Depuis ses plus lointains souvenirs, Elodie sait qu’elle a combattu toute sa vie les mal-morts. Ces esprits des morts n’ayant pas trouvé le repos, errent sur terre et aspirent l’énergie et donc la vie d’Elodie. Malheureusement, des morts, il y en a à tous les carrefours et Elodie a bien du mal à résister à leur emprise. Ses parents, terrorisés par le comportement d’Elodie la croient folle. Sa psychothérapie ne semble pas fonctionner, ils emploient donc les grands moyens et conviennent d’un séjour dans un établissement psychiatrique contre son gré. La clinique étant gérée par une ramasseuse de fric, Elodie part en soins intensifs. Sans l’aide de Mathilde et de Sandra, elle aurait rendu l’âme. Malheureusement, de nouvelles épreuves arrivent bien trop vite…
On éprouve beaucoup d'empathie pour notre petite héroïne, Elodie.
Chétive, oisillon et très très mince, Elodie a de gros soucis dans la
vie : les morts. Non seulement ce n’est pas un passe-temps pour le moins
agréable mais là dessus, il faut aussi qu’elle se batte contre les
incompréhensions de ses propres parents. Et à cet âge-là, on a déjà bien
assez de mal à se concentrer sur soi et à essayer de s’assumer. Notre
héroïne nous touche par son combat, son envie toute simple de vivre.
L’identification à l’héroïne est assez aisée, on souffre pour elle. Cet
aspect est renforcé également par la présence des mal-morts : ces fantômes ne cessent de la séquestrer et sincèrement, ils représentent une des composantes principales de notre intérêt quant à l’histoire.
.
Cependant, au cours du récit, elle potentiellement le cliché ’un certain type de jeunes filles au moment où elle tombe sur une
affiche de concert de son groupe fétiche Orfan. Que ce soit dans la
description des papillons dans le ventre, de son projet de faire de la
musique ou même de rencontrer son idole – si facilement – diminue notre
contentement « littéraire ».
.
Dans la sphère d’Elodie, évoluent ses parents Charles et Nicole. Il leur est extrêmement difficile de la comprendre, surtout quand il faut appréhender le concept de morts voleurs de vie, et pas n’importe laquelle, celle de leur fille. Bien qu’ils ne veuillent que le bien de cette dernière, ils s’y prennent plutôt mal. L’autre pendant est représenté par Sandra, une policière tout fraichement sortie de son école qui retrouvera Elodie dans un piteux état allongée dans un caniveau. Mathilde est l’infirmière en chef et le bras droit de la psychologue et gestionnaire de la clinique des Tilleuls, femme façon « roc », elle n’en demeure pas moins avec tout plein de sensibilité dans le dedans.
L'atmosphère relativement sombre, un peu glauque où le désespoir règne est très bien rendue. L'utilisation du fantastique est judicieuse pour souligner le mal être de l’adolescente. Malgré cette bonne idée,
l’auteur s’éparpille et le manque d’intérêt au développement est assez
éloquent.
.
On notera quelques clichés comme les parents incompréhensifs, les adultes ultra gentils pour aider notre héroïne, et celui des institutions psychiatriques. Cependant, Jean-Marc Ligny ne berce pas ses plus jeunes lecteurs et va aborder quelques thématiques, toute en retenue : viol, anorexie, fugue, séjour à l’asile, suicide ; chose plutôt rare dans les livres adressés à cette cible.
Ce livre jeunesse réunit de très bons ingrédients. Les rebondissements et intrigue sont rigoureusement orchestrés, l'écriture est fluide et accessible.
Les premiers chapitres se focalisent sur les combats avec les mal-morts
: on est tenu en haleine ; le roman se dévore sur les deux premiers
tiers. Par la suite, le récit prend une autre orientation et cela sent
bon fleurette : quête de l’amour, l’estime de soi.
.
L'horreur côtoie la guimlauve et c’est sans doute cette partie pleine d’amour avec un réel message d’espoir qui ne convaincra pas assez les « adultes ». Le départ est tellement prometteur que nous avons l’impression d’autant plus vive que l’intrigue s’essouffle très vite. La fin onirique peut laisser perplexe mais elle a l’avantage de ne se pas se laisser deviner facilement.