Difficile, pour une fois, de mieux présenter cet ouvrage que par le biais de sa quatrième de couverture, parfaitement ciselée. La vie de Terry Pratchett, son œuvre, son héritage, tout cela méritait bien en tout cas qu’on lui consacre plusieurs centaines de pages.
Et Rob Wilkins n’est pas n’importe qui pour s’acquitter de cette tâche. Lui-même grand amateur de ses écrits, assistant de l’auteur pendant 20 ans, il l’a accompagné au plus près pendant longtemps, alors même d’ailleurs que Pratchett travaillait en personne sur une autobiographie, dont on retrouve évidemment certains échos dans ces pages. Alors même aussi, que sa santé se dégradait.
C’est tout ce parcours que Wilkins nous invite à refaire, en partant bien sûr de la naissance de Terry Pratchett, de son enfance, déjà débordante d’anecdotes (rien que tout ce qui concerne ses parents, par exemple !). Nous avons là une longue carrière à brosser, le fils d’une vie, qui montre bien, pour ceux qui l’auraient oublié, que Pratchett n’était pas juste un “amuseur public” avec ses Annales du Disque-Monde. Non, Pratchett, journaliste un temps et déjà passionné d’histoires au sens large, était aussi (et surtout) un homme de convictions et de combat. Tout comme l’argent n’avait pas changé grand-chose dans sa vie de tous les jours, si ce n’est lui offrir davantage de possibilités, comme assouvir sa passion pour les étoiles ou créer une fondation pour l’aide à l’enfance.
Cette biographie permet en tout cas, quelques années après sa mort, de se souvenir à quel point l’univers du Disque-Monde était et demeure une saga populaire, en particulier en Angleterre, mais pas seulement. De l’autre côté de la Manche, Pratchett accumulait les places de numéro 1 des ventes, et pas seulement dans la catégorie Imaginaire. À contrario, il lui fallut bien davantage de temps pour percer aux États-Unis, pour diverses raisons éditoriales, ce que le livre rappelle aussi.
L’ouvrage propose également quelques photos et bien sûr, des notes de bas de page à foison. Comment aurait-il pu en être autrement avec un titre pareil, d’autant que l’auteur en raffolait ! Il fallait donc bien ça et même quand on doit bien admettre ne pas partager le même enthousiasme pour ce procédé, on les apprécie avec un petit sourire en coin. La profonde affection de Rob Wilkins pour son ami est par ailleurs évidente, le point d’ancrage de cet ouvrage. Et que ce soit dans des moments drôles - comme lors des évocations des divers projets d’adaptation de ses écrits jusqu’à une certaine tentative de coup de fil à Sam Raimi, comme dans les plus tristes, à l’image de la révélation de sa maladie.
Les ultimes dizaines de pages, toujours aussi riches en souvenirs, prennent à ce titre un tour poignant et une émotion sincère nous étreint. Soyons clairs, ce n’est pas un texte à lire pour glaner des conseils d’écriture. Il en est régulièrement question, mais cela ne représente pas l’essentiel, loin de là. De fait, si vous n’êtes pas déjà lectrice ou lecteur de Pratchett, ce n’est pas cet ouvrage que l’on vous conseillera en guise de porte d’entrée.
Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un fort bel hommage et de la preuve que l’aura de cet écrivain à nul autre pareil perdure et perdurera encore longtemps, à n’en pas douter.
Gillossen