Aigues-morte, 17 août 1893. Lesuns disent que c’est à cause d’une histoire de baquet – un ouvrier italien dela Compagnie des salins aurait lavé sa chemise dans un baquet que les Françaisavaient mis de côté pour se désaltérer. D’autres affirment que tout est partides lazzis lancés par ces mêmes Italiens à l’encontre des Français... Toujoursest-il que ce jour-là, la population locale se livra un terrible massacre,attaquant au fusil, à la pelle, à la fourche et au bâton tout ce qui pouvaitressembler à un immigré « macaroni », « babi », « christo »... Huit y trouvèrent la mort. Plus d’une cinquantaine furent grièvementblessés. Seize assaillants français seront jugés ... et acquittés... L’affairefit grand bruit à l’époque, avant d’être oubliée. Il y a peu la cité nationalede l’immigration l ramenait à la lumière et commandait une pièce sur ce thème àSerge Valetti. Il en est né Sale Aoûtcréé dans la mise en scène de Patrick Pineau. Uneoeuvre étrange, troublante, parce que, contrairement à ce que d’un tel sujet onaurait pu attendre , sans fureur et sans cris. Ici, nul sang, nulle diatribe.Mais installé dans la propriété d’un notable recevant famille et amis, unesuite de conversations policées, ne laissant parvenir que des échos assourdisdu massacre qui se déchaîne au même moment, au dehors, de l’autre côté e lagrille soigneusement fermée. Sousle double effet subtil et délicat de la mise en scène et du jeu des comédiens àl’unisson (Gilles Arbona, Hervé Briaux, Laurent Manzoni, Célia Catalifo,Mathilde Jaillette, Sylvie Orcier... ) , l’atmosphère, même sans lesquelques fugitifs instants d’indignation, demeure d’une douceur quasitchékhovienne, nimbée d’une lumière irradiante que diffuse un voile de tulle(Sylvie Orcier signe aussi la scénographie).De quoi déconcerter. Jusqu’au moment où,en regard de la tragédie qui se déroule en arrière-fond, tant de banalité dansla vacuité, d’égoïsme, de mesquinerie, de contentement de soi, d’aveuglementvoulu pour mieux ne pas intervenir, pour mieux laisser faire...  le coeur se soulève, l’estomac se noue.Laissant le spectateur en proie aux lancinantes questions sans réponse, face àcette page d’une histoire honteuse : Comment ? Pourquoi ?

Serge Valetti - Sale août - La Croix

Aigues-morte, 17 août 1893. Lesuns disent que c’est à cause d’une histoire de baquet – un ouvrier italien dela Compagnie des salins aurait lavé sa chemise dans un baquet que les Françaisavaient mis de côté pour se désaltérer. D’autres affirment que tout est partides lazzis lancés par ces mêmes Italiens à l’encontre des Français... Toujoursest-il que ce jour-là, la population locale se livra un terrible massacre,attaquant au fusil, à la pelle, à la fourche et au bâton tout ce qui pouvaitressembler à un immigré « macaroni », « babi », « christo »... Huit y trouvèrent la mort. Plus d’une cinquantaine furent grièvementblessés. Seize assaillants français seront jugés ... et acquittés...

L’affairefit grand bruit à l’époque, avant d’être oubliée. Il y a peu la cité nationalede l’immigration l ramenait à la lumière et commandait une pièce sur ce thème àSerge Valetti. Il en est né Sale Aoûtcréé dans la mise en scène de Patrick Pineau.

Uneoeuvre étrange, troublante, parce que, contrairement à ce que d’un tel sujet onaurait pu attendre , sans fureur et sans cris. Ici, nul sang, nulle diatribe.Mais installé dans la propriété d’un notable recevant famille et amis, unesuite de conversations policées, ne laissant parvenir que des échos assourdisdu massacre qui se déchaîne au même moment, au dehors, de l’autre côté e lagrille soigneusement fermée.

Sousle double effet subtil et délicat de la mise en scène et du jeu des comédiens àl’unisson (Gilles Arbona, Hervé Briaux, Laurent Manzoni, Célia Catalifo,Mathilde Jaillette, Sylvie Orcier... ) , l’atmosphère, même sans lesquelques fugitifs instants d’indignation, demeure d’une douceur quasitchékhovienne, nimbée d’une lumière irradiante que diffuse un voile de tulle(Sylvie Orcier signe aussi la scénographie).

De quoi déconcerter. Jusqu’au moment où,en regard de la tragédie qui se déroule en arrière-fond, tant de banalité dansla vacuité, d’égoïsme, de mesquinerie, de contentement de soi, d’aveuglementvoulu pour mieux ne pas intervenir, pour mieux laisser faire...  le coeur se soulève, l’estomac se noue.Laissant le spectateur en proie aux lancinantes questions sans réponse, face àcette page d’une histoire honteuse : Comment ? Pourquoi ?

Publié le 14 janvier 2011

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