29e tome de la célèbre série des Annales du Disque Monde, Le régiment monstrueux est le dernier né (en édition de poche) de la saga créée par l’auteur britannique Terry Pratchett. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce monument de la fantasy (mais, après tout, on ne peut pas tout connaître), disons que les Annales du Disque Monde se passent sur un monde (plat, soutenus par quatre éléphants posés sur une tortue géante) où la magie (foireuse et souvent dangereuse), les espèces les plus variées (du nain au vampire en passant par tout ce que vous pouvez imaginer), les dieux (même les plus petits) et l’imagination la plus débridée (avec un humour anglais formidable en prime) se livrent bataille pour notre plus grand plaisir.   Vous l’aurez compris, Terry Pratchett aime nous faire rire et multiplier les références. Néanmoins, son talent ne se limite pas à cela. En effet, ses histoires (toujours bien construites, dans un univers cohérent) sont intelligentes et nous offrent un voyage formidable auprès de personnages attachants.   Maintenant que j’ai bien passé la brosse à reluire, parlons un petit peu de ce régiment monstrueux. L’histoire est assez simple : nous sommes en Borogravie, un pays en guerre systématique avec tous ses voisins et sous la coupe d’un dieu (au minimum fou à lier) qui dicte des règles absurdes aux habitants. Le frère de Margot Barrette, soldat dans l’armée borograve, ne donne plus de signe de vie depuis des semaines. Craignant le pire, la jeune femme décide de rentrer dans l’armée afin de le retrouver, bravant ainsi tous les interdits. Déguisée en homme (situation détonante dans un pays où les femmes n’ont pas le droit de porter de pantalons), elle se retrouve dans un régiment où se mélangent pour la première fois un vampire, un troll et même un Igor. Une situation improbable ! Mais Margot n’est pas au bout de ses surprises.   Commençons par le début : le titre n’est pas très bon. La référence n’étant guère connue, il induit le lecteur en erreur. En effet, ce régiment n’a rien de bien monstrueux dans le sens où nous l’imaginons (étrange, je vous l’accorde, voire étonnant en de nombreux points). On se rend d’ailleurs rapidement compte que ce n’est pas la présence d’un vampire ou d’un troll qui importe vraiment dans l’histoire. L’idée est ailleurs. Et c’est là que l’auteur fait très fort.   Terry Pratchett nous dépeint formidablement bien un pays asphyxié, tant par les guerres incessantes que par une religion oppressive (et ridicule). On se rend très rapidement compte que ce régiment est le symbole du jusqu’au-boutisme d’un état à l’agonie. Situation terrible que l’auteur arrive tout de même à rendre plus supportable grâce à son humour, centré ici sur le travestissement (objet réel du récit). On sourit souvent, rit parfois, en suivant cet improbable régiment dans ses aventures rocambolesques. Quelques apparitions de membres éminents du Guet d’Ankh-Morpork viennent même nous rappeler de bons souvenirs.   Le personnage de Margot, s’il n’est peut-être pas le plus charismatique du roman, n’en est pas moins attachant. On suit avec plaisir la jeune femme, on admire sa volonté de fer, on découvre avec elle le monde (surprenant) qui l’entoure. Et tout cela se fait simplement, sans temps mort. D’autant que les autres personnages ne sont pas en reste !   En bref, Le régiment monstrueux est un très bon Terry Pratchett, malheureusement trop court. Et c’est bien le seul reproche qu’on puisse lui faire tant l’histoire est prenante.   Mention spéciale au traducteur, Patrick Couton, toujours aussi impeccable.   Sombres Nouvelles

Pratchett - Le régiment monstrueux - Sombres Nouvelles
29e tome de la célèbre série des Annales du Disque Monde, Le régiment monstrueux est le dernier né (en édition de poche) de la saga créée par l’auteur britannique Terry Pratchett. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce monument de la fantasy (mais, après tout, on ne peut pas tout connaître), disons que les Annales du Disque Monde se passent sur un monde (plat, soutenus par quatre éléphants posés sur une tortue géante) où la magie (foireuse et souvent dangereuse), les espèces les plus variées (du nain au vampire en passant par tout ce que vous pouvez imaginer), les dieux (même les plus petits) et l’imagination la plus débridée (avec un humour anglais formidable en prime) se livrent bataille pour notre plus grand plaisir.
 
Vous l’aurez compris, Terry Pratchett aime nous faire rire et multiplier les références. Néanmoins, son talent ne se limite pas à cela. En effet, ses histoires (toujours bien construites, dans un univers cohérent) sont intelligentes et nous offrent un voyage formidable auprès de personnages attachants.
 
Maintenant que j’ai bien passé la brosse à reluire, parlons un petit peu de ce régiment monstrueux. L’histoire est assez simple : nous sommes en Borogravie, un pays en guerre systématique avec tous ses voisins et sous la coupe d’un dieu (au minimum fou à lier) qui dicte des règles absurdes aux habitants. Le frère de Margot Barrette, soldat dans l’armée borograve, ne donne plus de signe de vie depuis des semaines. Craignant le pire, la jeune femme décide de rentrer dans l’armée afin de le retrouver, bravant ainsi tous les interdits. Déguisée en homme (situation détonante dans un pays où les femmes n’ont pas le droit de porter de pantalons), elle se retrouve dans un régiment où se mélangent pour la première fois un vampire, un troll et même un Igor. Une situation improbable ! Mais Margot n’est pas au bout de ses surprises.
 
Commençons par le début : le titre n’est pas très bon. La référence n’étant guère connue, il induit le lecteur en erreur. En effet, ce régiment n’a rien de bien monstrueux dans le sens où nous l’imaginons (étrange, je vous l’accorde, voire étonnant en de nombreux points). On se rend d’ailleurs rapidement compte que ce n’est pas la présence d’un vampire ou d’un troll qui importe vraiment dans l’histoire. L’idée est ailleurs. Et c’est là que l’auteur fait très fort.
 
Terry Pratchett nous dépeint formidablement bien un pays asphyxié, tant par les guerres incessantes que par une religion oppressive (et ridicule). On se rend très rapidement compte que ce régiment est le symbole du jusqu’au-boutisme d’un état à l’agonie. Situation terrible que l’auteur arrive tout de même à rendre plus supportable grâce à son humour, centré ici sur le travestissement (objet réel du récit). On sourit souvent, rit parfois, en suivant cet improbable régiment dans ses aventures rocambolesques. Quelques apparitions de membres éminents du Guet d’Ankh-Morpork viennent même nous rappeler de bons souvenirs.
 
Le personnage de Margot, s’il n’est peut-être pas le plus charismatique du roman, n’en est pas moins attachant. On suit avec plaisir la jeune femme, on admire sa volonté de fer, on découvre avec elle le monde (surprenant) qui l’entoure. Et tout cela se fait simplement, sans temps mort. D’autant que les autres personnages ne sont pas en reste !
 
En bref, Le régiment monstrueux est un très bon Terry Pratchett, malheureusement trop court. Et c’est bien le seul reproche qu’on puisse lui faire tant l’histoire est prenante.
 
Mention spéciale au traducteur, Patrick Couton, toujours aussi impeccable.
 
Publié le 14 mai 2012

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