Hohlbein - Le Vampyre - D. Labbé
Le deuxième volume de "La Chronique des Immortels" entraîne le lecteur
dans un univers plus sombre encore que dans le premier volume, comme si
l'auteur assumait un crescendo vers l'horreur qui devrait trouver son
apogée dans le troisième volume. (...)
On
comprend rapidement le titre de ce deuxième tome qui plonge le lecteur
dans une intrigue qui se sert d'éléments historiques pour asseoir sa
légitimité. Le lecteur s'enfonce petit à petit, comme les héros, dans
un univers teinté de sang et de mort, qui est accentué par une
construction narrative bien maîtrisée, mais pour le moins déroutante.
Car des introspections du premier roman, on passe à un affrontement
entre deux personnalités hautes en couleur: Andrej et Vladimir. Tout
cela est accentué par la double présence de Frederic, sorte de Candide
qui sert de pendant au pirate turc Abou Doun qui en a vu d'autres. Ces
deux regards permettent à l'intrigue d'ouvrir sur un univers terrifiant
dont le lecteur devine des sous-entendus macabres.
Evidemment, à la lecture de ce roman, toutes sortes d'images liées au
mythe de Dracula et des vampires refont surface, nourrissant de leur
intertextualité les éléments apportés par le narrateur. Cela accentue
la richesse de ce cycle novateur qui n'a pas coupé ses racines, puisque
celles-ci plongent au cœur même du fantastique européen. Si "La
Chronique des Immortels" est présentée comme de la fantasy noire, on
peut surtout y découvrir une surnature influente, qui n'étonne pas les
personnages, mais qui peut déstabiliser et inquiéter le lecteur. Le Vampyre,
bien supérieur au premier volume qui servait d'incipit à cette
intrigue, enclenche une série de péripéties et de rebondissements qui
en font un récit poignant, passionnant et vraiment enrichissant.
Wolfgang Holbein y révèle tout son talent de conteur et de peintre de
la nature humaine. C'est en effet l'humanité qu'interroge l'auteur
derrière la présentation de ces "monstres", une humanité qui possède
une face lumineuse et une autre bien sombre.
Publié le 14 mai 2008