On finit le recueil trop rapidement, on a dès lors plus qu’une envie, y retourner ! Se reperdre dans les mondes de J-C.Dunyach.

Dunyach - Déchiffrer la trame - Le mont des rêves

Jean-Claude Dunyach est un écrivain des plus prolifique. Il semble qu’il ne se passe pas un jour sans qu’il écrive et pas une année sans qu’il ne nous sorte un nouveau crû. A la différence cependant que comparé au Beaujolais Nouveau et au Woody Allen annuel, les passionnés de SF sont rarement déçus. C’est dire si les écrits de Dunyach n’ont pas le goût de banane mais un ton délicat et subtil, fruité à la lecture qui révèle quelques notes d’onirisme mêlées à des touches d’humour bienvenues.

Et c’est donc sans surprise qu’on dévore Déchiffrer la trame, l’un de ses nombreux recueils de nouvelles chez L’Atalante. Le seul défaut que l’on pourrait imputer ici à ce recueil est qu’il est une fois de plus court, trop court. Car Dunyach excelle dans la nouvelle, genre à l’écriture « très ramassée », qui lui permet de filer « comme dans un sprint » (comme il le dit lui-même), droit au but. Net, concis et sans fioritures. On pense ici à La stratégie du requin, nouvelle finale, merveille de poésie technologique où le squale en question est un cyberhacker puissant ayant pratiquement abandonné depuis le temps qu’il avait une enveloppe corporelle. Ce que ne va pas manquer de le lui rappeler un intrus qui investit à ses risques et périls les bas fonds du net, avec en tête un chantage pour une mission beaucoup plus étonnante…

C’est aussi Déchiffrer la trame, brillante nouvelle inaugurale du recueil. Ici, il sera question de tapis ancien à déchiffrer dans l’enceinte la plus obscure d’un musée, le déchiffrement permettant d’avoir accès à l’ensemble de la vie d’une tisseuse du VIIIème siècle au Kurdistan. Dunyach nous fait remonter le temps façon archéologue-SF, mais c’est pour mieux nous surprendre une fois de plus.

Entre ces deux pôles, on oscillera entre humour délicat et volontiers absurde (La dynamique de la révolution qui narre un Napoléon parallèle n’ayant jamais été exilé à Sainte-Hélène, Nourriture pour dragons qu’on peut voir comme un galop d’essai pour ses récits récents, revisitant avec beaucoup de parodie digne de Terry Pratchett le monde des Trolls, M.D.I.K) et touches d’onirisme bienvenues, presque abstraites (Les pleureurs de mondes ou le très beau Le harponneur du phare, ce dernier récit étant placé sous l’influence probablement inconsciente de Ray Bradbury !).

On finit le recueil trop rapidement, on a dès lors plus qu’une envie, y retourner ! Se reperdre dans les mondes de J-C.Dunyach.

Tavernier, ressers-moi un peu d’imaginaire !

 - Nio Lynes 

Publié le 21 novembre 2017

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