Vrai page-tuner, j’ai été séduite, mon cerveau retourné, et je ne peux que vous en recommander la lecture.

Les jumeaux du paradoxe - Navigatrice de l'imaginaire
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L’histoire commence au mois de mai, dès que les éditions l’Atalante ont laissé glisser quelques informations concernant les titres de la rentrée littéraire. J’avais directement repéré Les jumeaux du paradoxe, qui m’intriguait d’abord par son titre, puis par son résumé.

Les jumeaux du paradoxe est un roman étrange, mais très très bon, même excellent sur sa forme. Je vous explique pourquoi ça m’a plu.

Les jumeaux du paradoxe

Le webmaster donc, a décidé de rassembler les mémoires de trois personnages : Albert « Alan » Langley, Max Langley et Milicent Blackford. En effet, ces trois personnages ont chacun relaté les évènements un peu étranges auxquels ils ont assisté suite à la mort de Paul Langley, père des jumeaux Albert et Max susmentionnés.

Le roman prend la forme d’un patchwork de documents protégés par le droit d’auteur, des écrits de chacun des trois protagonistes. Le narrateur ponctue son exposition de notes de bas de page relatant ses réflexions personnelles ou des références culturelles. Si les notes de bas de page peuvent souvent alourdir un texte, elles sont ici très bien utilisées pour ajouter de la profondeur ou des moments de légèreté. Notons aussi que l’œuvre est bourrée de références culturelles et pop.

En terme « d’intrigue », le roman prend comme point de départ le paradoxe des jumeaux pour reconstituer la fresque de la dysfonctionnelle famille Langley. À la suite du décès de leur père, les deux frères Langley vont se retrouver, et en triant les affaires de leur père, en découvrir un peu plus sur leurs origines.

En soi, je dois dire qu’il y a peu de SFFF au sens pur et dur de ce qu’on peut attendre, ce qui pourrait déplaire à une partie du lectorat, mais le roman devient excellent grâce à sa forme.

De la force de la forme

Comme je l’ai mentionné, la force du roman réside dans sa forme. Et pour cela, je ne peux que m’incliner face au talent de l’auteur. Joshua Chaplinsky a créé des personnages fictifs, relatant des mémoires fictives, écrivant des romans fictifs, et en a fait une sorte de métafiction fictive elle-aussi.

Le patchwork est composé d’extraits de mémoires, de roman (dans le roman), de scripts cinématographiques, de vérités, de mensonges. Il faut à mon sens faire preuve d’un esprit et d’une excellence pour faire cohabiter 3 histoires distinctes (malgré leurs similitudes), et les faire petit à petit se mélanger pour peindre le portrait d’une potentielle vérité.

J’apprécie qu’au terme de ma lecture, je sois toujours un peu confuse et que je n’aie pas de réponse claire et définitive. Au final, j’ai ma facette de l’histoire, et peut-être que vous en avez une autre, et je crois que c’est le but recherché par l’auteur.

Digression potentielle, mais je verrais très bien l’œuvre adaptée en minisérie. Un narrateur (le webmaster) fait face à une salle de théâtre vide, racontant l’histoire, tout en la mêlant avec les scènes « concrètes » d’une vérité. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire, mais pour moi c’est très clair.

En résumé : Joshua Chaplinsky nous livre un excellent texte, d’une finesse et d’une construction remarquables. Vrai page-tuner, j’ai été séduite, mon cerveau retourné, et je ne peux que vous en recommander la lecture.

Elwyn

Publié le 23 septembre 2022

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