Le 17 août 1893, dans les marais salants d’Aigues-Mortes, des ouvriers français, armés de fourches et de bâtons, persécutent des ouvriers italiens. Bilan de cette course-poursuite mortelle : neuf morts et une cinquantaine de blessés selon les autorités françaises. Pour l’historien Gérard Noiriel, ce fait illustre ce qu’il appelle les « non-lieux de mémoire de l’histoire républicaine ». Et c’est à partir des études de l’historien que le dramaturge Serge Valletti a écrit Sale Août, « comédie triste en quatre actes à la mémoire des ouvriers italiens massacrés à Aigues-Mortes en 1893 ».[...] Plutôt que d’épouser le point de vue des ouvriers, qu’ils soient français ou italiens, Valletti tente un renversement de situation en narrant cette sale affaire depuis l’intérieur de la propriété de monsieur Fournier, notable local. Un parti pris ambitieux que cet affrontement de classes qui n’aura pas lieu, vécu depuis la maison hautement protégée par des grilles que le bourgeois refusera d’ouvrir aux Italiens pourchassés. C’est depuis ce huis clos que nous parviendront les échos du massacre étouffés par la chaleur mortifère, qui travaille les consciences pour mieux les paralyser. Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Valletti - Sale Août - l'Humanité

Le 17 août 1893, dans les marais salants d’Aigues-Mortes, des ouvriers français, armés de fourches et de bâtons, persécutent des ouvriers italiens. Bilan de cette course-poursuite mortelle : neuf morts et une cinquantaine de blessés selon les autorités françaises. Pour l’historien Gérard Noiriel, ce fait illustre ce qu’il appelle les « non-lieux de mémoire de l’histoire républicaine ». Et c’est à partir des études de l’historien que le dramaturge Serge Valletti a écrit Sale Août, « comédie triste en quatre actes à la mémoire des ouvriers italiens massacrés à Aigues-Mortes en 1893 ».[...]

Plutôt que d’épouser le point de vue des ouvriers, qu’ils soient français ou italiens, Valletti tente un renversement de situation en narrant cette sale affaire depuis l’intérieur de la propriété de monsieur Fournier, notable local. Un parti pris ambitieux que cet affrontement de classes qui n’aura pas lieu, vécu depuis la maison hautement protégée par des grilles que le bourgeois refusera d’ouvrir aux Italiens pourchassés. C’est depuis ce huis clos que nous parviendront les échos du massacre étouffés par la chaleur mortifère, qui travaille les consciences pour mieux les paralyser. Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Publié le 13 janvier 2011

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