Un univers consistant et d’une telle richesse qu’on a bien conscience de n’en avoir aperçu qu’une infime partie ; des protagonistes attachants et à la personnalité complexe ; des seconds rôles bien campés ; un bestiaire fourni ; des scènes épiques à souhait ; des références à diverses civilisations et à leurs mythes … Bref, un gros coup de cœur pour une série qui s’annonce TRÈS prometteuse.

Zémal - Le Bibliocosme
Article Original
Le dernier détenteur de l’épée de feu est mort. De retour entre les mains de ses impénétrables gardiens, l’arme forgée par le dieu forgeron doit à présent choisir un nouveau porteur. Partout les maîtres de l’épée se tiennent prêts : pas question de laisser passer cette chance de devenir le tahédoran le plus redouté et le plus puissant de Tramorée. Au final, ils seront sept à concourir pour l’épée, mais le chemin jusqu’à elle est semée d’embûches… Auteur espagnol réputé dans le domaine des littératures de l’imaginaire, Javier Negrete est bien connu pour son attrait pour la période antique et ses mythes qui lui inspireront notamment sa fameuse uchronie Alexandre le Grand et les aigles de Rome ou encore l’excellent Seigneurs de l’Olympe. Mais on lui doit aussi une grande série de fantasy dont Zémal, l’épée de feu est le premier tome. Un premier opus qui peut paraître au premier abord très classique mais qui se révèle extrêmement dense et ô combien accrocheur. Si les différents éléments de l’intrigue sont un peu longs à se mettre en place, le récit se fait franchement passionnant une fois que nos compagnons sont véritablement lancés dans cette quête qui les poussera à traverser une bonne partie de la Tramorée. Magicien, guerrier, artefact, civilisations disparues, créatures maléfiques dotées de sombres pouvoirs… : tous les éléments traditionnels de la fantasy sont là, seulement l’auteur parvient à s’affranchir des clichés habituels du genre pour nous proposer quelque chose de plus ambitieux.
L’univers, d’abord, est incroyablement fourni et travaillé. Negrete a opté pour une ambiance fortement imprégnée de certaines civilisations asiatiques, que ce soit au niveau des paysages ou des techniques de combat propres aux thahédorans, ainsi que de la période antique. On voyage beaucoup tout au long de ce premier tome qui nous permet d’appréhender la diversité des régions qui composent la Tramorée dont on arpente bien entendu les plus grandes et plus puissantes cités mais aussi les endroits les moins fréquentables : forêts tropicales, marécages, steppes sauvages, îles maudites… Le dépaysement est garanti, d’autant plus que l’auteur prend la peine de chaque fois agrémenter la description des lieux de détails concernant les légendes qui lui sont associées, la flore qui y pousse, les créatures étonnantes et souvent peu amicales qu’on y trouve… Javier Negrete remercie à la fin de l’ouvrage J. R. R. Tolkien et Peter Jackson pour leur travail, et on comprend sans mal pourquoi : on retrouve chez les trois la même capacité à complètement immerger le lecteur/spectateur dans leur monde et à donner à celui-ci suffisamment de corps pour le rendre cohérent. La force du roman tient aussi à ses personnages, l’auteur ayant travaillé avec un soin égal la psychologie de ses deux jeunes protagonistes et celles de personnages plus secondaires à l’image du fier guerrier Kratos ou encore du mage Linar. Le style est lui aussi parfaitement maîtrisé et, comme dans ses autres romans, c’est avant tout lors des passages vraiment épiques qu’il donne la pleine mesure de son talent.
 
Avec ce premier tome de Chronique de Tramorée, Javier Negrete signe un roman qui concentre tout ce qu’on attend d’un bon ouvrage de fantasy : un univers consistant et d’une telle richesse qu’on a bien conscience de n’en avoir aperçu qu’une infime partie ; des protagonistes attachants et à la personnalité complexe ; des seconds rôles bien campés ; un bestiaire fourni ; des scènes épiques à souhait ; des références à diverses civilisations et à leurs mythes … Bref, un gros coup de cœur pour une série qui s’annonce TRÈS prometteuse.
 
Boudicca
Publié le 15 février 2016

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