Si j'avais surligné ou collé un post-it à chaque phrase de l'ouvrage qui m'a interpellée, fait rire ou noué la gorge, il ressemblerait maintenant à une sorte de piñata fluorescente.

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Terry Pratchett était un génie. Vous le saviez déjà et moi aussi.

Mais ça me fait un choc de le découvrir encore et encore, comme je le fais à chaque fois que j'ouvre un de ses romans. Sauf que là, ce n'est pas un roman. C'est sa propre œuvre, sa propre vie, sa propre mort vues par ses yeux à lui.

Le volume est divisé en quatre parties qui contiennent lettres, discours, conférences, préfaces, compte-rendus et tout ce qui peut apparemment passer sous la plume d'un auteur (sauf sa liste de courses, et encore). On en apprend beaucoup sur son parcours d'auteur comme son parcours de vie. Tout y passe. Son processus de création, sa routine d'auteur, sa routine tout court, la fantasy de son rôle à ses codes, l'inégalité entre les mages et les sorcières, les conventions, les lecteurs, l'éducation, la sécurité sociale, Noël et les robots, ses premiers pas de lecteur puis d'auteur, les petites librairies porno qui vendent de la SF aux gamins rêveurs, les lutins des centrales nucléaires, son travail de journaliste... Les directeurs d'école qui décident que vous n'arriverez à rien parce que vous êtes une chèvre et pas un mouton. Alzheimer. Le combat pour mourir comme on l'entend.

La colère dont parle Neil Gaiman en préface se lit entre les lignes, comme un véritable moteur à l'écriture, à la vie. Au désir de mourir dignement. C'est une colère mordante qui pousse en avant, une colère constructive, qui interroge, qui pointe du doigt ce qui ne va pas dans notre monde, qui colle des mots dessus, qui s'en moque. Qui nous montre à quel point tout ceci est encore plus fou, encore plus ridicule qu'un monde plat porté par quatre éléphants sur la carapace d'une tortue qui vogue dans l'univers.

J'ai pris bien plus de temps pour lire ces quelques 336 pages qu'il ne m'en faudrait d'ordinaire, non pas que le texte m'ait posé problème ou que je rechignais à me mettre à la lecture. Je ne pouvais simplement pas m'empêcher de lire et relire avec la même avidité paragraphe après paragraphe.

Pratchett est une usine à citation. Il donne envie, au moins trois fois par page, de se taper le front en s'exclamant « ce mec a tout compris ! », et cela va bien au-delà du simple mot d'esprit. Si j'avais surligné ou collé un post-it à chaque phrase de l'ouvrage qui m'a interpellée, fait rire ou noué la gorge, il ressemblerait maintenant à une sorte de piñata fluorescente.

Miney

 

 

Publié le 5 novembre 2019

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