Duane Fitzgerald est un cyborg, le fruit d'un programme secret de l'armée américaine visant à créer de super-soldats, programme abandonné suite à de sérieux dysfonctionnements imprévus. Fitzgerald vit désormais reclus dans un petit village d'Irlande. Il n'aspire qu'à la tranquillité, entretenant tant bien que mal son corps meurtri au squelette de titane. Mais un homme semble avoir découvert son secret et souhaite le rencontrer. Le jour du rendez-vous, le mystérieux inconnu se fait assassiner dans sa chambre d'hôtel... Comme à son habitude, Andreas Eschbach nous offre ici un roman qui ne ressemble à aucun de ses précédents ouvrages, ni à aucun autre. Le thème laissait présager un roman d'action où le héros aurait tout loisir de massacrer ses adversaires grâce à sa force surhumaine, il n'en est rien. L'auteur s'amuse même à couper l'herbe sous le pied des critiques mal intentionnés qui pourraient lui reprocher de reprendre un cliché ressassé notamment dans la série L'homme qui valait trois milliards. Non, toute ressemblance avec un autre personnage est absolument fortuite, comme l'assure Fitzgerald : " L'œil artificiel de Steve Austin était le gauche ; chez moi, c'est le droit. " En effet, si Eschbach semble avoir pris un grand plaisir à nous décrire par le menu toutes les transformations physiques opérées chez son personnage, ce n'est pas pour nous conter une histoire de super-héros. Au contraire, le propos se fait très introspectif, s'intéressant davantage à la solitude de cet homme isolé du monde, dans l'impossibilité de nouer la moindre relation avec qui que ce soit. Les nombreuses citations empruntées à Sénèque ne font que renforcer la réflexion de son personnage sur la vie et le but de l'existence. C'est que Fitzgerald — et, partant, l'ensemble du roman — est fortement marqué par l'échec, l'impossibilité d'avancer, d'atteindre le moindre idéal. Né de parents désunis, il a du mal à trouver sa place dans sa famille, comme il aura du mal à s'imposer plus tard dans la société. Cet homme rate tout ce qu'il entreprend : vie familiale, sociale, sentimentale... Le programme militaire auquel il adhère dès son lancement est lui-même un lamentable échec (sans parler de ses motivations politiques plus que douteuses). Toutes ses tentatives de donner un sens à sa vie échouent les unes après les autres... Au final, ce très beau roman nous livre un constat pessimiste sur la place de l'homme dans ce monde, avec une recommandation sous-jacente : le but ultime, inéluctable, de l'existence étant la mort, à chacun de faire en sorte de vivre sa vie du mieux qu'il peut. Décidément, Andreas Eschbach n'en finira jamais de nous surprendre ! Mikael Cabon

Eschbach - Le dernier de son espèce - Mauvais genres
Duane Fitzgerald est un cyborg, le fruit d'un programme secret de l'armée américaine visant à créer de super-soldats, programme abandonné suite à de sérieux dysfonctionnements imprévus. Fitzgerald vit désormais reclus dans un petit village d'Irlande. Il n'aspire qu'à la tranquillité, entretenant tant bien que mal son corps meurtri au squelette de titane. Mais un homme semble avoir découvert son secret et souhaite le rencontrer. Le jour du rendez-vous, le mystérieux inconnu se fait assassiner dans sa chambre d'hôtel...

Comme à son habitude, Andreas Eschbach nous offre ici un roman qui ne ressemble à aucun de ses précédents ouvrages, ni à aucun autre. Le thème laissait présager un roman d'action où le héros aurait tout loisir de massacrer ses adversaires grâce à sa force surhumaine, il n'en est rien. L'auteur s'amuse même à couper l'herbe sous le pied des critiques mal intentionnés qui pourraient lui reprocher de reprendre un cliché ressassé notamment dans la série L'homme qui valait trois milliards. Non, toute ressemblance avec un autre personnage est absolument fortuite, comme l'assure Fitzgerald : " L'œil artificiel de Steve Austin était le gauche ; chez moi, c'est le droit. "

En effet, si Eschbach semble avoir pris un grand plaisir à nous décrire par le menu toutes les transformations physiques opérées chez son personnage, ce n'est pas pour nous conter une histoire de super-héros. Au contraire, le propos se fait très introspectif, s'intéressant davantage à la solitude de cet homme isolé du monde, dans l'impossibilité de nouer la moindre relation avec qui que ce soit. Les nombreuses citations empruntées à Sénèque ne font que renforcer la réflexion de son personnage sur la vie et le but de l'existence. C'est que Fitzgerald — et, partant, l'ensemble du roman — est fortement marqué par l'échec, l'impossibilité d'avancer, d'atteindre le moindre idéal. Né de parents désunis, il a du mal à trouver sa place dans sa famille, comme il aura du mal à s'imposer plus tard dans la société. Cet homme rate tout ce qu'il entreprend : vie familiale, sociale, sentimentale... Le programme militaire auquel il adhère dès son lancement est lui-même un lamentable échec (sans parler de ses motivations politiques plus que douteuses). Toutes ses tentatives de donner un sens à sa vie échouent les unes après les autres...

Au final, ce très beau roman nous livre un constat pessimiste sur la place de l'homme dans ce monde, avec une recommandation sous-jacente : le but ultime, inéluctable, de l'existence étant la mort, à chacun de faire en sorte de vivre sa vie du mieux qu'il peut.

Décidément, Andreas Eschbach n'en finira jamais de nous surprendre !

Mikael Cabon

Publié le 24 juin 2013

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