John Scalzi se lâche complètement, avec un roman délirant, extrêmement drôle, ce qui ne l'empêche pas de nous proposer, sous des dehors humoristiques, des réflexions sur la fortune et la puissance des ultra-riches, la politique internationale et l'équilibre stratégique, le management corporatif et ses failles.

Superméchant débutant - Jean-Luc Rivera
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Comme beaucoup, j'avais découvert John Scalzi - que je considère comme l'un des grands auteurs de SF de sa génération - avec sa trilogie du Vieil homme et la guerre, parmi la meilleure SF "militaire" que l'on puisse lire. Il a ensuite continué avec de nombreux romans, passant à un genre plus léger et humoristique, tout en restant fin et intelligent, dont le dernier était La Société protectrice des kaijus dont je vous avais déjà parlé.

Il poursuit chez son éditeur historique français, les
Éditions L'Atalante, avec Superméchant débutant qui traite, comme son titre l'indique, de comment devenir un superméchant. Et nous réalisons très vite, en suivant les efforts de Charlie, un brave garçon plutôt paumé suite à son divorce et à son boulot médiocre, que ce n'est pas évident. En effet, Charlie hérite du business de son oncle qu'il ne voyait plus depuis nombre d'années, à savoir une entreprise d'exploitation de parkings qui couvrait en fait son entreprise d'espionnage et de services "discrets" en tout genres, la plus grande et la meilleure dans son domaine. Il va donc devoir apprendre très vite, face à des concurrents qui entendent bien profiter de son ignorance et se venger des coups tordus de son oncle. Il va découvrir la gigantesque base secrète de son oncle - avec volcan et tout (Scalzi en profite pour apporter une réponse élégante à la question que nous nous sommes tous posés de savoir comment de telles bases peuvent être construites sans que personne ne s'en aperçoive...), la fortune colossale qui va avec et comment l'utiliser (éternel problème des liquidités) et d'un siège dans l'organisation mondiale des superméchants ! Heureusement il va bénéficier de l'aide du personnel de son oncle - mais peut-il leur faire confiance ? - et de celle de la responsable du service d'espionnage de son oncle (une des idées les plus drôles et en même temps des plus logiques qui soit, je vous laisse découvrir). Être un superméchant est un état d'esprit qui ne s'acquière pas facilement, Charlie va vite s'en apercevoir mais ne pas l'avoir peut éventuellement constituer un avantage puisque les autres ne vous croient pas et voient des pièges dans toutes vos erreurs.

John Scalzi se lâche complètement, avec un roman délirant ( les négociations avec les dauphins marxistes qui viennent de se syndiquer sont un morceau d'anthologie), extrêmement drôle, ce qui ne l'empêche pas de nous proposer, sous des dehors humoristiques, des réflexions sur la fortune et la puissance des ultra-riches, la politique internationale et l'équilibre stratégique, le management corporatif et ses failles (surtout oublier que l'on a à faire avec des personnes et non avec des pions).
Le roman sort demain en librairie, je ne peux que vous conseiller de vous précipiter pour l'acheter afin de passer un excellent week-end de grande lecture plaisir.
Publié le 11 avril 2024

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