. Ce livre fait rire, mais avec l’humour froid, sec et souvent grinçant typiquement pratchettien. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un concentré de bonne humeur, l’auteur étant lui-même connu pour avoir été assez acerbe, mais c’est avec un grand plaisir que j’ai retrouvé tout le piquant de Pratchett dans les anecdotes que nous raconte Rob Wilkins, lui-même sachant rendre son style à la perfection.
C’est qu’on n’aide sans doute pas un auteur comme Pratchett à écrire ses livres pendant vingt ans sans qu’il vous influence. On y découvre un garçon initialement destiné à une piètre scolarité qui, à la suite de déclics intellectuels quand on lui mit les bonnes lectures entre les mains, quitta le lycée avant d’avoir le bac et devint journaliste pendant des années puis travailla comme attaché de presse dans le nucléaire (c’est-à-dire qu’il avait de grandes facilités à rassurer quant à la sûreté de la filière, indépendamment de la réalité technique). Le démarrage comme auteur fut lent mais dès qu’il prit il ne s’arrêta plus.
On découvre un auteur exigeant avec lui-même comme avec les autres et qui abordait l’écriture comme un ouvrier aborderait son établi : pas de temps à perdre. On le découvre aussi assez colérique – les termes « pas toujours facile » pourraient très bien convenir – dont l’attitude pouvait même, parfois, quand il était agacé, faire un peu diva. On glane ici et là des petites informations croustillantes au sujet de la création des romans, des jeux de mots perdus à la traduction ou, plus souvent, des tuckerisations, c’est-à-dire l’insertion ou l’utilisation de personnes réelles dans le récit.
Ainsi, Rob Wilkins donna son nom au Feegle Rob Deschamps (et peut-être même à Villequin le majordome du commissaire Vimaire, bien qu’il le nie) et prêta son visage à une statuette de Shawn Ogg, le plus jeune fils de Nounou Ogg. Le livre se lit très bien et donne de nombreux aperçus de la manière dont Terry Pratchett travaillait, s’inspirait et percevait son travail et le monde d’une manière générale. Rob Wilkins se plaît également à évoquer les pistes scénaristiques que Pratchett avait jetées, ébauches de futurs romans, dont on regrette qu’il ne verront jamais le jour tant ils semblaient parfois prometteurs. Mais ce livre c’est aussi le témoignage poignant du combat contre Alzheimer que mena Pratchett et de la difficulté croissante qu’il eut à écrire ses dernières histoires. Si Rob Wilkins utilise le terme éprouvant, ce n’est pas à la légère. Au final, ce livre donnera probablement envie 1) de relire ses romans et 2) de dire merci à Terry Pratchett pour toute son œuvre (ce à quoi il répondait à ses lecteurs, que ce soit en convention ou en dédicace : merci pour votre argent !).

Publié le 6 septembre 2024

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