Il aura fallu attendre les manifestations de juin 2009 pour que la société iranienne soit enfin prise en compte dans les analyses consacrées à l’Iran. Marie Ladier-Fouladi, démographe chargée de recherche au CNRS, le regrette et s’inscrit en faux contre une supposée symbiose entre la société iranienne et le régime islamique. Elle se propose donc de séparer l’analyse de la société de celle de l’État. Il s’agit de saisir la signification de la révolution de 1979. L’auteur mobilise ainsi ses compétences sociodémographiques selon le postulat : une mutation démographique témoigne d’une mutation sociétale. L’évolution de la fécondité révèle, selon l’auteur, que la tentative d’islamisation n’a pas fonctionné, les femmes s’étant pleinement investies comme actrices du changement sociopolitique. À leurs côtés, la jeunesse, éduquée et jouissant d’une reconnaissance que lui a procurée sa participation massive à la révolution, s’est retrouvée en mesure d’inverser les rapports d’autorité au sein de la famille et de s’affirmer en tant que catégorie sociale agissante. L’ouvrage démontre ainsi qu’en réalité, la révolution a été un « catalyseur » de la modernisation en donnant un rôle à la jeunesse et aux femmes. Après avoir cherché la conciliation avec le régime, celles-ci concluent finalement à l’impossibilité de le réformer, à la suite des violentes répressions de 1999. Un régime islamiste qui, nourri de l’élan révolutionnaire de la population, lui a ensuite imposé un autoritarisme niant ses aspirations.P.F.

Ladier-Fouladi – Iran, un monde de paradoxe – Moyen Orient

Il aura fallu attendre les manifestations de juin 2009 pour que la société iranienne soit enfin prise en compte dans les analyses consacrées à l’Iran. Marie Ladier-Fouladi, démographe chargée de recherche au CNRS, le regrette et s’inscrit en faux contre une supposée symbiose entre la société iranienne et le régime islamique. Elle se propose donc de séparer l’analyse de la société de celle de l’État.

Il s’agit de saisir la signification de la révolution de 1979. L’auteur mobilise ainsi ses compétences sociodémographiques selon le postulat : une mutation démographique témoigne d’une mutation sociétale. L’évolution de la fécondité révèle, selon l’auteur, que la tentative d’islamisation n’a pas fonctionné, les femmes s’étant pleinement investies comme actrices du changement sociopolitique.

À leurs côtés, la jeunesse, éduquée et jouissant d’une reconnaissance que lui a procurée sa participation massive à la révolution, s’est retrouvée en mesure d’inverser les rapports d’autorité au sein de la famille et de s’affirmer en tant que catégorie sociale agissante. L’ouvrage démontre ainsi qu’en réalité, la révolution a été un « catalyseur » de la modernisation en donnant un rôle à la jeunesse et aux femmes.

Après avoir cherché la conciliation avec le régime, celles-ci concluent finalement à l’impossibilité de le réformer, à la suite des violentes répressions de 1999. Un régime islamiste qui, nourri de l’élan révolutionnaire de la population, lui a ensuite imposé un autoritarisme niant ses aspirations.

P.F.

Publié le 24 août 2010

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